Au mois de janvier 2014, lors d’une rencontre à Bamako, avec le Fonds monétaire international, les autorités du Mali s’étaient engagées devant le Fmi à améliorer la bonne gouvernance économique et aussi à prendre d’autres mesures allant dans le sens de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Raison pour laquelle le Fmi a raison de demander des explications lorsque des actes posés par le gouvernement ne présentent pas les garanties de conformité par rapport aux engagements.
C’est Mme BoiréFily Sissoko, ministre de l’Economie et des Finances qui a présenté devant le Comité technique ministériel avec le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) au mois de janvier dernier, le document intitulé «Eléments de politique économique et financière du gouvernement du Mali ». Il s’agissait de fairel’état de la situation macroéconomique nationale, de définir les perspectives et surtout de préciser les mesures à mettre en œuvre pour aller vers le redressement économique.
De ce document présenté en Powerpoint, il ressort que le Mali, en matière d’indice de développement humain, se classe au rang 182è rang sur 186 pays en 2012. Pour l’indice de perception de la corruption, le Mali se situe au 105ème rang sur 157 pays, en 2012. Quant au classement de Doing Business, il fait figurer le Mali au 155èrang sur 189 pays en 2013.
Des indicatus peu flatteurs et qui appellent des correctifs urgents et efficaces pour améliorer en même temps la situation économique et l’image du Mali. Raison pour laquelle, Mme FilyBoiré, dans son exposé, avait tenu à rassurer les partenaires que la croissance économique est déjà de retour, précisant ainsi qu’en2013,la croissance réelle du PIBdevaitreprendre pour atteindre 5,1 % contre unecroissance négative de 0,4% 2012. Et au bout de cette tendance, il estattendu en 2014 un taux de croissance de6,6%.
En 2014, l’objectif de solde budgétaire est de 0,6%. L’inflation baisse et devrait se situer à moins de 1%en 2013 le solde budgétaire est projeté à -0,3% contre -0,7%en 2012, en raison de la reprise de l’aide.
Cette repris een 2013, selon l’exposé, est imputable à la croissance attendue dans presque tous les secteurs de l’économie à la suite del ’amélioration de la situation sécuritaire et dela reprise de l’aide.
Justement cette aide, pour qu’elle parvienne au Mali exige des conditionnalités en matière de bonne gouvernance. C’est à ce sujet que devant les représentants du Fonds monétaire international (Fmi) le régime s’est engagé à apporter des réformes fiscales et budgétaires, ainsi que l’amélioration du système de contrôle.
En plus de cela, pour se faire bonne conscience devant les partenaires financiers, à intensifier la lutte contre la corruption et la délinquance financière, notamment par l’amélioration de la gestion des finances publiques accompagnée de la transparence dans cette gestion ; assurer la mise en œuvre des recommandations des rapportsde contrôle et d’audit du Bureau du Vérificateur général et des autres structures decontrôle de l’Administration ; reformer la Justice.
Plus intéressant, le gouvernement s’est engagé à procéder à un audit de la chaine de la dépense, à l’opérationnalisation des recommandations issues du rapport d’évaluation de l’exécution des dépenses militaires et réaliser des «progrès en matière de gouvernance économique».
C’est donc normal, au vu de ces engagements, que le Fmi demande des explications au vu du foisonnement de marchés de gré à gré de plus de 150 milliards de nos francs.
Notons que sur cette somme colossale ainsi engagée, 108 milliards FCFA concernent un seul marché de gré à gré donné à Sidi Mohamed Kagnassy à partir d’une convention signée entre lui et le ministre de la Défense et des anciens combattants, Soumeylou BoubèyeMaïga. Alors que déjà, comme précisé ci-haut, le gouvernement s’était engagé à «l’opérationnalisation des recommandations issues du rapport d’évaluation de l’exécution des dépenses militaires ». Ces dépenses militaires qui ont causé tant d’ennuis au Mali qui s’est retrouvé avec des milliards prétendument dépensés chaque année pour se retrouver avec une armée moribonde.
Le Fmi est donc bien dans une parfaite logique de collaboration. Il appartient à IBK et ses ouailles de respecter les engagements et les principes.
Ahmed Ben Nasser