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EXCLUSIF.VIDEO. Mali : le soldat français à la tête de mort tombe le masque
Publié le mercredi 11 juin 2014  |  Le Parisien


© Autre presse par DR
Göteborg (Suède), hier. Joachim Tybora a gardé son masque, qu’il range à côté des souvenirs de la légion.


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Le légionnaire qui avait déclenché une polémique, en janvier 2013, en arborant un foulard jugé indigne se confie pour la première fois à visage découvert.

Pour Joachim Tybora, c’était « juste un masque cool » acheté sur un site Internet américain de motards. En janvier 2013, en pleine opération militaire française contre les jihadistes au Nord du Mali, la photo du légionnaire, le visage en partie couvert d’une tête de mort, fait le tour du monde et déclenche la polémique.

Depuis des mois pourtant, son étrange foulard suscitait l’admiration de ses compagnons d’armes. Mais en se répandant sur les réseaux sociaux, le cliché suscite cette fois l’indignation : « honteux, inacceptable, indigne »... « C’est ironique, je suis photographe amateur ( NDLR : il collaborait régulièrement pour le journal de la légion), et c’est une photo qui a mis fin à ma carrière militaire », sourit aujourd’hui l’ancien légionnaire de 36 ans, dans l’appartement de Göteborg (Suède) où il nous reçoit.

Retour au Mali. Deux jours après la publication des photos, ce Suédois d’adoption, originaire de Pologne, reconnaît être le porteur du masque. Il comprend vite qu’il risque gros. « On m’a dit de rester concentré sur la mission en cours, mais qu’il y avait des pressions en haut des politiques. » Ce qui terrifie Joachim, c’est « le vol bleu », le rapatriement immédiat en France pour indiscipline. « Mes chefs m’ont dit que je faisais du bon travail. Ils m’ont expliqué que j’allais être puni pour calmer la pression médiatique. » Punition restée selon lui lettre morte. « Jamais un rapatriement n’a été évoqué, assure le colonel Bruno Louisfert, responsable de la communication de l’armée de terre. Nous ne pouvions pas tolérer le port de ce masque, mais ce n’était pas une faute gravissime. »

A son retour dans le sud de la France, en fin de mission, la situation se complique singulièrement. « Tu vas ramasser, ta carrière est foutue ! » entend le légionnaire dans sa caserne à Orange (Vaucluse). « Il a subi des pressions », affirme son avocate, M e Anne Grima. Joachim décide de résilier son contrat avec l’armée française. On lui refuse, alors il déserte. De cette période, il dit avoir très peu de souvenirs. Il se drogue, consomme beaucoup d’alcool et fait huit allers-retours à l’hôpital avec de fortes doses d’antidépresseurs à la clé. « Je suis devenu fou », explique-t-il, le visage strié des marques laissées par ses nombreuses chutes. « Je me suis senti seul et abandonné. » Il pense au suicide, mais la spirale infernale se termine dans un poste de police. « J’ai demandé ce que je faisais là aux agents. » La réponse tombe comme un couperet : il venait de tenter de braquer une pharmacie avec un kalachnikov démilitarisée... « Ça a été un choc, je ne me souvenais de rien, explique Joachim. Encore aujourd’hui, je ne m’en rappelle plus. »

Aujourd’hui, Joachim est conducteur d’engins. Il refait sa vie en Suède, dans l’ancien appartement de sa mère, en banlieue de Göteborg, et dit avoir retrouvé une certaine quiétude. L’ex-soldat a gardé son masque, rangé soigneusement à côté des souvenirs de la légion. Lorsqu’il sort, ému, ses médailles militaires, il laisse échapper un franc éclat de rire : « A côté de ces trois-là, il devrait y avoir celle du Mali ! » Il a retrouvé son humour mais reste un peu d’amertume : en avoir fini avec l’armée, c’est une véritable blessure pour ce trentenaire dont l’arrière-grand-père a combattu les Allemands en France en 14-18, et dont le grand-père a affronté les nazis en Pologne.

« Je suis fier d’avoir été un petit bout de la légion », souffle Joachim tout en rajoutant qu’« il faut garder le positif dans toutes les situations. C’est une belle photo même si elle est devenue très négative pour moi ». Le Suédois reconnaît son erreur mais pense toujours que la photo a été mal interprétée : « Ce n’était pas une menace. Je ne voulais pas montrer la supériorité d’une armée sur une autre. Derrière le masque, j’étais juste un petit soldat. »

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