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Notre problème au Mali : ce qui n’a pas été dit jusqu’a présent (Pédagogie de la méthode)
Publié le lundi 27 aout 2012  |  La Dépêche




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Le pays, sous ATT, partait à vau l’eau, nous l’avions dit et écrit en son temps, bien avant sa chute, et dénoncé la « gouvernance sans conscience ». Les dérives de ce régime, il n’est pas le seul, sont bien plus imputables à l’ignorance qu’à la tendance congénitale à la maldonne. Le putsch qui le renverse, tout haut fait qu’il soit, n’étant pas structuré, encore moins planifiée, devait connaître très rapidement ses limites. Et, c’est ce qui fut. Sans vouloir revenir aux détails, nous nous retrouvons, suite à l’ingérence communautaire CEDEAO, actionnée par la France (elle-même appuyée par les Etats-Unis), avec une épreuve de force et des tractations qui accouchent du fameux Accord–cadre. Ce document d’armistice va être une recette à sauver la mise de l’hypocrisie entretenue autour de la démocratie à « Raspoutine », invité à une lamentable démission par une lettre d’adieu pathétique, aux airs de palinodie. Espère-t-il faire oublier aux parents des jeunes militaires sacrifiés, la trahison du chef cynique qu’il était et qui les livra à la sauvage tuerie de ses amis rebelles ?
L’Accord-cadre, ce machin pipé, a surtout servi de peau de banane à déséquilibrer les nouveaux maîtres de Bamako, barricadés à Kati, en les arrachant à la logique élémentaire de doter le pays d’un acte fondamental « reconstituant ». Je m’en vais oser cette analyse de fond impérative, qu’il ne m’a pas été donné de faire tout ce temps, vu que nous avons été mis devant le fait accompli de cet arrangement équivoque, gardé dans le plus grand secret. A partir de là, notre souci a été de faire avec pour ne pas engendrer d’autres blocages, en attendant que l’on ne revienne à la raison souveraine du peuple, qui serait l’occasion d’une épuration vitale.
Cette cogitation s’impose, car nous devons bien prouver que nous avons la valeur intellectuelle de nos prétentions, un sursaut d’orgueil pour nos enfants, pour la postérité, et pour que ceux-là, qui croient avoir fait de la prestidigitation devant des Maliens grugés, sachent qu’ils sont dupes de leur propre jeu, car l’intelligence malienne n’est pas en cause.
Il y a lieu, tout d’abord, de remarquer qu’on aime à parler de « l’Accord-cadre », en escamotant le reste de l’intitulé qui, pourtant, est révélateur : « Accord-cadre de mise en œuvre de l’engagement solennel du 1er avril 2012 ». Qu’est-ce à dire ?
En effet, la CEDEAO n’ayant aucune compétence à gérer la vie institutionnelle d’un Etat membre ne pouvait autoriser le médiateur à disposer que sur des modalités d’application, de mise en œuvre, d’une décision nationale souveraine, qui serait l’engagement solennel. Mais, le document pèche par son caractère vague, qui, hormis l’indication de la date du 1er avril, évite de préciser qui a pris quel engagement. Il faut aller jusqu’à l’article 2 pour trouver la mention de « la déclaration solennelle du Président du CNRDRE ». Les fignoleurs de ce « pare-feu » acrobatique voulaient certainement contourner, dans le silence, le titre à donner au Capitaine Amadou Haya Sanogo, ne voulant pas laisser supposer une moindre reconnaissance, qui était pourtant de fait dans cet exercice, qu’ils ont voulu sciemment entaché de suffisamment d’irrégularités pour, à terme, pouvoir le dénoncer pour cause de nullité, si besoin. Mais, le hic c’est que cet engagement dit solennel, s’il est, n’a été que verbal, au micro. Y a-t-il eu un quelconque document écrit, officiel, je l’ignore, et en doute (adressé à qui ?), car pour être solennel, il doit être public et non en pli fermé, ou en acte anodin, introuvable. Tout le monde l’a compris, l’urgence était ailleurs.
L’Accord-cadre, s’il est indéniablement un accord, ses dispositions sont surtout des orientations, des indications de repère, un modèle, voire de simples recommandations, ayant une moindre force contraignante. Ce qui veut dire, que la CEDEAO a pris acte de la volonté des militaires de revenir dans le cadre constitutionnel, et a jugé bon de convenir avec eux tout simplement de la manière, du schéma à suivre, pour y arriver. Les Katois renoncent aussitôt à leur projet d’Acte fondamental, passé au mâche-papier, et vite oublié, pour rétablir la Constitution du 25 février, avec la signature de l’Accord-cadre, créant une situation ambigüe de normalité constitutionnelle parcellaire. Dès lors, s’installe l’imbroglio juridique, avec toutes sortes d’interprétations tendancieuses, comme on l’a vu.
La confusion est d’abord sémantique, et débute depuis le premier communiqué du CNRDR(E) qui disait que : « La Constitution est suspendue jusqu’à nouvel ordre ; l’Assemblée Nationale est dissoute jusqu’à nouvel ordre… » (sic). On comprend que l’on remette sur l’ouvrage une institution, ou une loi, suspendue ; mais, lorsqu’elle est dissoute, c’est pour de bon. Il n’y a pas, que je sache, de notion de dissolution temporaire, ou provisoire.
La pression extérieure (embargos plus ragots) ne devait pas faire renoncer à l’armement conséquent de l’Acte fondamental. Là commence le dérapage. Il fallait juste y insérer une clause de principe sur : la « Levée de suspension de la Constitution du 25 février 1992 » ; le « rétablissement de la Constitution du 25 février 1992 » ; ou encore : le « retour à la légalité constitutionnelle ». Cette solution intégrée avait l’avantage de ne pas laisser la Transition orpheline, noyée qu’elle va se retrouver dans le flou funambulesque des douteux « maçons » de la médiation CEDEAO. L’Acte fondamental balayait l’Etat décadent, et permettait d’avoir une idée claire et précise des organes de la Transition, de leurs compositions, pouvoirs, compétences et fonctionnement, mais aussi des modalités de la régulation admise par la loi constitutionnelle, exigée par les partenaires. Tout le monde l’a compris, l’urgence était ailleurs.
En faisant feu de tout bois pour se dédouaner, les tâcherons communautaires nous servent une forme hybride de normalité constitutionnelle râpée, une formule inédite de légalité « cohabitationnelle », avec des doublures institutionnelles. Pourtant, on aurait pu faire l’économie de cette pantalonnade de la médiation, si l’écoute était au rendez-vous, bien sûr. Tout le monde l’a compris, l’urgence était ailleurs.
C’est la pédagogie de la méthode qui nous a fait défaut. Prenons l’Accord-cadre en chapelet.
1°) Après avoir fait cas des circonstances exceptionnelles connues du pays, affecté, l’Accord-cadre constate la nécessité d’une « transition politique », dans l’impossibilité d’organiser des élections. Il stipule que « les parties signataires du présent accord conviennent de mettre en place des institutions de transition, ci-après, chargés de conduire le processus de transition jusqu’à l’élection présidentielle avec un fichier électoral dûment révisé et accepté de tous ». Les seuls organes de transition mentionnés à la suite sont le Premier ministre, chef du gouvernement, disposant des pleins pouvoirs, et le gouvernement d’union nationale. Aucune référence à un Président de la Transition, que les amis de l’ancien régime, en conclave, vont vouloir imposer avec des résolutions incongrues, arrogantes. On a vu la réponse du berger à la bergère.
2°) Après avoir, au point a, défini les missions du Premier ministre, qui attestent qu’il ne réfère à personne (preuve que faire passer le Président de la république par intérim comme Président de la Transition est un rajout d’imposture), mais travaille en fonction d’une feuille de route, indique, en son point d, que « les parties signataires en concertation avec toutes les parties prenantes arrêtent une feuille de route pour la transition comprenant… ».
Toute la zizanie qui va suivre découle de la mauvaise appréhension de cette disposition, et explique pourquoi la CEDEAO, prudente au début, mais voyant la grosse faille dans les interprétations de son fait, a cru bon de passer à l’étape de l’injonction (erreur grossière). Mais, c’est parce qu’elle a perçu une faiblesse, une légèreté déconcertante, dans la capacité d’analyse et de réponse de nombre des réactions enregistrées, que d’aucuns se sont permis. Tout le monde l’a compris, l’urgence était ailleurs.
Fort de l’Accord-cadre, le Capitaine Sanogo, avant même la désignation du Premier ministre, avance l’idée d’organisation d’une Convention Nationale (soutenue par une majorité des forces vives, qui vont même passé à l’action), pour se rétracter aussitôt après, face au refus retentissant du FDR de le suivre. Malins, ces messieurs argueront après coup « que ce n’est pas la manière ». Ainsi, délibérément, la Nation est mise en panne au gré de la politicaillerie, pour de simples problèmes de forme (han !?). Quelle responsabilité devant l’histoire. La diversion, grave dans ses effets, équivaut à une faute lourde, voire une forfaiture. Elle est la cause principale du calvaire, qui dure, des populations des zones occupées, du martyre prolongé de Tombouctou, Gao et Kidal, et de cette humiliation infligée à tous les patriotes. L’accusation est loin d’être gratuite. Tout le monde l’a compris, l’urgence était ailleurs.
La concertation avec les forces vives, désignées « parties prenantes », inscrite au rôle de l’Accord-cadre, instruite par le CNRDRE assisté du médiateur, était la bouée de sauvetage inespérée du pays. Nous aurions eu, bien avant la fin des 40 jours d’intérim, un consensus national s’imposant à nos amis et partenaires de bonne foi.
J’ai expliqué dans un article précédent comment toute solution qui ignore la volonté populaire est illégitime, car la Constitution n’est pas le fait du Législateur ou du Magistrat, mais une œuvre, un produit, du Peuple. Or, avec ou sans coup d’Etat, nous aurions l’impasse du vide constitutionnel relatif à l’absence de dispositions sur la non tenue de l’élection présidentielle dans les délais prescrits de l’intérim. Partant, c’est le Peuple malien qui recouvre automatiquement, naturelement, son droit à disposer autrement, au lieu de tenter des coups de force de « mandats impératifs » arrogés à des autorités supplétives.
L’assise nationale devait logiquement se tenir même avant la nomination du Premier ministre, qui devait trouver prête la feuille de route à suivre, et dont il n’est censé être ni l’auteur ni l’unique mandataire, puisque la feuille de route en question déterminait, en plus de la durée et du chronogramme de la transition, « les tâches opérationnelles à accomplir par les différents organes de transition pour une transition pacifique ».
La feuille de route (passé dans le langage vulgaire) ne saurait se confondre à une déclaration de politique générale ou un programme de gouvernement, qui sont des projets élaborés par un Premier ministre, et soumis à l’approbation du Parlement. La feuille de route (métaphorique) désigne ici le mandat donné par l’autorité habilitée au Chef du gouvernement, autrement dit son « contrat d’embauche » délivré par l’employeur.
Ceux qui ont déjoué la Convention Nationale, il faut le dire, se sont comportés en traîtres à la volonté populaire. Nous avons aisément pu tenir une Conférence Nationale, en 1991, dans une situation beaucoup plus délicate que celle-là. Soyons sérieux. Où est la difficulté de convoquer les représentants et délégués de l’État, de toutes les couches sociales, de toutes les catégories professionnelles, de toutes les communautés nationales, pour décider, pas de tout et de rien (nous concevons des agitateurs, et non des agités), mais sur un ordre du jour convenu, et des compétences définis, non sans limite.
En vérité, c’est le défaut de courage politique (moral aussi) qui nous a valu d’en être là : manque de courage pour certains, mais aussi manque de clairvoyance pour d’autres. Je ne me déroberai pas à dire cette vérité à ce sujet. Prenons donc les institutions, une à une.
Le Président de la république par intérim : Son investiture est des plus normales en référence à la Constitution en vigueur. Mais, sachant que les 40 jours de mandat sont inexorablement compromis, il aurait dû utiliser sa charge pour une communication politique, qui n’est jamais venue, par manque d’inspiration, à l’opposé de son discours d’investiture. Sinon, même à la fin des 40 jours, il est clair qu’il demeure toujours le Président de l’intérim, et non intérimaire (abus de langage), et, ce, jusqu’à nouvel ordre, du moment qu’aucune disposition n’indique explicitement qu’il doit retourner à l’Assemblée Nationale lorsqu’un Président n’a pu être élu pour reprendre le fauteuil et le témoin. Le droit ne se fait pas avec de l’implicite ni du supposé, et le Président n’est pas un élève au tableau. Pour autant, ce statu quo ne saurait, non plus, être sournoisement entretenu, au risque de s’avérer une véritable forfaiture, passible de plainte pour haute trahison. Le nouvel ordre qui pourrait et devrait mettre fin à l’intérim du Président Dioncounda est, justement, la consultation du peuple par voie de délégation à une assise représentative. Or, notre ci-devant Président de la république par intérim ne semble aucunement disposer, encore moins presser, à agréer cette concertation majoritairement demandée par les forces vives. S’il n’y consent, ce serait une faute historique, rien de moins. Dioncounda, aujourd’hui, est légalement à sa place ; mais, il a raté le coche, en ignorant qu’à la fin des 40 jours, au lieu du holdup communautaire qui l’a desservi, il aurait du tenir un discours aux Maliens, nous expliquant que la mission de l’intérim arrive à terme bredouille, n’ayant pu gagner le pari impossible de l’élection d’un nouveau Président de la république, compte tenu des circonstances, et qu’en conséquence il se met à l’écoute de son peuple, entendant convoquer une assise nationale pour décider des mesures urgentes pour la république et la Nation. Voilà !
La CEDEAO, de son côté, n’avait pas à se leurrer avec des résolutions irrecevables, non conformes à ses missions ; du bluff inutile et risqué, créant précédent. Nul n’est dupe, et chacun sait à quoi s’en tenir.
Mais, il y a lieu de se demander qu’est-ce qui pousse tous ces gens à préférer les combines ? N’y a-t-il pas un manque de courage manifeste à affronter l’expression de la volonté populaire ? Le Professeur Président, est-il si moins sûr de lui, pour croire que son plébiscite est impossible par l’assemblée du peuple réuni, si les Maliens avaient à choisir un Président de la Transition ? Je suis sidéré. Pourquoi était-il donc candidat aux élections présidentielles d’Avril, s’il doute tant soit peu n’être pas assez populaire ? Serait-ce un aveu d’impopularité ou de culpabilité ? Après les excès dont il a été victime, et son pardon stoïque, l’heure est pourtant à la clémence et la réconciliation. Et, c’est en substance, le message du peuple rassemblé au meeting du Haut Conseil Islamique du dimanche dernier. Alors, mettons les formes à présent, et sauvons les meubles.
Le Premier ministre : Il faut se détromper, il n’est pas le même que celui qui figure dans la Constitution. Non. Il dispose des pleins pouvoirs, et cela va de soi, car il n’est pas assujetti dans sa gestion aux procédures parlementaires classiques, du moment que, d’autorité, il a un quitus de confiance, avec la latitude de prendre des mesures d’exception d’ordre législatif. Il ne tient son mandat ni du Président en intérim ni du Parlement, et aucune de ces institutions « repêchées » ne peut prétendre le démettre. La Constitution est claire là-dessus : le Président de la république par intérim n’a pas le pouvoir de nommer ou de démettre un Premier ministre ordinaire, a fortiori un « extra », non issu du moule, exclusivement choisi par les signataires de l’Accord-cadre. Le décret de nomination du Dr Cheick Modibo Diarra comme Premier ministre, pris par le Président de la république par intérim, est à n’en pas douter une pure formalité administrative de régularisation, car contrairement à des raisonnements spécieux dans la presse, le Chef du gouvernement actuel est bien le Premier ministre de la transition. C’est donc de la spéculation sans objet, à laquelle se sont prêtés quelques plaisantins à l’international, pour renchérir le défoulement de certains médias de service, que de faire croire qu’à son arrivée « Dioncounda a repris les choses en main », « marginalisé le Premier ministre », ou encore qu’il « l’a mis à sa place », et va s’en débarrasser, aussi « attendrait sa démission », et autres bobards. Il est clair que, jusqu’à nouvel ordre, le Dr Cheick Modibo Diarra reste le Premier ministre de la transition. Ce nouvel ordre, une fois de plus, c’est le choix du peuple consulté, comme argumenté plus haut, car l’échafaudage de l’Accord-cadre ne saurait prévaloir sur la sentence du souverain, le peuple malien, libre de dire rebelote. Est-ce la raison pour laquelle le PM, à son tour, tend à esquiver la convocation de l’assise nationale, qu’il a pouvoir de convoquer pourtant sans référer au Président, sinon que par courtoisie ? La bévue originelle, c’est que quelques jours après sa prise de fonction, le Président du CNRDRE lui aurait demandé de convoquer la Convention Nationale. Le petit jeu des trublions du « Front dit du refus » a été de faire dire une première fois à Dioncounda, à Abidjan, que « la Convention Nationale n’est pas dans l’Accord-cadre », dénotant d’un manichéisme sémantique, sans doute. Ce qui donnait une lecture à la fois sélective et fautive de ce guide de l’action, qui a bien engagé à « une concertation avec toutes les parties prenantes » pour déterminer le cap et mettre les balises de la transition. L’argument, semble-t-il, avait été repris par le Chef du gouvernement, récalcitrant ( ?). Que le PM aille se distraire dans l’élaboration d’une autre feuille de route avec chronogramme, ce qui n’est nullement de son ressort (pour qui a bien lu l’Accord-cadre), et qu’il s’obstine (on en a l’impression) à évacuer l’appel à la tenue d’une assise nationale risquent d’entacher le crédit de sa navigation dans le lit de la transition. Faut-il croire que de son côté aussi l’on soit frileux, dans la crainte d’un renversement défavorable ? Ce que je peux lui dire, je ne sais pas si cela peut le rassurer, c’est que tout dépend du contenu des termes de référence. Dans l’incertitude, il serait plus politique d’accepter tout au moins de mettre en place une commission préparatoire ou de réflexion, et de se hâter lentement, traîner sur l’élaboration des charges pour se donner du temps, de la marge, et calculer, jusqu’à parvenir à un format jugé convenable, sécurisant, plutôt que de donner l’air de se débiner en toute mauvaise foi, tombant inéluctablement dans la faute politique. Allons !
L’Assemblée Nationale : Si le rétablissement de la Constitution signait la validation subséquente des institutions, cela ne supposait pas forcément la reconduite des mandats de leurs anciens membres. Que non ! Il aurait mieux valu s’en tenir à leur dissolution, car leur rappel à l’activité se ramenait, en toute logique, à faire du ATT sans ATT, engendrant un dualisme normatif qui est à la base des querelles de clochers qui nous ont fait perdre énormément de temps face à la priorité du Nord. Mais, apparemment, les jeunes militaires se sont laissés convaincre par les « professeurs » de la médiation qu’il fallait obligatoirement garder le Parlement pour faire voter des lois, réussissant à inclure par ce truchement dans l’Accord-cadre l’idée saugrenue de la prorogation du mandat des députés par leur propre vote (le comble ! du jamais vu), un mandat impératif (quel outrage !), en pure escroquerie institutionnelle, donc une forfaiture. Tant et si bien, qu’il aurait été bienséant que les députés, eux-mêmes, dénoncent cette disposition, par respect pour leurs mandants et pour le peuple malien, en se tenant prêts à rendre le tablier à l’expiration de leurs mandats. Mais, c’est peut être trop demander et attendre d’un collège où l’alimentaire prime, pour bon nombre d’entre eux, sur la cause des électeurs, à la débrouille. Il n’a pas été compris (jusqu’à présent ?) que nous avions intérêt à mettre en place, au-delà du gouvernement, de vrais organes de transition, en évitant le doublon, à vouloir faire du neuf avec l’ancien. Malheureusement, il ne nous a pas été possible de nous faire entendre, ayant rappliqué au chevet des nouveaux décideurs, pour éviter que ne se cumulent des erreurs fatales pour la suite des évènements. L’Accord-cadre s’est concocté en catimini, avec des expertises qui nous valent autant de peines, depuis. Ce qui a été dit, ici, de l’Assemblée Nationale est valable tout autant pour les autres institutions du régime déchu. Il y a manifestement, incompatibilité entre elles et le changement à l’ordre du jour.
Sauf à se prendre pour je ne sais qui, nous ne pouvons pas continuer davantage sans en référer au peuple souverain du Mali. L’assise exigée par la raison et le simple bon sens peut décider de l’institution d’un Conseil National de Transition, ou Conseil Législatif Provisoire, qui ne sera pas que consultatif, comme le propose, et le veut, le Président Traoré. Il faut en finir avec cette dualité normative, et permettre au nouvel organe législatif transitoire à installer, de légiférer, tout comme l’a fait le CTSP en 1991-92, à qui nous devons la Constitution du 25 février 1992.
Sur un tout autre plan, je m’abstiens ici d’un développement sur les propositions de nouveaux organes par le Président de l’intérim. En faisant juste remarquer la confusion florissante dans le vocabulaire du moment, et qui a pu amener le Professeur à parler de Commission Nationale de Négociation. C’est la France qui est venu avec ce terme de négociation (le ministre Juppé), qui, depuis, est utilisé à tort et à travers, or c’est dangereux à des moments pareils de prendre les mots à la légère. Nous, au Mali, nous avons à dialoguer, et le comprenons, mais pas à négocier. Ce n’est pas la même chose. Négocier suppose des parties qui se reconnaissent légitimement, discutent et cherchent un accord en partage de titre, de droit. Avec qui devons nous négocier, et quoi négocier ? Il est absurde que nous consentions à négocier le partage, la partition, le titre de souveraineté de notre territoire. L’indivisibilité du Mali est non négociable. Il en est de même pour la laïcité de l’Etat. Nous avons à dialoguer avec les enfants du Mali qui veulent être entendu dans leur pays, même sila manière est condamnable. Nous sommes disposés à dialoguer avec les nôtres, pour nous comprendre, nous entendre, nous retrouver au sein de la république malienne, sociale et laïque. Et, cela, a priori, semble illusoire avec ceux dont la rage sans vaccin les a poussés aux graves crimes de guerre, et crimes contre l’humanité.
La dernière trouvaille des auteurs de l’abominable complot international islamiste contre notre pays, soutenus par les puissances occidentales, après le passage de l’obscur ministre bukinabé, Djibrill Bassolé, à Kidal et Gao, c’est de nous dire qu’ils veulent appliquer la charia à Kidal seulement. Qu’est-ce qu’ils foutent donc à Tombouctou et Gao ? Qui les a appelés, ou dirigés vers là-bas ? Pensent-ils une seconde qu’un seul Malien digne du nom va écouter leurs âneries de possédés du démon ? Kidal n’est-il pas le Mali, est-il leur propriété exclusive ? Pourquoi seulement à Kidal ? Est-ce un marchandage ? Combien de fois les Kidalois ont opposé à leurs offres une fin de non recevoir ? La ville s’est même vidée par désapprobation de ces macaques sataniques de la « sunna ».
Les comploteurs cherchent à nous piéger autrement, en présentant le MNLA sous un jour sympathique, et en faisant un distinguo entre des islamistes fréquentables, leurs poulains, et des infréquentables, mercenaires supposés être ceux d’AQMI. Et, curieusement, depuis le passage de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères français, au Tchad, au Niger, au Burkina, nous allons avoir plein de pays candidats à nous envoyer des soldats, à nous aider à bouter les islamistes dehors, même si les mêmes avaient déclaré plus tôt le contraire.
A présent, ils ont à nouveau envahi Bamako de mercenaires, prêts à déclencher la guerre civile et communautaire, en créant sans doute des troubles à travers des agressions programmées et des assassinats, ou toutes autres séditions, pour nous faire admettre que nous ne sommes pas en sécurité tant qu’ils ne viendront pas nous protéger, même contre nous-mêmes. Une occasion trouvée de faire un pied de nez au Premier ministre et au Président de la république par intérim, eux qui disent faire confiance en nos forces nationales. Il est vrai, que notre point faible est la corruption.
Mon message aux Maliens et aux Maliennes, plus que jamais, soyez vigilants et dénoncez aux forces de l’ordre toute personne, tout groupe d’individus, étrangers ou non, avec des pratiques distinctes, curieuses, qui ont l’air louche, des habitudes anormales, des mouvements suspects, des fréquentations bizarres, des gîtes isolés, un goût du secret, etc. Dites le autour de vous, faites passer le message. Il y va de notre sécurité collective. Ne soyons surtout pas négligents ni imprudents, et ne soyez pas dupes, car vous vous ferez avoir, en jouant au plus malin. Sachez vous méfiez même des anges. Certains sont des monstres capables du pire, lorsque vous leur faites confiance. Ne vous laissez pas corrompre par l’argent, la femme, les cadeaux, l’innocence apparente, ils pourront bien causer votre désarroi, ou mort, un jour. Dites vous que nous sommes en guerre contre un ennemi invisible, non identifié, dangereux et surtout plus fort. Alors, sachez bien observer autour de vous, et informer qui de droit de vos constats et soupçons.

Mohamed Salikènè
Président du Parti SOLIDARITE
Président du Front de Solidarité Patriotique

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