On peut, d’un coté, créer un département chargé des Affaires religieuses et du Culte, et de l’autre coté, respecter la laïcité de l’Etat. Pour ne pas le démentir ou pas, nous avons des voisins dans la sous-région. Voilà ce qu’on pourra répondre du côté du pouvoir, une chose dont vous et nous considérions que ne pas le faire serait preuve d’une légèreté de plus.
La publication de la liste du nouveau gouvernement d’union nationale n’a pas fini d’épuiser les commentaires qu’une autre polémique pointe déjà. Derniers bruits de bottes de la coalition FDR devant les portes de la Primature ? Ou pour tout dire, derniers ressentiments ressassés contre le Premier ministre Cheick Modibo Diarra ? Un autre commentaire que nous aurons à faire et qui voit une « main baladeuse» derrière les faisabilités opérationnelles de ce gouvernement. On croyait le ban fermé. Eh bien non, on nous annonce l’arrivée du 32è ministre délégué du nom de Bocar Moussa Diarra. La trouvaille du gouvernement Cheick Modibo Diarra qui nous intéresse ici est dans la création de ce ministère chargé des Affaires religieuses eb du Culte. Il s’est passé quelque chose dont il nous faut prendre toute la mesure, tant il s’agit d’une violente intrusion dans notre histoire politique immédiate. Ni la loi fondamentale qui interdisait jusqu’ici, en pointillé, la création d’un parti d’obédience religieuse, ni de ce qui avait été écarté il y a pas si longtemps à Ouaga I, même n’avait pas l’heure. Et nous n’avons jusqu’ici aucune espèce d’exactitude ou non sur les contours définis de la nouvelle diffusée sur le ministère en question. Sauf que déjà, la presse locale s’est emparée de l’affaire. Ce que nous rechercherons dès lors, c’est comme un désir de vérité d’en savoir davantage, un désir qui sera toute fois différente du désir de justice que seuls des contribuables maliens pourraient rendre à ce département nouvellement créé.
La ligne Zoumana Sacko
Prêcheurs et activistes musulmans ont déjà pignon sur rue, et tout ce qui entoure aujourd’hui des zones sous occupation de groupes djihadistes est un cortège assourdissant de rumeurs. L’intégrisme infiltre, entend-on dire. Depuis l’occupation des principales villes du Nord suite à l’offensive touarègue confisquée plus tard par les groupes Ançardine et MUJAO, cet islam divise et infecte. Il y a la crainte de la chape de la charia étendant son ombrelle. Dans l’affaire, il y a ce qu’on appelle désormais le « cas Zou ». L’ancien Premier ministre affiche un crédo « décomplexé », comme pour nous dire d’arrêter de parler de ce nouveau ministère des Affaires religieuses et du Culte, pour dire clairement les choses. Se montre-t-il plus audacieux sur le final et plus ferme sur le fonds ? En tout cas on lui reconnaitra cette tempérance. Le problème est que Bamako et tout le Sud qui nous reste balancent entre une modération affichée et la montée en régime des troupes islamisées avec démonstration de force au Stade du 26 Mars et les bruits de fureur de groupuscules radicaux au Nord. D’un autre côté, rien que la semaine dernière ; le HCI enfonçait un coin de ce qui apparait déjà comme une confrontation avec les gens de la TV nationale. Dans l’affaire, l’ORTM affichera-t-elle une résistance laïque ? La création d’un département ministériel répond à un problème précis. Que va-t-on chercher à résoudre exactement ? Ou va-t-on donner un mandat au dit ministère pour aller libérer le Nord occupé ? Mieux, sous le Général Kafougouna Koné, le ministère en charge des questions religieuses s’est-il jusqu’ici mépris dans sa gestion ? Que va faire le nouveau département en matière religieuse qui n’a pas encore été fait ? Pour quelle pertinence ? S’élevant contre la départementalisation en cours, on va dire que l’intelligence de M. Sacko ne peut être prise à défaut. En dira-t-on alors autant de son habilité ? En tout cas, il s’assume, ceci pour fixer le cap de ses choix politiques. Cet homme, faut-il le rappeler encore une fois, avait voulu changer les choses, une fois aux affaires. Là où on peut dire qu’il a échoué un peu, c’est qu’il n’a pas changé de trop les Maliens pour les petites solutions de facilité. À ce jour, aucun homme politique n’a pu produire quelque chose contre cela. Voici donc que Zoumana Sacko nous révèle un autre scandale du temps Mali. Avec le ministère des Affaires religieuses et du Culte, on ne sera plus autorisé à fuir. Ce qui est enclenché ne se rattrape jamais, laisse-t-il penser. Avec toute la pratique qui suivra, ce temps religieux aura l’audace de ne plus nous demander notre avis. La laïcité était quelque chose dans nos textes, dans nos murs…On ne l’aura plus ! Seulement voilà, en lieu et place, Zoumana Sacko ne nous propose rien d’autre à travers ses calculs innovants. Il n’agit pas ici seulement par souci d’indignation morale, mais pour ces concitoyens, ça a tout l’air d’être une injonction.