Une bien maigre consolation pour nos Autorités et le Trésor public avec des miettes perçues sur l’immense fortune amassée. Une nouvelle mine d’exploitation de l’or a été inaugurée à Gounkoto, dans le cercle de Kéniéba, il y a une quinzaine de jours par un chapelet de ministres, conduit par Tienan Coulibaly, ministre de finances de l’économie et du budget.
La nouvelle unité qui porte à 9 notre parc industriel d’extraction d’or, suscite beaucoup d’espoir à la fois au niveau local que national. Mais, à regarder de près ce n’est que la poudre dans les yeux de nos pauvres populations. Au plan local, les populations espèrent y décrocher quelques emplois pour sa jeunesse désœuvrée et quelques billets de banques pour arroser les autorités locales (Maires, Sous-Préfets et Préfets et Gouverneur). Au plan national, l’argent de l’or finance une partie du budget de l’Etat. Les gros bonnets aussi reçoivent leur enveloppe dans le plus secret. Le plus souvent en liquide, qui ne laisse pas de trace.
Mais enlevé tout cela, le plus gros bénéfice revient aux investisseurs sud-africains, propriétaires des mines. Plusieurs facteurs expliquent le super bénéfice des investisseurs, qui ne cherchent qu’à faire des profits. Dans les causeries de « grin », on entend souvent dire que l’or ne brille pas de la même manière pour tous les Maliens. C’est simplement une tautologie que de raconter cela. Et pour cause, le prix d’un gramme d’or variant entre 25 000 et 30 000 Fcfa selon le mouvement du cours mondial n’est pas accessible au Malien moyen, dont le revenu moyen atteint à peine 50 000 Fcfa le mois.
Or, du temps de nos anciens, qu’il pleuve ou qu’il neige, toutes les femmes s’arrangeaient à offrir au moins le minimum d’un gramme d’or à sa fille qui se mariait. Devant les difficultés actuelles de la vie, cette période est très loin derrière nous. Mais, l’avantage de la référence à l’histoire de notre société est de constater de grave élargissement du fausset séparant les divers groupes qui constituent notre société. L’écart s’accroît de façon exponentielle. Cette évolution (positive ou négative selon la place qu’on occupe dans le train) de notre société est à l’image du rapport entre notre pauvre Etat et les multinationales. Ce nouvel Ordre mondial est le nouveau visage caché du rapport qui relie le Sud, rendu pauvre par le système, et le Nord, qui continue d’user et d’abuser des ressources des anciennes colonies.
Dans cet Ordre nouveau mondial qui s’est installé depuis le début des années 90, ce sont les multinationales, les grandes entreprises de dimension mondiale, qui incarnent désormais le visage et l’intérêt de leurs Etats respectifs. Ces nouveaux interlocuteurs sans foi ni loi exigent de nos micros Etats de nouvel objectif de développement, non plus global, mais centré sur leurs intérêts à elles. Or, la seule préoccupation de ces entreprises est l’argent à tout prix (la rentabilité et la croissance). Pour atteindre ces objectifs, elles n’hésitent pas sur les moyens de pression. La plupart des guerres sur notre continent sont provoquées et alimentées par des réseaux d’influence dont elles s’arrangent à créer et entretenu au sein des appareils d’Etats. Les formes peuvent varier, mais l’objectif est le même : se faire de l’argent, qui à sacrifier la vie des populations et leur bétail vivant sur les sites miniers. Notre pays n’échappe pas à ce destin tragique.
L’or du Mali, dont il est question dans cet article, est un des principaux produits d’exportation de notre pays. A ce titre, il constitue certes une richesse dont on peut s’en glorifier, mais constitue en même temps un instrument d’asservissement de nos populations entre les mains des investisseurs sud-africains (AngloGold Ashanti et RandGold Ressource) et certains de nos fonctionnaires corrompus, qui travaillent avec ces multinationales. C’est là l’intérêt du texte. Ce qui est ignoré de nos compatriotes, c’est que les deux multinationales (AngloGold Ashanti et RandGold Ressource) sont dirigées par nos cadres nationaux. La politique de tropicalisation des entreprises est une méthode intelligente d’exploitation des forces productives. Car, dit-on l’on n’est mieux trahi que par les siens.
La stratégie est basée sur la vieille méthode des colons « divisé pour mieux régner ». Elle met les ouvriers noirs et leurs patrons noir dos-à-dos et s’en lave les mains dans toutes les questions sociales. Ces bardés de diplômes ne sont en fait que des fusibles du système. Ils reçoivent de belles primes pour mieux réprimer leurs frères noirs, qui seraient tentés de se révolter. Avec ce système, elles ont réussi à briser la capacité de résistance de tous les syndicats nationaux. AngloGold Ashanti et RandGold Ressource sont des entreprises qui ont accumulé de solides expériences dans la gestion des ressources humaines en Afrique du Sud. La tropicalisation est donc une adaptation du système à l’environnement local. Le changement de méthode ne datte pas d’hier. Elle a pris forme depuis les époques des rudes luttes sociales entre Blancs et Noirs sur les champs politiques contre l’apartheid et économiques pour améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers noirs des Tawnshep.
C’est pour cette raison que le pays Arc-en-ciel est bien connu des chercheurs pour être un grand laboratoire sur les questions sociales (mouvement syndical) et raciales (les luttes d’émancipation pour les populations noires opprimées). Elles ont donc conscience que la vieille tactique du pouvoir blanc basée sur la division du peuple noir en ethnies et en syndicats rivaux ne fait plus recette.
Depuis l’installation des deux géants sud-africains dans la deuxième moitié des années 90, elles semblent jouer la carte de la complémentarité au lieu d’être concurrentes pour barrer la route à d’autres investisseurs privés étrangers dans le secteur. Les deux conglomérats sud-africains AngloGold Ashanti et RandGold Ressource règnent dans des conditions assimilables à de quasi-monopole sur le un marché acquis à leur cause. Les coûts d’investissements, étant très salés, peu de nationaux s’y aventurent avec leur maigre ressource. A la dat d’aujourd’hui, seul Aliou Diallo promoteur de Wassoulo Or a réussi à monter une unité industrielle d’extraction et de traitement d’or digne de ce nom au Mali.
Le quasi-monopole exercé sur le marché par ces deux géants de la Nation Arc-en-ciel peut être qualifié par les spécialistes du droit des affaires comme une « Entente tacite entre entreprises évoluant dans la même branche d’activité ». L’objectif étant de fausser le jeu de la concurrence dans le secteur et de se barricader contre toute autre concurrence venant d’ailleurs. L’entente peut être qualifiée d’entorse aux règles de la concurrence. L’article 81 du droit communautaire européen en la matière pose le principe de la prohibition des ententes en interdisant en particulier celles qui consistent à : fixer en commun les prix ; limiter la production ; répartir les marchés ou les sources d’approvisionnement ; à opérer une discrimination entre les partenaires commerciaux ; à imposer des prestations supplémentaires (comme les ventes liées en droit de la consommation). Elle peut également revêtir diverses formes : l’« entente horizontale » désigne un accord entre des acteurs économiques d’un même niveau (plusieurs producteurs d’un même type de produit) ; l’« entente verticale » désigne un accord entre des acteurs économiques d’un niveau différent (un fournisseur et son distributeur, ou plusieurs d’entre eux).
La pratique est sévèrement sanctionnée par les autorités de concurrence, qui peuvent infliger une sanction d’un montant maximum de 10% du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise placée en entente (cf. wikipedia). Selon le moteur de recherche wikipedia, le droit de la concurrence (le droit antitrust aux Etats-Unis) interdit les ententes illicites ou restrictives, c’est-à-dire tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et toutes pratiques concertées qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché.
En novembre 2008, la Commission européenne a affligé une amende de 1,38 milliard d’euros à quatre fournisseurs de verre à l’industrie autonome. Elles ont été condamnés pour une entente en cours de 1998 à 2003. Saint-Gobain écope des 2/3 de l’amende (896 millions d’euros), majorée de 60% pour cause de récidive. La commissaire à la Concurrence Neelie Kroes indique que « c’est la plus grosse amende jamais infligée à un cartel en Europe ». Les groupes condamnés (Saint-Gobain, le Britannique Pilkington, le Japonais Asahi et le Belge Soliver) contrôlaient 90% de ce marché. Asahi a été condamné à 113,5 millions d’euros, Pilkington à 370 millions et Soliver à 4,4 millions d’euros d’amende. Depuis le début de l’année, la Commission européenne a condamné sept cartels pour entente illégale, pour des amendes totales de 2,3 milliards d’euros.
Dans les textes législatifs, le mot « entente » n’apparaît pas en tant que tel dans le lexique fondant les droits de la concurrence mais est utilisé par les autorités de la concurrence, les juridictions et la doctrine. Il désigne indifféremment accords, pratiques concertées et décisions d’associations d’entreprises. L’idée qui caractérise toutes les formes d’entente est la « rencontre de volontés autonomes ». Mais, dans notre situation malienne et eu égard au difficultés pour nos Autorités en charge de la concurrence de prouver ces genres de pratiques illicites faute d’abord de textes législatifs de prohibition en la matière d’autre part le manque de compétences techniques desdites Autorités on ne peut que constater le dégât sans pouvoir agir ni amont ni en aval pour prévenir ou pour sanctionner.
Par ailleurs, l’activité économique exige que les entreprises tissent des liens entre elles. Aussi le principe du comportement autonome des entreprises posé par la prohibition des ententes n’est pas absolu. L’interdiction suppose toujours la démonstration d’un impact négatif sur la concurrence. Une entente entre entreprises sera déclarée illicite parce que qualifiée de restrictive de concurrence au terme d’un bilan concurrentiel. Inversement, ne seront donc pas déclarées illicites au terme du bilan concurrentiel, les ententes dont l’objet ou l’effet sur le marché ne restreint pas la concurrence ou qui peuvent être rachetées au terme d’un deuxième bilan, économique cette fois, qui fait ressortir la prédominance des aspects positifs de l’entente : c’est l’exemption.