C’est un grand homme de sciences (spécialiste de l’éducation) qui nous a quittés dans la nuit du vendredi au samedi 25 août 2012. A la veille de son décès, des amis l’avaient rencontré à Bamako-coura et il ne plaignait que d’être « quelque peu fatigué ». Quelle ne fut alors notre surprise, celle de ses parents, amis et connaissances, d’apprendre, le samedi dans la matinée, qu’il ne s’est pas réveillé de son sommeil. Allahou Akbar ! Il avait 62 ans.
« L’homme propose, Dieu dispose » a-t-on coutume de dire pour magnifier la Toute puissance d’Allah Soubahana Watala. Celui qui vient de nous quitter avait son nom sur la liste des ministrables de la Convergence pour Sauver le Mali (CSM), un regroupement de partis politiques et d’associations qui a inlassablement œuvré pour le retour de l’accalmie et l’entente entre les fils et filles du Mali, après les événements du 22 mars 2012. A l’annonce de la composition du gouvernement d’union nationale, le 20 août dernier, nombreux sont ceux qui s’attendaient à ce que soit confié au 1er vice-président de la CSM, ancien représentant de l’Unicef au Burkina Faso (son dernier poste à l’étranger), le ministère de l’éducation. Il n’en fut rien. Et cela au grand dam de l’intéressé lui-même qui, naturellement, pensait que les plus hautes autorités allaient le proposer à ce poste. Ça c’est pour l’actualité. Même si tout ceci est désormais derrière nous.
Baga – comme l’appelait tous les intimes et camarades, ô combien ils sont nombreux – est retourné dans le Royaume de la Vérité sans crier gare…encore moins exprimer la moindre plainte. Comme le ferait tout musulman, l’homme pieux qu’il était est parti en laissant un riche héritage et un souvenir intarissable.
Humble, courtois et d’un commerce facile, Dr Bagayoko savait, aux dires de ses proches, se mettre au niveau de chacun de ses multiples et divers interlocuteurs. Tout savant qu’il était, il était aussi bien à l’aise avec les mécaniciens et coiffeurs du quartier qu’avec les professeurs d’université. Son voisinage lui vouait un grand respect et lui, en retour, ne passait jamais devant un grin (groupe de gens) sans serrer les mains des uns et des autres, qui se tenaient tous debout, chacun pour lui exprimer respect et admiration. J’ai été personnellement témoin – et cela à maintes reprises – de l’unanimité qui se dégageait, chaque fois que des gens évoquaient son nom, sur sa sociabilité, sa simplicité, sa grande érudition doublée d’une rapidité d’esprit sans égale. Il était très modéré dans ses prises de position notamment lors des réunions de la Convergence pour Sauver le Mali dont il était l’un des membres les plus brillants et comptait parmi les plus écoutés à cause notamment de la pertinence de ses analyses. D’après Moussa Mara, président du parti YELEMA, maire de la commune IV et responsable de la CSM, « Dr Bagayoko était un homme de conviction, un homme entier ».
Né le 9 novembre 1950 à Bamako, Dr Mamadou Bagayoko était un véritable combattant qui a gravi petit à petit tous les échelons de la hiérarchie académique. Maître de second cycle en début de carrière dans les années 70, il a franchi les étapes pour se retrouver, dix-sept ans plus tard, détenteur d’un PhD (doctorat d’Etat américain) en planification, administration et formulation de politiques éducatives. Après une riche carrière au Mali, il travailla, de 1993 à 2008, comme administrateur et gestionnaire de programmes Education de l’Unicef au Tchad, au Kenya et au Burkina Faso. Le pays des Hommes intègres l’a, d’ailleurs, décoré « Chevalier de l’Ordre National du Burkina Faso ».
A ses obsèques, hier lundi dans la grande famille Bagayogo à Bamako-coura, une délégation on a enregistré la présence de tout le gotha de la classe politique et de la société civile malienne. Une délégation burkinabè a également assisté aux funérailles. Ce qui prouve encore une fois que le pays vient de perdre, en la personne de Dr Bakayoko, un de ses éminents et dignes fils. Dr Mamadou Bagayoko repose au cimetière de Hamdallaye. Dors en paix ! Amen !