A l’issue de 4 jours de réunion, trois groupes armés du nord du pays (MNLA, HCUA et MAA) ont signé ce qu’ils ont convenu d’appeler la déclaration d’Alger. Celle-ci menace ouvertement les autres groupes armés de s’allier à ces trois mouvements ou de subir les conséquences d’un refus. Cependant, pour bon nombre d’observateurs, cette déclaration loin d’apaiser les tensions dans le septentrion malien risque surtout de les envenimer au regard de la pléthore d’éléments armés qui sévissent dans cette partie de notre territoire.
Même s’il a été salué par plusieurs acteurs, l’accord auquel sont parvenus les trois groupes armés est loin de satisfaire toutes les parties. En effet, le MNLA, le HCUA et le MAA semblent ainsi revigorés par le récent succès remporté face à l’armée malienne le 21 mai dernier à Kidal. Raison pour laquelle, ils ont décidé de faire monter davantage les enchères avant de s’assoir sur la table des négociations avec les autorités maliennes.
Bien qu’ils réaffirment leur reconnaissance de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali, ils ont quand même réitéré leur option pour la désignation d’un médiateur international et surtout la tenue des négociations en dehors du territoire malien. Pour cela, certaines indiscrétions laissent entendre que l’Algérie pourrait abriter ces négociations conformément au choix exprimé par les groupes armés.
Rappelons qu’une source proche du dossier avait rappelé que les autorités algériennes étaient toujours favorables à la tenue de ces négociations sur le territoire malien même si ce n’est pas forcément à Bamako conformément à la volonté des autorités maliennes qui a été exprimée à travers son chef de la diplomatie, M. Abdoulaye Diop. A travers la déclaration signée par les trois groupes armés à Alger, des menaces ont été ouvertement formulées à l’endroit des autres mouvements armés.
Ci-après le message tel que libellé « Les mouvements de l’Azawad, après constat dans les villes et sur tout le territoire, lancent un appel à toutes personnes et à tous groupes armés hors processus qu’ils ont la liberté de choisir en trente (30) jours, soit d’ici le 29/6/2014, le ralliement à l’un des trois (3) mouvements officiels de l’Azawad : Mnla, le Hcua ou le Maa. Toute personne et groupe armé qui n’auront pas fait leur choix à cette date seront responsables de toutes décisions qui seront prises à leur encontre« .
Les signataires de ce document sont Bilal Ag Acherif pour le MNLA, Alghabass Ag Intalla pour le HCUA et Sidi Brahim Ould Sidati pour le MAA.
De sources dignes de foi révèlent que les autres groupes armés notamment les mouvements d’autodéfense sédentaires, le nouveau mouvement créé par l’ancien député de Bourem, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh qui revendique des centaines d’hommes armés. A cela s’ajoute également une dissidence du MAA qui a récemment participé à la rencontre avec le nouveau haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-maliens.
A côté, il y a également d’autres multitudes de mouvements rebelles et narcojihadistes qui s’activent dans le nord et ne partagent pas les mêmes revendications que les trois autres. Notons que la rencontre des groupes armés en Algérie entre dans le cadre des » discussions exploratoires » que ce pays a entreprises à la demande des autorités maliennes pour conduire les mouvements armés à harmoniser leurs positions en vue des prochaines négociations avec le gouvernement du Mali. Cependant, au regard des conclusions auxquelles ceux-ci sont parvenus, rien n’indique que les autres qui ne sont pas partie prenante de ces discussions bien qu’ils étaient conviés, risquent de les accepter. Ce qui de facto va signifier un retour à la case départ.