Par les temps qui courent, il est difficile d’entrer en contact avec certains ministres de la transition. Si la plupart était restée au pays à l’attente d’une nouvelle destination, il n’en demeure pas moins que nombre d’entre eux se la coulent douce.
Un constat : rares sont visibles les ministres de la transition qui répondent aux appels téléphoniques. Notre tentative de rentrer en contact avec certains est restée vaine. Néanmoins, nous avons pu avoir des détails sur la nouvelle vie professionnelle de plusieurs.
A commencer par le Premier ministre de « pleins pouvoirs », Cheick Modibo Diarra. Il fait la navette entre le Maroc, l’Afrique du Sud et quelques fois le Mali. Son successeur, Diango Cissoko, lui, joue au sage et profite de sa retraite. Par contre, il refuse toute sortie médiatique alors que la demande est grande.
Les reconvertis
Dans ce lot, il y a des anciens ministres qui n’ont pas chômé. Ils ont retrouvé leurs activités antérieures. Ainsi, Hammadoun Kébé est revenu à la CSTM et mène des activités sociales, notamment dans l’association Tabital Pulaku. Son ancienne collègue Diallo Deida Mahamane Kattra, très active dans le monde pharmaceutique, a mis à profit son congé pour créer un centre de santé de proximité. Elle était ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
De son côté, Me Demba Traoré tente de porter sa robe d’avocat et s’active au mieux dans les activités de son parti. Lors de la transition, il a géré deux départements (Maliens de l’extérieur et la Fonction publique).
Quant au général Moussa Sinko Coulibaly, il vient d’être nommé directeur de l’Ecole de maintien de paix « Alioune Blondin Bèye » (EMP-ABB). Ce, au profit d’un poste d’ambassadeur qui lui avait été proposé. Il a occupé le portefeuille de l’Administration territoriale de la transition jusqu’à la démission du 1er Premier ministre d’IBK, Oumar Tata Ly.
Pour sa part, le magistrat Hamèye Founé Mahalmadane a eu nu point de chute. L’anciensecrétaire général du Syndicat libre de la magistrature (Sylima) siège désormais à la Cour de la Cédeao.
Il vient d’être recyclé à la faveur de la crise que connaît Kidal, Hammadoun Touré fait office de conseiller au ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication qu’il avait dirigé pendant la transition.
Les vadrouillards
C’est la liste la plus longue qui montre à tel point il est difficile pour certains ministres de retrouver une vie normale après le gouvernement. Le hic est que des professeurs qui ont vocation de transmettre le savoir refusent pour le moment de retourner à l’école sans être inquiétés.
Professeur dans une école supérieure avant de devenir ministre de l’Agriculture, Yaranga Coulibaly est très attendu par ses étudiants. Idem pour Baba Berthé qui lui a succédé. Il rechigne toujours à reprendre le chemin des classes quand bien même sa matière reste très prisée.
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr. Lahbib Ould est aussi dans la nature et tarde à s’annoncer dans son établissement d’enseignement supérieur.
Le très chanceux David Sagara se fait lui discret même si en sourdine il gère ses activités dans les ONG. Il intervient plus dans la région de Mopti. Ministre du Logement et de l’Urbanisme pendant la transition, David Sagara était un très proche l’ex-junte. Quid de son collègue et confident, Dr. Amadou Baba Sy des Mines. A présent, ce denier est plutôt au service de son parti.
Celui qui était devenu ministre des Nouvelles technologies de par ses affinités avec un responsable de la Copam, Bréhima Tolo, n’a pas eu du mal à reprendre ses activités. Sauf qu’il se fait très rare au cyber qu’il tenait avant sa nomination.
A la tête de l’Organisation panafricaine des femmes (OPF), Alwata Ichata Sahi, a fait son entrée dans le gouvernement en tant que ministre de la Famille, de la Promotion de la femme et de l’Enfant. Depuis son départ, elle ne parvient pas à s’adapter à la vie de défenseure des causes féminines. C’est le cas de Diané Mariam Koné qui a piloté le département de l’Elevage et de la Pêche et qui peine à se maintenir. Mamadou Diakité de la Jeunesse fait office de secrétaire à la Commission dialogue et réconciliation.
Le faux politique
S’il était devenu ministre, c’est grâce à son travail de missionnaire occulte au service du patron de l’ex-junte. Il s’agit de Yéhia Ag Mohamed qui a été ministre de l’Artisanat et du Tourisme. Depuis la fin de la transition, il fait croire qu’il milite au sein du parti Sadi et marque sa présence dans certaines de ses activités, comme pour jouer au politique. Et sa tentative de revenir dans le monde du sport est resté vaine. Mieux, dans son ancien service, il ne parvient pas à se faire recaser. En réalité, il est très encombrant au regard du lien qui le lie aux anciens putschistes.
Le marabout
Très effacé, l’ex-directeur général de la Banque régionale de la solidarité (BRS devenue Orabank), Alpha Bocar Nafo propulsé ministre de l’Energie et de l’Eau est presqu’à la retraite. Pour être plus direct, selon nos sources, il s’est résolument tourné vers l’adoration de Dieu. Normal, il maîtrise les versets coraniques et du coup devient un marabout dont les bénédictions sont très sollicités. Comme quoi, il y a une autre vie après une carrière bien remplie.
Les promesses
Il fut patron de la gendarmerie nationale et par la suite ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le général Tiéfing Konaté reste toujours à la maison. Et dire que le pays a besoin de son expérience d’officier. Un autre général est dans l’ombre mais n’a pas la tête à la fête ou à une retraite dorée, il s’agit de l’ancien ministre de l’Equipement et des Transports, Abdoulaye Koumaré.
Des sources dignes de foi, il lorgne le poste d’ambassadeur. Son collègue Bruno Maïga de la Culture préfère marquer une pause avant de prendre une décision sur son avenir professionnel. Pour leur part, Makan Alou Tounkara de l’Energie, Abdrahamane Touré délégué à la Décentralisation, Yacouba Traoré des Affaires culturelles et du Culte et des Affaires religieuses, Mamadou Sidibé de l’Action sociale, attendent une éventuelle promotion. Mais, celle qui n’a laissé aucun signe, c’est Diallo Fadima Touré, d’abord de la Culture ensuite de l’Urbanisme et de l’Habitat.
Sadio Lamine Sow aussi a disparu des écrans radars. Il semblerait qu’il fait la navette entre le Mali et le Burkina Faso. Quant à Malick Coulibaly de la Justice, il est devenu un pigeon voyageur et fait de la consultation à travers le monde. Par contre, Moussa Léo Sidibé savoure sa retraite mais aussi très sollicité dans le monde agricole.
Par ailleurs, Ousmane Ag Rhissa de l’Environnement et de l’Assainissement a encore du mal à se consoler. Mais il a eu plus de chance que le général Yamoussa Camara (Défense et Anciens combattants) qui croupit en prison à Markala.
Les plus chanceux sont dans le gouvernement Mara, Bocar Moussa Diarra, Tiéman Hubert Coulibaly, Abdoul Karim Konaté.
Alpha Mahamane Cissé