Soupçonnant la France et la Suisse de soutenir les rebelles du Mouvement National de Libération de l’Azawad, le Collectif pour la Défense de la République (Cdr) a lancé une vaste campagne de boycott des produits français et suisse au Mali. Le 29 mai passé, ladite campagne a été lancée par la distribution de 12.000 affiches appelant à boycotter les produits français et suisses à travers la ville de Bamako.
Ainsi pour la deuxième fois, hier lundi 16 juin 2014, les militants du Collectif pour la Défense de la République (Cdr) ont pris d’assaut tous les points stratégiques de Bamako en distribuant 10.000 tracts. Sur les affiches distribuées on peut lire: “Puisque la France et la Suisse soutiennent le Mnla pour des motifs économiques, alors boycottons les produits français pour affaibir le Mnla et renforcer l’État du Mali”.
Le président de la Commission d’organisation du Cdr, M. Ibrahima Diarra, a déclaré que la journée d’hier lundi 16 juin 2014 a été dédiée “Journée rouge pour boycotter les produits français au Mali”. Une manière, dit-il, pour le Collectif de manifester son soutien au gouvernement et à l’armée malienne.
Selon lui, cette action appelant à boycotter les produits français sera inscrite dans la durée et vise à changer la mentatlité des Maliens à se manifester contre tout pays qui serait soupçonné de ne pas défendre les intérêts du Mali. “Cette campagne de boycott des produits français est une action apolitique. Nous ne sommes contre l’intérêt de qui que ce soit. Nous voulons tout simplement dénoncer le soutien de la France aux apatrides du Mnla. Que les maliens qui travaillent dans les entreprises concernées comprennent que cette action n’est pas contre leurs intérêts”, a affirmé M. Ibrahima Diarra. Aussi a t-il appelé les Maliens à ne pas se décourager, car se dit-il convaincu que dans les mois à venir cette campagne de boycott aura un effet néfaste sur l’économie des entreprises françaises au Mali.
En tout cas, les affiches ont été bien accueillies par les populations qui manifestaient leur adhésion à cette action par des mots d’encouragement et des gestes de félicitation. Il reste à voir quel impact la campagne aura sur l’économie des entreprises concernées, telles que Oange-Mali, Total….
Cette stratégie de boycott adoptée par le collectif pour la défense de la République s’inspire de celle initiée par Mahatma Ghandi et Martin Luther King. Le premier, Mahatma Ghandi, après l’évaluation des rapports de force entre son pays et son ancien colonisateur, l’Angleterre, prôna la tactique du boycott des produits anglais comme réplique et moyens de pression. Au bout de deux (2) mois, l’Angleterre a renoncé à sa prétention de mainmise sur les richesses indiennes et accorda l’indépendance à l’Inde.
A la suite de l’inculpation et de la condamnation de la dame noire Rosa Park pour avoir refusé de céder sa place dans le bus à un jeune blanc, comme l’exigeait la loi ségrégationniste du sud américain, Martin Luther King,lui, poussa la communauté noire américaine à boycotter les bus en guise de réaction à la décision de justice et en signe de protestation contre la loi ségrégationniste dans les transports, restaurants, cinémas et autres lieux publics. Ce boycott a provoqué un séisme économique et obligea Washington à octroyer les droits civiques aux noirs dont celui du vote.
Conscient de ne disposer ni d’armes, ni moyens économiques, ni moyens politico-économiques, le Collectif pour la Défense de la République a décidé d’aller à l’école de Mahatma Ghandi et de Martin Luther King, en lançant un appel au boycott des produits français et suisses au Mali, ce pour protester contre ce qu’il (le Cdr) appelle le soutien de ces pays aux agresseurs de la Nation malienne.
Modibo KONÉ