Les dessous de l’évasion spectaculaire du lundi 16 juin : – Les terroristes Mohamed Ali Ag Wadoussène et Haïba Ag Achérif avaient reçu 15 millions FCFA pour perpétrer un attentat contre la prison centrale
Wadoussène menait une véritable vie de pacha pendant sa détention (portables, téléviseur et autres commodités).
L’évasion spectaculaire survenue, lundi 16 juin, à la prison centrale de Bamako n’était pas fortuite. Elle a été planifiée de longue date par Mohamed Ali Ag Wadoussène qui a bénéfické de la complicité des hommes de main (présents à Bamako) de son oncle Ag Hitta, chef de la katiba de Youssef Ben Tachfine. Profitant de la défaillance du système pénitentiaire et de la naïveté de certains surveillants de prison, Mohamed Ali Ag Wadoussène a pu s’échapper avec l’un de ses complices, en l’occurrence Haïba Ag Achérif, lui aussi détenu à la même prison. Une vingtaine d’autres codétenus profiteront du chaos créé pour prendre le large.
Le plan initial de Wadoussène, qui a d’ailleurs foiré, était de perpétrer un attentat terroriste contre la prison centrale pour que d’autres détenus, des jihadistes pour la plupart, puissent s’enfuir. Il a dû recevoir de son oncle 15 millions FCFA pour l’exécution de cette mission.
La Direction de la maison d’arrêt de Bamako plusieurs fois avisée par la Sécurité d’Etat : Film de l’évasion
Le dispositif sécuritaire de la prison centrale a fortement été décrié au cours de cette évasion massive rare dans les annales pénitentiaires de notre pays.
Mohamed Ali Ag Wadoussène a simulé des problèmes de plomberie dans sa cellule qu’il partageait avec cinq ou six personnes dans le quartier dit de » haute sécurité » de la MCA où sont seulement détenus des meurtriers. Pour la réparation, un surveillant de prison s’est fait accompagner par des plombiers. Une fois dans la cellule, le surveillant déposa son arme dans un coin. Profitant de son inattention , Wadoussène s’empara de l’arme avant de la pointer sur lui en lui intimant l’ordre de s’écarter de son chemin. Celui-ci demanda au terroriste de ne pas commettre une bêtise et de lui restituer son arme. Refus catégorique du détenu. Face à la menace de ce dernier de lui tirer dessus, le surveillant s’écarta de son chemin.
Après avoir franchi la porte de sa cellule, il a tiré plusieurs coups de feu en l’air. Les surveillants qui se trouvaient dans le quartier de « haute sécurité» et dont beaucoup n’étaient pas armés se sont très vite mis à l’abri. Au niveau du grand portail de l’enceinte de l’établissement le surveillant Sofara, qui était muni de son fusil de fabrication chinoise essaya d’intervenir, le doigt appuyé sur la gâchette, mais aucune balle n’en est sortie. Les balles ont, semble-t-il, été coincées à l’intérieur de ce fusil. Pendant qu’il cherchait à débloquer la situation, le prisonnier en fuite lui tira une balle dans la tête.
Une fois au dehors et à quelques mètres de la prison, un véhicule à bord duquel se trouvaient plusieurs hommes de peau claire ( des Touareg comme lui probablement) ont embarqué Wadoussène vers une destination inconnue. On ignore si Haïba Ag Achérif, l’un de ses complices dans l’évasion a pu embarquer avec lui.
Mohamed Ali Ag Wadoussène menait une vie de Pacha à la maison centrale d’arrêt de Bamako
Il nous a été indiqué que ce terroriste hors pair disposait dans sa cellule d’une télévision et de plusieurs téléphones portables qui lui permettaient d’être en contact permanent avec l’extérieur. Inutile de préciser que c’est avec ces portables qu’il a pu contacter ses comparses pour planifier son évasion.
Aussi, les circonstances de cette évasion n’ont pas permis à Mohamed Ali Ag Wadoussène et Haïba Ag Achérif de conduire à son terme le plan d’attentat contre la prison.
Il nous revient que la direction pénitentiaire de Bamako Coura a plusieurs fois été mise en garde par les services de renseignements maliens afin de renforcer les mesures de sécurité autour des terroristes détenus dans ses locaux. La dernière mise en garde à la direction remonte à deux jours aux environs de 11 heures, soit quatre heures avant l’évasion.
Abdoulaye DIARRA
15 prisonniers en cavale activement recherchés par tous les services de sécurité
Les choses se précisent dans l’affaire de l’évasion de la prison centrale de Bamako. Une source a déclaré que le cerveau de cette évasion spectaculaire, Mohamed Ali Ag Wadoussen, est un ex-agent de la garde nationale. Il est né le 9 avril 1989 dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas. 15 évadés sont toujours dans la nature.
Selon notre source, il était détenu à la prison centrale de Bamako depuis le 9 mars 2012 pour «terrorisme, association de malfaiteurs, prise d’otages et séquestration».
Les premiers éléments de l’enquête révèlent que le détenu a utilisé un pistolet automatique (PA) pour accomplir son forfait.
La question qui taraude l’esprit du citoyen lambda est de savoir comment un criminel de cette race a pu se procurer une arme aussi redoutable.
Selon notre source, ils sont au nombre de 23 détenus à avoir pris le large.
(Voir encadrés ci-contre) Les prisonniers en fuite sont : Soumaïla Dembélé, Abraham Seydou Bamba, Moumouni Mounkoro, Bané Keita, Aboubacar Coulibaly, Ibrahim Koné, Yacouba Sidibé, Mamadou Baba Camara, Adama Konaté, Zoumana Dramé, Bamou Touré, Boubacar Ticambo, Sékou dit Nakata Ouatttara, Moussa Tereta et l’instigateur principal, Mohamed Ali Ag Wadoussen.
Huit détenus ont étérepris. Ce sont : Adama Konaté, Lamine Touré, l’ex-flic Mamadou Coulibaly, Mamadou Bagayoko, Zoumana Dicko, Jobé Zoo Diassou et l’ex-caporal Abdou Coulibaly.
Il faut rappeler qu’après les évènements du lundi, les ministres Mohamed Ali Bathily de la Justice et Général Sada Samaké de la Sécurité intérieurese sont tous rendus sur les lieux pour constater les faits.
D’autres sources nous renseignent que cet évènement a pu se produire à cause du laxisme de l’administration pénitentiaire, car la maison d’arrêt de Bamako est un véritable marché où se font toutes les tractations douteuses.
Pour rencontrer un détenu on peut même se passer d’un permis de communiquer délivré par le parquet, il suffit de payer à la porte.
Les gardiens de prison ne sont pas techniquement à la hauteur pour faire face à une telle éventualité.
La prison doit être délocalisée pour permettre de sécuriser ce lieu hautement stratégique.
Boubacar PAITAO
La liste des évadés de la prison centrale de Bamako à la date du 16/06/2014
1-Soumaila Dembélé Chambres GV
2-Abraham Seydou Bamba Chambre GV
3- Mohamed Ali Ag Wassouden Chambre GV
4-Moumouni Mounkoro Chambre GV
5-Bané Keita Chambre GV
6-Aboubacar Coulibaly Chambre GV
7-Adama Konaté Chambre GV
8-Ibrahim Koné chambre CH 5
9-Yacouba Sidibé Chambre CH6
10-Mahamadou Baba Camara Chambre CH6
11-Zoumana Dramé Chambre C1
12-Bamou Touré Chambre R2
13-Boubacar Tikambo Chambre R2
14-Sékou dit Nakata Ouattara Chambre C11
15-Moussa Téréra Chambre 3ème cabinet
La liste des évadés repris de la prison
centrale de Bamako à la date du 16/06/2014
1-Mamadou Coulibaly (blessé) Chambre CH5
2-Ibrahim Traoré (blessé) Chambre C1
3-Sékou Sissoko (blessé) Chambre C1
4-Lamine Touré (blessé) Chambre R2
5-Mamadou Bakayoko (blessé) Chambre GV
6-Abdou Coulibaly Chambre GV
7-Zoumana Diarra Chambre GV
8-Sobé Jeo Diassa Chambre GV
Mohamed Ali Ag Wadoussène : Un homme sournois changeant régulièrement d’identité
De nationalité malienne, Mohamed Ali Ag Wadoussène est né le 9 avril 1989 à Kidal. Il est le fils de Wadoussène et de Hassi Wallet Hittra, sœur de Sedan Ag Hitta, chef de la Katiba Youssouf Ben Tachifine. Mohamed Ali est un déserteur de la garde nationale du Mali, contingent de 2009.
Il est l’organisateur principal du rapt de deux Français Serge Lazarevic et Philippe Verdon, le 24 novembre 2011 à Hombori. Il a effectué cette opération au compte de la Seriât El Ançar d’Abdel Krim El targui, neveu de Iyad Ag Galhy. Il a été arrêté par la Sécurité d’Etat le 10 décembre 2011 à Gao, puis mis sous mandat de dépôt en mars 2012.