Selon SOS Sahel, 1 milliard de personnes sont menacées par la désertification dans le monde, dont 180 millions dans le Sahel. Les raisons sont multiples : dérèglements climatiques, croissance démographique mais aussi de mauvaises pratiques culturales.
A l’occasion de la Journée Mondiale contre la désertification, entretien avec Rémi Hemeryck, délégué général de SOS Sahel.
Rémi Hemeryck (RH) : Depuis une trentaine d’années, la désertification s’est accélérée notamment à cause du réchauffement et les dérèglements climatiques. La croissance démographique amplifier le phénomène ainsi que les mauvaises pratiques culturales qui n’ont pas été améliorées.
VOA : Des progrès ont-ils été fait dans la région sahélienne, notamment avec le projet de Grande Muraille verte ?
RH : Les efforts doivent être surtout accentués sur la réhabilitation des systèmes de production agricole, une des perspectives de cette Muraille verte. L’idée n’est pas de constituer un mur face au désert, mais c’est de re-densifier le couvert végétal dans l’ensemble des Etats du Sahel de manière à créer une agriculture durable, à freiner l’érosion et à recréer des conditions de production qui sont favorables. Tout ceci dans le but d’assurer la sécurité alimentaire des populations.
VOA : En matière de sécurité alimentaire, êtes-vous inquiet à l’approche de la soudure ?
RH : Mais nous sommes inquiets tous les ans ! Chaque année, des régions sahéliennes sont victimes soit de sècheresse, soit d’inondations. Même si cela peut paraitre paradoxal, rien ne retient l’eau de ces fortes pluies qui érodent le sol. Cela devient un problème critique pour les populations.
Il est capital d’investir pour diversifier les systèmes de productions afin que les agriculteurs puissent produire dans des conditions plus favorables. 2014 est l’année de l’agriculture familiale, qui représente 90% de la production agricole en Afrique ! Il faut permettre aux agriculteurs d’investir durablement sur leurs terres, à la fois en ayant accès au foncier, en réintégrant l’arbre, mais aussi en intégrant de meilleurs pratiques culturales, pour les plantations comme pour l’élevage. Ainsi, l’agriculture paysanne deviendra réellement plus résiliente et plus à même de faire face aux crises.