L’affaire Tomi vient de connaitre un rebondissement à Paris. Michel Tomi, le parrain des parrains, a été placé en garde à vue hier dans le cadre d’une enquête financière lancée en juillet 2013 pour blanchiment d’argent. Si au départ on parlait des relations entre l’homme d’affaire corse et des chefs des chefs d’Etat africains, aujourd’hui la justice française s’intéresse uniquement à ses rapports avec le président Ibrahim Boubacar Keïta. Un rebondissement qui tombe au pire moment, à l’heure où la présidence malienne voudrait faire taire toutes les critiques liées aux affaires du parrain corse. Et pour cause, le nom d’IBK est cité dans cette salle affaire.
L’entrepreneurs spécialisé dans les jeux dans plusieurs pays africains a été arrêté pour blanchiment aggravé, a confirmé une source judiciaire en France. D’après des médias de ce pays, les policiers de l’Office central de répression de la grande délinquance financière vont interroger Tomi sur l’origine de ses revenus, son train de vie et ses relations avec le président IBK.
En effet, en juillet 2013, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris pour «blanchiment aggravé en bande organisée », « abus de biens sociaux en écriture privée » et « faux en écriture privée ». Les enquêteurs soupçonnent également des faits de corruption d’agent étranger et s’intéressent de près aux relations entre Tomi et le président Keïta.
Agé de 68 ans, Michel Tomi est soupçonné de blanchir en France une partie de l’argent gagné en Afrique et de financer des présidents africains. L’enquête débutée en 2011 serait dans le prolongement de l’affaire sur la tentative de prise de contrôle du cercle de jeu parisien Wagram. Trois suspects de cette affaire auraient trouvé refuge en Afrique, d’où l’initiative policière d’enquêter sur Tomi.
L’avocat de Tomi, Me Lionel Moroni, avait pourtant affirmé que ni son client ni lui-même n’avaient été tenus au courant d’une éventuelle information en cours. Précisant que son client n’a plus d’intérêt en France depuis plus de dix ans
Un homme sulfureux
Michel Tomi débute comme croupier à Monaco1, et se rapproche ensuite des cercles de jeux à Paris et à Nice. L'interdiction de gestion du casino de Bandol dont il fait l'objet1 l'oblige cependant à changer ses activités, et il se tourne alors vers l'Afrique. Il a développé ses activités en Afrique dans les années 1970-1980. Il devient à partir de 1986 l'associé en affaire de Robert Feliciaggi, dans le but de développer les activités de pari mutuel sur le continent africain.
Michel Tomi gère aujourd'hui plusieurs casinos, principalement en Afrique de l'Ouest, et a diversifié ses activités notamment dans le transport aérien. Le parrain serait cité depuis quelques mois dans l’achat controversé d’un aéronef par la présidence malienne.
Avec sa fille Marthe Mondoloni, il est mis en examen pour le financement illégal du Rassemblement pour la France (RPF) de Charles Pasqua lors des élections européennes de 1995. Michel Tomi a comparu en octobre 2007 dans le procès en première instance. Le 12 novembre 2007, il a admis à l’audience qu’une partie de la vente du casino d’Annemasse (Haute-Savoie) en 1995 avait bien servi à financer la campagne de Charles Pasqua et Philippe de Villiers.
Les fonds prêtés par Robert Feliciaggi au RPF auraient bien été une contrepartie de l’autorisation d’exploitation accordée par le ministre Charles Pasqua. Ces fonds ne provenaient pas de la cession d’actions d’une société gabonaise de paris, la Cogelo, mais de «sa part sur la vente du casino d’Annemasse». Sa fille Marthe Mondoloni, gérante du PMU gabonais, a joué le rôle d’intermédiaire à deux reprises. Cependant Michel Tomi refuse de reconnaître que ce versement constitue un pacte de corruption. Cet homme sulfureux risque d’éclabousser le président malien qui reconnait qu’il est son ami.