Les enfants talibés qui pullulent dans les différentes rues de la capitale et aux abords des grandes avenues traversent un véritable calvaire afin de se procurer le pain quotidien. Certains d’entre eux éluent devant les devantures des supermarchés et boutiquent afin d’échapper à la colère du gourou. C’est habillé en haillon que ces enfants sillonnent la ville de Bamako.
Pratique, enracinée dans les mœurs maliennes, la mendicité des petits enfants âgés de 5 ans et plus est monnaie courante dans la capitale Bamako. Ces enfants triment dans les rues, se faufilant entre les engins à 4 et 2 roues pour quémander.
Ces jeunes gens sont le plus souvent des enfants talibés issus des écoles coraniques. En plus des enfants maliens, d’autres viennent des pays voisins comme le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal et de la Mauritanie etc.
Aux dire d’un jeune talibé burkinabé, leurs parents les envois au Mali chez des maîtres coraniques afin qu’ils se familiarisent avec les versets coraniques et les hadiths du prophète (paix et salut sur lui). « Nous ne sommes nullement pas vendus ou kidnappés par qui que ce soit. Nous sommes envoyés ici par nos propres parents » précise-t-il.
Notre maître réside à Bougouba et juste après la prière du petit matin, munis de nos boites de conserve vides, nous vadrouillons entre les avenues de Bamako à la recherche du pain quotidien. Nous effectuons les heures de prière dans les différentes mosquées de la capitale malienne sauf les vendredis. « Ce jour saint de la semaine, invoque la stabilité, raison pour laquelle nous restons scotchés devant la mosquée du maitre coranique », précise-t-il.
Avant de dire que le maitre ne leur exige pas de ramener une somme comme c’est la loi dans certaines zawiyas. « Nos revenus quotidiens ne sont pas fixés. Des fois on ne gagne presque rien surtout quand on est en groupe, et dans ce genre de cas on passe de porte en porte pour quémander de la nourriture. Mais il y’en a parmi nous qui on des sous couverts très généreux qui leur donnent tout le temps à manger », a-t-il indiqué.
La pratique s’avère aussi héréditaire chez d’autres comme le cas d’une jeune fille du nom de Fatoumata Sangaré, âgée de 13 ans. « Depuis mon enfance, je voyais ma mère et ma grand-mère faire la mendicité, donc elles m’ont initié à la pratique. Je sers de guide aux vieux ou des vieilles qui souffrent de la cécité », explique-t-elle. Fatoumata est une élève et c’est pendant les jours ouvrables qu’elle s’adonne à la pratique.
Elle ajoute qu’elle fait la 4ème année, les vendredis, avant les cours de l’après-midi je me rends à la mosquée et pendant les jours où elle a cour le soir elle va à la chasse entre midi et 14h30. « Je fais cela pour subvenir à mes besoins scolaires et autres. Ma mère n’a pas assez de moyens et j’ai perdu mon papa depuis toute petite », se lamente-t-elle.
Awa Ouattara, stagiaire