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Grogne au camp de Gao : Des soldats maliens en proie à la disette
Publié le mardi 24 juin 2014  |  Le Reporter Heddomadaire




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Depuis les événements des 17 et 21 mai 2014, les militaires maliens au front, surtout dans la zone de Gao et Kidal, se plaignent du même problème : leur ration alimentaire. Selon une source proche des militaires à Kidal, l’Etat avait prévu 6 millions de Fcfa par mois comme ration alimentaire, mais la réalité est autre, surtout que les gendarmes qui y étaient, ne mangeaient pas à leur faim.

Sur les 6 millions de Fcfa par mois, le gouvernement ne déboursait que 8000 Fcfa par jour, une œuvre du Commandant d’escadron, le capitaine Siaka Coulibaly à Kidal. Lors des combats du 21 mai 2014, les militaires maliens ont été envoyés sur le front sans avoir mangé. D’autres militaires rescapés qui sont actuellement à Gao disent que certains de leurs compagnons d’armes sont morts de soif. «Ils sont très nombreux à mourir de soif. Personne n’avait mangé alors qu’à la veille, le dîner n’était pas consistant. C’est vrai que les gens parlent de manque de matériels, mais un militaire qui a faim et soif ne peut pas donner un bon résultat. Les gens sont découragés et démotivés. Ils assistent impuissamment à une mauvaise gestion de leurs droits ; cela ne peut que donner le résultat que nous avons eu», révèle un soldat malien rescapé.

Le lundi 16 juin 2014, les militaires maliens à Gao ont tapé du point sur la table, pour demander à leur hiérarchie d’améliorer leurs rations alimentaires, car ce qui est préparé dans le camp n’est pas de bonne qualité et de quantité suffisante. Ne mangeant pas à leur faim, ils sont obligés de sortir du camp pour aller en ville ; ce qui n’est pas bon en cette période.

Comme les militaires du camp de Gao, les 105 revenus de Kidal ont demandé la même chose à leur Commandant. Ils étaient 168 militaires maliens qui sont revenus de Kidal, mais il ne reste que 105 dans le camp de Gao, qui sont découragés parce qu’ils ne savent pas à quel saint se vouer. Pour eux, l’Etat doit revoir la gestion au niveau de l’armée, car la hiérarchie est en train de très mal gérer les questions de rations, de primes, sans oublier les autres conditions de vie, même si le soldat ne demande pas beaucoup de confort.

Une source nous a fait savoir qu’un certain capitaine Siriman Sangaré a disparu avec les primes des soldats de Kidal. Il serait actuellement à Bamako, mais en transit à Gao, il a acheté des frigos et autres matériels. Et pourtant, il a fait savoir à ses hommes que tout l’argent est resté à Kidal, qu’il n’a pas pu prendre parce qu’ils savent comment ils ont quitté la ville.

Il faut le redire, les soldats maliens sont très déçus par leurs chefs qui excellent dans la mauvaise gestion des maigres ressources de l’Etat. «Ces chefs sont dans l'incapacité de donner aux forces armées les moyens nécessaires pour défendre l'intégrité de notre territoire national», précise notre source. Certains vont jusqu’à dire que les soldats maliens faits prisonniers par les groupes armés sont mieux nourris qu’eux.

Comme à Gao, la situation est la même pour les militaires des GTIA Sigui à Aguel Hoc et Waraba à Almoustarat. Tous affirment ne pas comprendre que leurs primes ne soient plus payées. «Cela n’est pas grave, mais nos chefs doivent pouvoir nous donner à manger : c’est le minimum que nous demandons», conclut un militaire d’Aguel Hoc, ajoutant qu’ils ne dorment aujourd’hui que sur des cartons, pour ne pas dire à même le sol. L’Etat malien est donc interpellé.

Kassim TRAORE

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