Avec les 42 cordes de leurs deux koras, Toumani et Sidiki Diabaté livrent un album somptueux célébrant le dialogue pour un pays dont le souffle puissant vibre dans chacune de leurs notes. En 1987, un jeune musicien malien de 22 ans débarquait à Londres afin d'y enregistrer Kaira ("Espoir"), son premier album instrumental à la kora, cette harpe-luth à vingt et une cordes montée sur une calebasse. Il rendait ainsi hommage, avec "cette carte d'identité musicale", au mouvement de résistance culturelle baptisé aussi Kaira pour lequel son père, Sidiki Diabaté, s'était battu. Au cours des années 1960 et 1970, ce dernier avait redonné ses lettres de noblesse à la kora et modernisé son jeu pour en faire l'un des instruments emblématiques du continent.
Depuis la sortie de ce disque fondateur, Toumani Diabaté appartient au club des musiciens qui ont rendu la musique africaine universelle, en la situant hors du temps et en repoussant toujours plus loin les limites de la kora. De cet instrument traditionnel, fleuron du griotisme et de la musique de cour mandingue, il a fait un symbole d'intemporalité en conjuguant virtuosité et innovation. Chez lui au Mali comme sur les plus prestigieuses scènes du monde, en solo, en duo, avec Ketama, Ali Farka Touré, Amadou et Mariam, Taj Mahal, Björk, Dee Dee Bridgewater et Damon Albarn, Toumani Diabaté n'a jamais galvaudé son art.