L’élection du président Ibrahim Boubacar Keïta fut un véritable plébiscite. Les maliennes et les maliens ont placé leur confiance à IBK afin de voir le Mali sortir rapidement de la crise. L’espoir des Maliennes et des Maliens, c’était de voir le pouvoir nouveau nous engager dans un processus de rétablissement de la démocratie et de correction de nombreux écarts qui ont ébranlé les fondements de l’Etat. Près de 10 mois après l’élection du président de la république et les deux gouvernements qui ont suivi, la déception s’est installée et la désillusion est presque totale chez le peuple malien.
En effet, nous pouvons dire qu’un des traits caractéristiques de la situation politique du Mali aujourd’hui, est sans doute, la mal gouvernance avec la profusion jamais égalée des mots d’ordre de tous genres. Pour un début de mandat, disons-le, le Mali est mal gouverné. Partout ou presque, on observe le clientélisme, la corruption, malgré les nombreux slogans, le gaspillage et très souvent la violation des règles élémentaires de fonctionnement démocratique de nos structures. Du sommet à la base, la cacophonie et les improvisations sont de mise à plusieurs niveaux de responsabilité gouvernementale. Ce qui n’est pas sans inquiéter les Maliens. Malgré les assurances du premier ministre Moussa Mara, rien de positif ne profile encore à l’horizon, si ce n’est les sanctions du FMI qui demande des comptes à un Etat déjà sous perfusion. L’heure est grave pour le citoyen moyen. Un proverbe ne dit-il pas que « ventre vide n’a point d’oreille. Les Maliens attendent toujours sans rien voir. L’avenir de nos enfants est-il mis à l’hôtel des sacrifices ? Des dirigeants en faute ne veulent plus s’assumer. Après le premier ministre lui-même, le ministre de l’éducation nationale, Mme Jacqueline Nana Togola aussi défie les élus. Pas question de démissionner, mais les autres peuvent payer les frais. Pourtant le président IBK a toujours juré la main sur le cœur d’aller à l’excellence. Des fautes très graves viennent d’être commises par des grands responsables de la république. Que dire de l’évasion récente de prisonniers, chose qui démontre que la capitale est loin d’être sécurisée. Les nominations ont donné une impression de clientélisme où les titulaires sont très souvent de la famille présidentielle et affiliés, sans souvent tenir compte des critères de compétences, d’expérience dans le travail. Aux yeux des citoyens c’est tout comme si l’attribution d’un poste dans l’administration est conçue par le pouvoir comme un moyen de rétribuer les services rendus ou de procurer des moyens de subsistance aux membres de leurs familles. Ce clientélisme débouche sur une privatisation des fonctions : les emplois administratifs ne sont pas considérés comme des charges au service de l’intérêt collectif, mais comme des sources de revenus. Il ne s’agit pas d’être un grand commis de l’Etat pour des fonctions stratégiques. Souvent, on a l’impression d’avoir à faire à des stagiaires. En tout cas, cet amateurisme inquiète et le président IBK doit encore reculer pour pouvoir mieux sauter. Cela est d’autant plus nécessaire que la stabilité, la paix et le bonheur du pays, en dépend.