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Plus de 30 personnes arrêtées dans l’achat des sujets et de vente de diplômes : La justice sur les traces des corrupteurs: élèves et parents d’élèves
Publié le jeudi 26 juin 2014  |  Le 22 Septembre




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La justice est déterminée à aller jusqu’au bout dans l’arrestation des personnes impliquées dans l’achat des sujets des examens de fin d’année et dans la vente des diplômes au département de l’Education nationale. Après l’arrestation de plus 30 personnes au ministère de l’Education nationale, dans les Académies des rives gauches et droites, la justice est désormais sur les traces des corrupteurs. C’est-à-dire des gens qui sont au centre de ce réseau mafieux. Il s’agit des élèves et des parents qui auraient donné de l’argent pour acheter les sujets et les faux diplômes.

Des découvertes accablantes

Auparavant, le ministre de l’Education nationale, Togola Jacqueline Marie Nana, avait fait des révélations, au cours de la séance de questions orales à l’Assemblée nationale, initiée par l’Honorable Bréhima Béridogo, député élu à Kadiolo.
Après les fuites constatées lors des examens du DEF et les fraudes lors du bac, le ministre de l’Education nationale avait déclenché une enquête pour situer les responsabilités dans cette affaire. Togola Jacqueline Marie Nana avait promis d’aller jusqu’au bout pour démanteler ce réseau. Ses enquêtes viennent de frapper fort avec des résultats qui n’honorent pas notre pays. En effet, les enquêteurs du ministère de l’Education ont découvert et saisi 200 copies de diplômes du DEF préétablies avec les noms des candidats de la session de juin 2014 entre les mains d’un planton, une personne a été arrêtée en possession de 7 millions de FCFA cotisés pour faire passer les élèves.

Surprise, surprise : une liste de candidats admis au bac avant même la proclamation des résultats a également été découverte. C’est ce réseau que les enquêteurs ont pu démanteler, avec l’appui des forces de l’ordre et des services renseignement. Conséquence, plus de 30 personnes arrêtées et mises en garde en vue le lundi dernier. Parmi ces personnes arrêtées, on trouve des agents du Centre national des examens et concours de l’éducation, avec en tête un chef de division, un Directeur adjoint d’Académie, des membres des Académies des rives gauche et droite, des responsables de l’enseignement fondamental et un agent de la Direction des finances et du matériel du ministère de l’Enseignement supérieur.

Dans le lot des personnes arrêtées, on trouve également la femme du grand frère d’un ministre et un proche parent de la ministre elle-même. Malgré ses affinités avec les personnes arrêtées, selon nos sources, Jacqueline Marie Nana a ordonné de poursuivre les arrestations. N’est-ce pas là la preuve de sa détermination à aller jusqu’au bout pour combattre cette fraude et fuite organisées devenues un véritable business ? C’est ce combat que Jacqueline Marie Nana est en train de mener depuis son arrivée à la tête de ce département pour arriver à démanteler ce réseau. Ce que beaucoup de ses prédécesseurs n’ont pas pu faire. Secret de femme peut-être?
Des fraudes mais pas de fuites

En initiant cette séance de questions orales, dans un premier passage, le député élu à Kadiolo voulait savoir si l’opération de renouvellement opérée par Mme la ministre avait été menée avec discernement et le réel souci de compétence et d’efficacité qui auraient dû y présider. Il a également demandé des explications à Mme Togola concernant cette fuite massive. Le député, membre de l’opposition, s’est aussi interrogé quant à la crédibilité des diplômes qui seront délivrés dans ces conditions.
En réponse à ces interrogations, le ministre de l’Education a affirmé que ces nominations entrent dans le cadre normal du fonctionnement des services publics.

Selon elle, au bout d’un certain temps, il est nécessaire de procéder à une redynamisation des effectifs en vue d’atteindre les objectifs fixés, surtout que parmi les personnes relevées, certains étaient à leurs postes depuis 15 ans. Elle a soutenu que ces nominations n’ont pas été faites sur des bases partisanes. Selon elle, elles ont été effectuées selon des critères du diplôme, de la compétence, de l’expérience professionnelle et la probité morale. S’agissant des fuites observées au DEF, elle a martelé qu’elles sont en cours depuis 20 ans au Mali.

«Elles ne sont pas nouvelles à ce que je sache. Qui au Mali ignore que, chaque année, il y a fuites et fraudes aux examens? Si cette année, il y a eu tout ce bruit, c’est parce qu’au département, nous avons infiltré les milieux, ratissé les cybers café et trouvé parmi des dizaines de faux sujets, devenu un commerce juteux en période d’examen, les vrais sujets et nous avons réagi en procédant au changement des sujets de Sciences naturelles, Physique Chimie, Anglais et Education Civique et Morale. Il n’y a pas eu plus de fuites cette année que les 15 années.

La gestion a été tout simplement différente. Il y a peut-être eu des fraudes. On ne peut pas faire un examen au Mali sans qu’il n’y ait des fraudes», a-t-elle déclaré. Avant de souligner que si les diplômes délivrés depuis 15 ans sont crédibles ceux de cette année le seront beaucoup plus. Elle a aussi profité de cette tribune pour informer les élus de la nation du démantèlement d’un grand réseau spécialisé dans le trafic de faux diplômes du DEF et du bac. Selon elle, depuis des années, ce réseau a fait passer frauduleusement des centaines de candidats moyennant la somme de 350 000 F CFA. C’est pourquoi, elle a estimé qu’après ce nettoyage que son département s’achemine vers la crédibilité de nos examens.

L’argent des ateliers mangé sans aucune réalisation
Au cours de son second passage, le député élu à Kadiolo a indiqué qu’il a voulu cette séance de questions orales par devoir d’informer le peuple sur ce qu’il s’est passé. Selon lui, quand le changement attendu et la volonté du peuple de rompre avec les pratiques anciennes n’arrivent pas, l’Assemblée nationale est en droit d’interpeller le Gouvernement. Il a informé le ministre qu’au passage des députés dans certains centres, les sujets étaient vendus à 3000 F CFA. Ce qui lui a fait dire qu’il y a eu fuite. Il a conclu par demander à Mme la ministre ce qu’elle reproche aux cadres qu’elle a relevés.

En réponse, Mme Togola a indiqué que les mutations ont été faites par souci d’efficacité. Selon elle, les DCAP privilégiaient le travail administratif au détriment du pédagogique. Elle a noté que sur les 18 Directeurs d’Académie d’Enseignement (DAE), seulement 6 ont été relevés. Les autres ont été affectés à d’autres postes pour qu’ils puissent faire bénéficier leurs expériences à d’autres localités.
«Si j’ai été obligée de me séparer des cadres du Centre national des examens et concours de l’éducation, c’est parce que dans ce service, les pratiques mal saines avaient tendance à prédominer.

A la Direction nationale de la pédagogie, les ateliers prévus n’étaient jamais organisés, mais on s’organisait à faire sortir l’argent budgétisé pour ceux-ci. Il ne faut pas confondre fraudes et fuites. Nous avons fait, en 3 jours, le travail de 30 inspecteurs de l’éducation qui le font en 2 ou 3 mois. Cela ne peut pas se faire sans les imperfections», a-t-elle précisé. Et pour montrer que la crédibilité des diplômes de cette année ne sera pas mise en cause, elle a annoncé que la Tunisie a augmenté le nombre d’élèves devant bénéficier les bourses d’études de ce pays. Elle a conclu par inviter les députés à l’aider dans la sensibilisation pour combattre fléau.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout le monde doit soutenir la ministre dans cette initiative. Car, c’est comme cela que nous pourrons assainir l’éducation de nos enfants afin que l’école malienne puisse retrouver son lustre d’antan. Pour l’honneur du Mali.
Youssouf Diallo

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