La répartition régionale du Mali est issue de la déconcentration unilatéralement occasionnée par les deux premiers régimes, tous embryons du modèle colonial français.
Seulement la création de la région de Kidal fut le fruit d’une ébullition politique récente.
Au Mali, l’État est longtemps devenu une forme de « symbole » typiquement imaginaire car il ne s’est pas doté des mesures nécessaires à la mise en œuvre de ses chantiers. Il y a certes une partie de cet échec qui provient de la carence de leadership, comme diront certains, mais aussi d’une inadaptation de la « formule brute » de la gestion de l’autorité sur l’étendue territoriale.
L’État nation porté aux nues n’existera pas sous une forme républicaine. Il demeurera une mascarade à l’image des institutions actuelles.
Au vu de la dimension territoriale du pays, de ses diversités et des fossés de développement qui y courent, l’État nation porté aux nues n’existera pas sous une forme républicaine. Il demeurera une mascarade à l’image des institutions actuelles.
L’État nation ne se bâtira que sur une nouvelle répartition fondamentalement consensuelle et profondément citoyenne à la base. Les différences culturelles et linguistiques des communautés ne constituent un handicap que par la façon dont nous percevons la dynamique de l’évolution historique de l’État.
Le territoire qui constitue le Mali indépendant à partir de 1960, est un pays dont les bases d’une organisation politique et administrative sont naturellement préétablies suivant des facteurs simples et palpables.
Par ailleurs, rappelons que pendant plusieurs siècles, des empires se sont successivement recomposés sur cet espace sans que les communautés ne refusent de s’y adapter et de s’y soumettre.
À partir de ce constat, la solution durable à ce conflit historique qui oppose l’Azawad aux pouvoirs centraux de Bamako, viendra à la fois d’un consensus politique entre belligérants, mais aussi de l’établissement d’un modèle adapté.
La décentralisation, une diversion qui ne tiendra pas
La décentralisation, ni dans sa définition ni dans sa mise en œuvre ordinaire, ne signifie une évolution ou une alternance par rapport à la situation actuelle. Dans cette situation, elle apparaît comme une forme limitée et usée face aux défis du temps.
La solution durable à ce conflit historique viendra à la fois d’un consensus politique entre belligérants, mais aussi de l’établissement d’un modèle adapté.
Par leurs attitudes, les différents gouvernements de Bamako ont rendu le concept de décentralisation très vulnérable dans le cas malien. Il a perdu son contenu productif de sens dans la forme républicaine des institutions d’aujourd’hui. De plus, au Mali il ne s’agit pas d’une simple question de réforme ou de régime, mais de gouvernance territoriale, sécuritaire et politico-culturelle.
La solution viendra d’un système fédéral
Il faudrait une autocritique sincère dans une volonté politique rationnelle de changement. L’autorité de l’État n’est pas uniquement l’expression de la fermeté unilatérale du pouvoir, mais une audace à reconnaître la nécessité d’aborder l’exigence de l’évolution historique. Il ne s’agit pas de tout mettre à la poubelle, loin de là. Il revient au pouvoir de faire une feuille de route stratégique pour aborder ces questions sans frustrer. En clair, l’autorité de l’État doit surtout être une capacité à répondre aux exigences des Maliens et à se doter des outils de l’action.
Chacune de ces deux parties au conflit a ses raisons qui sont logiquement liées à des facteurs évidents et engendrés par la façon dont est géré le Mali depuis les indépendances.
Dans un Mali territorial, il faut un système fédéral sur la base de deux États établis suivant le schéma politique et historique du conflit. La Fédération du Mali devra comporter deux États principaux qui seront l’Azawad et le Maliba avec la capitale fédérale à Mopti.
Une constitution fondamentale devra diriger la fédération à partir d’une charte pour chacun des deux États. L’État du Maliba dans le Sud pourra enfin choisir ou adapter la fameuse « charte de Kouroukanfouga » pour assurer son fonctionnement particulier. Quant à celui de l’Azawad, il adoptera une nouvelle charte suivant les outils disponibles à cet effet.