Arrêté deux fois, il était avec le président Soumaïla Cissé quand il a été sauvagement agressé, le député est amer et s’interroge : »Pourquoi la passivité de la communauté internationale face à un problème qui dépasse largement le Mali ? ». Venu rencontrer la presse onusienne à Genève, le Président du Comité des droits de l’homme de l’Union interparlementaire ne demande rien d’autre qu’une intervention armée de la communauté internationale pour déloger les terroristes d’Ançar Eddine qui occupent le Nord Mali. Concernant la destruction des mausolées à Tombouctou, Me Kassoum Tapo craint qu’il ne reste plus de mausolée dans cette partie du territoire malien.
Me Kassoum Tapo ne comprend pas l’attitude de la France et des Nations unies face aux terroristes du groupuscule islamiste, Ançar Eddine, qui règne en terreur au Nord du Mali n’hésitant pas à proférer des menaces ouvertes sur le reste des pays de la sous-région. Président du Comité des droits de l’homme de l’Union interparlementaire (UIP), le député malien, compte mobiliser cette organisation créée en 1889 et siégeant à Genève pour sensibiliser les parlementaires du monde entier.
Député malien, Président de la Commission des droits de l’homme de l’Union interparlementaire, Me Tapo demande l’intervention militaire de l’Onu au Mali. Il indexe également la France qui devrait être, selon lui, le premier pays sur le terrain. »Au Mali, nous sommes en train de vivre un cauchemar. La nature du problème malien a carrément changé. Nous sommes en face d’une occupation terroriste avec des gens armés de ressources illimitées », souligne-t-il, mentionnant que »l’armée malienne est en parfaite déliquescence».
Selon lui, le Mali n’a pas les moyens militaires de libérer le Nord. »Sans cette libération, comment organiser des élections avec 2/3 du pays ? », s’interroge-t-il. Il signale, par ailleurs, que l’actuel gouvernement n’a posé aucun acte concret pour libérer le Nord et aucun dialogue n’a été engagé. La balle est donc dans le camp du Conseil de sécurité, »mais il n’est pas suffisamment engagé ou déterminé ». Au niveau interne, il y a une bonne volonté de la classe politique mais la situation la dépasse. La transition a été fixée à un an. C’est à craindre qu’on en arrive à la même situation que la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, alerte Me Tapo.
Intervention militaire
Interrogé sur l’envoi de soldats au Mali pour déloger les terroristes, Me Tapo se veut plus que clair : »Nous ne demandons que cela. La classe politique, qui s’est opposée au Coup d’Etat militaire dès le début, ne demande qu’une intervention militaire. Cette intervention ne devrait pas être menée uniquement par la Cédéao, elle nécessite un appui logistique de la France et des Etats-Unis ».
Les choses traînent
Le Conseil de sécurité n’a pas encore donné le mandat nécessaire à la Cédéao et la France dit qu’elle n’agira pas sans un mandat des Nations unies. Le Conseil de sécurité, dénonce le député malien, est beaucoup plus préoccupé par la Syrie que par le Mali. En Syrie, la France s’y démène comme un diable pour obtenir une intervention onusienne. Au Mali, les mausolées sont détruits un par un ; les mains de supposés voleurs sont coupées jusqu’à ce que mort s’en suive ; un couple accusé d’adultère est frappé et humilié en public. Le porte-parole de Ançar Eddine continue allègrement à coups d’interviews dans la presse occidentale et récemment sénégalaise à narguer la communauté internationale avec l’assurance qu’elle ne réagira pas. »Le représentant du MNLA avait les faveurs et le soutien de la France », glisse Me Kassoum Tapo.
»Chassés par les islamistes, des responsables du MNLA sont venus vers nous pour négocier. Le deuxième vice-président de l’Assemblée malienne est un Touareg. Aujourd’hui, nous ne sommes plus en face d’une question de minorité touareg mais face à un problème de djihadistes, de terroristes et de trafiquants de drogues », martèle l’avocat. Qui enfonce d’autres pays qu’il ne cite pas : »Ces gens sont revenus de la Libye avec le financement de certains pays arabes et des grands trafiquants de drogues ». La France n’est pas active ni préoccupée par la situation au Mali, entonne le député pour qui »rien que l’image de la destruction des mosquées à Tombouctou devrait leur suffire pour intervenir ». »Les intérêts au sein du Conseil de sécurité déterminent les réactions », croit-il savoir.