Echanger avec les représentants de l’Etat et la population sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés en vue d’apporter les solutions idoines, c’est le principal objectif de la tournée du Premier ministre Moussa Mara, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, dans la région de Sikasso, du 25 au 29 juin 2014.
Le Président de la République a instruit à son Premier ministre, dès la nomination de celui-ci, et à son équipe d’être régulièrement sur le terrain. Cela afin d’échanger avec l’administration pour s’imprégner des problèmes auxquels elle est confrontée dans l’exécution de sa mission, de recenser les préoccupations des administrés en vue d’y apporter des solutions. Conformément à cette orientation d’IBK, Moussa Mara et plusieurs membres du gouvernement (les ministres de l’Education nationale, de la promotion des femmes, de la sécurité et de l’intérieur, de l’habitat et de l’urbanisme, de la justice, du domaine et des affaires foncières, de l’artisanat et du tourisme) ont séjourné dans la troisième région.
Le mercredi 25 juin, il a commencé par inaugurer la centrale hybride de Koumantou, une cérémonie qui lui a permis de partager les difficultés de la population de cette ville. Le maire de la commune, Zan Koné, a dressé un tableau peu reluisant de la situation. D’où il ressort que la réalisation de cette centrale hybride avait suscité l’engouement au sein de la population qui considère que l’électricité est un facteur incontournable de développement.
Cependant, affirme-t-il, cet espoir s’est effrité du fait entre autres du coût très élevé du service fourni, soit 300FCFA le KW, sans tenir compte des frais d’entretien qui coûtent à chaque abonné 3000F par mois. A cela s’ajoute la courte durée du service. Une situation qui a contraint les habitants à se désabonner de façon progressive. Partant, le maire a sollicité le gouvernement pour subventionner l’électricité rurale au même titre que celle urbaine.
Dans son intervention, si le Premier ministre s’est dit satisfait de la réalisation de cette infrastructure qui doit contribuer à la promotion du cadre de vie des habitants et au développement de Koumantou, il a exprimé son indignation face au désabonnement des clients annoncé par le maire. «L’objectif du gouvernement étant d’offrir de l’électricité à 10 millions de ruraux, si nous n’enregistrons qu’un millier d’abonnés sur 100000 attendus à Koumantou, du fait des désabonnements, l’objectif escompté sera difficile à atteindre», a-t-il déploré. Cependant, Mara a promis que le coût, facteur de découragement des usagers, fera l’objet d’évaluation au niveau du gouvernement afin de trouver un tarif correspondant à la bourse des usagers. Néanmoins, les partenaires techniques et financiers (Pays Bas, Russie et Banque Mondiale) se félicitent du changement que la centrale hybride a apporté dans la vie quotidienne de la population de Koumantou avant d’ajouter que l’électrification rurale au Mali est considérée comme un succès dans la sous-région.
Koutiala : la population sollicite la réouverture de l’Huicoma
Après avoir été chaleureusement accueilli le jeudi 26 juin à Koutiala, Moussa Mara a longuement échangé avec l’administration d’Etat, les élus locaux et la société civile de Koutiala et de Yorosso au conseil de cercle de la capitale de l’or blanc.
A l’entame, le maire de la commune urbaine de Koutiala a souligné que sa commune est confrontée au non paiement des Tdrl (taxes de développement régional et local) qui constituent la principale source financière de la commune. Le taux de recouvrement s’élève à seulement 3%. Cette situation a été aggravée par la fermeture de Huicoma qui a augmenté le nombre de chômeurs dans sa localité. Face à cette situation, le maire a sollicité le gouvernement de tout mettre en œuvre pour que Huicoma puisse être opérationnelle à nouveau. Avant de prier le gouvernement de bitumer la route Koutiala-Fana via Konséguéla.
Quant au préfet Sékou Coulibaly, il s’est plaint du manque de moyens de travail et de ressources humaines. Cependant, poursuivra-t-il, «malgré l’insuffisance des moyens, l’administration fonctionne normalement».
Au terme de sa communication, il a égrené un chapelet allant de la dotation des administrateurs en moyen de déplacement adéquats au renforcement des ressources humaines, la construction de nouveaux lycées publics etc. S’agissant de la société civile, elle a formulé une batterie de doléances. Notamment la promotion des infrastructures scolaires, routières et surtout sanitaires. Car, selon Abdoulaye Goïta, président des municipalités de Yorosso, le Centre de santé de référence de sa commune est confronté à un manque criard de spécialistes, notamment en gynécologie.
Etait également au menu des préoccupations de la population, la sécurité, car disaient-t-ils, à Koutiala, on assiste à de nombreux homicides, attaques et braquages en pleine journée sans qu’aucun des malfrats soit arrêté. «Nous sommes tous en insécurité ici à Koutiala», s’indignait un des intervenants.
Après avoir attentivement écouté les différents intervenants, actualité oblige, le PM Mara a rappelé les dimensions de la crise du nord provoquée par la rébellion et la cancérisation des terroristes et narcotrafiquants dans cette zone. Pour gérer cette crise, indique Mara, le Mali privilégie le dialogue. Mais, prévient-t-il, « il ne faut pas se leurrer, il n’y a pas de discussion possible avec certains groupes armés.
Aux préoccupations évoquées, le Chef du gouvernement et les membres de son équipe ont apporté des réponses appropriées.
Aux administrateurs, le Premier ministre a instruit de servir et satisfaire les usagers dans le respect de la loi sans faire non plus la promotion de l’impunité. «Ce n’est pas l’armée qui rend un Etat fort. La justice a un rôle capital dans la consolidation de l’autorité de l’Etat» soulignera-t-il. Sur ce, il a exhorté la justice à jouer pleinement son rôle, seul gage pour rétablir la confiance entre la population et l’Etat.
Afin de s’imprégner de l’évolution du chantier de l’Institut de formation des maître de Koutiala et de galvaniser les responsables du chantier, Mara et sa suite se sont rendus sur les lieux. Pour plus d’un milliard de FCFA, les travaux de construction de l’IFM de Koutiala avancent avec un délai consommé de 52%, le taux d’exécution des travaux est estimé à 46% et la fin du chantier est prévue pour décembre prochain.
Le même jour, il a effectué une visite au centre d’instruction militaire de Koutiala. Malgré les difficultés, nous vous affirmons que nous allons mener à bien notre mission, ont laissé entendre les responsables militaires. Et Mara de les encourager pour l’exaltante mission qu’ils accomplissent. «Le choix que vous avez fait est certes difficile mais exaltant
Sikasso : la spéculation foncière et la construction d’une université régionale au cœur des préoccupations des Sikassois
Le 27 juin, Moussa Mara et sa suite ont rencontré l’administration et la population de Sikasso et de Kadiolo. Il a fait savoir à l’assistance qu’aucun agenda chargé ne peut justifier le cantonnement du gouvernement à Bamako pour délaisser la majorité de la population à l’intérieur du pays. «Nous sommes là par devoir de vous satisfaire afin que chacun se sente Malien», précisera-t-il.
Après la présentation de la situation sécuritaire, alimentaire, éducative et économique de la région par le gouverneur Mahamadou Diaby, les intervenants ont tour à tour dénoncé la spéculation foncière qui gangrène Sikasso. «À Sikasso, les pauvres n’ont plus voix au chapitre. On nous exproprie nos terres au profit des plus nantis» se plaignaient-ils. Selon eux, le fait marquant aujourd’hui à Sikasso dans ce domaine est l’expropriation des villages séculaires par des particuliers au motif qu’ils ont des titres fonciers sur ses villages.
Outre ces cris de cœur, le maire de Sikasso Mamadou Tangara a dans son allocution sollicité la construction d’une université régionale, le bitumage de la voie d’accès à l’Hôpital, des routes Kadiolo-Sikasso, Kolondiéba-Sikasso.
A ces revendications du maire s’ajoutent celles d’autres habitants qui réclament la promotion de l’employabilité des jeunes et la dotation de la gendarmerie en une infirmerie digne du nom.
Les ministres des domaines et des affaires foncières et de la justice présents ont été bien servis. Tiéman Coulibaly a laissé entendre que les textes régissant la gestion des terres sont violés par les autorités régionales et les populations tout en promettant que chacun rentrera dans ses droits et que les fauteurs seront punis.
Quant au ministre de la justice, Mohamed Aly Bathily, il a reconnu que l’injustice a atteint son paroxysme à Sikasso. «Le temps de l’injustice est révolu. Nul n’est au-dessus de la loi. Tous ceux qui ont fabriqué des faux titres fonciers sur les terres coutumières et d’autrui seront traduits en justice avec leurs complices», a-t-il déclaré.
Satisfait des réponses apportées par ses ministres, Mara a notifié son engagement à les soutenir dans la résolution de ces questions.
Pour finir, un don de 300 kits composés de vivres a été fait aux musulmans du Kénédougou.
Oumar KONATE
Envoyé spécial à Sikasso