Les observateurs qui s’attendaient à un grand chamboulement à l’occasion de la recomposition gouvernementale exigée par la CEDEAO auront été déçus. En effet, contrairement à l’impression qu’il avait laissée lors de son allocution télévisée du 29 juillet dernier, le Président Dioncounda Traoré n’avait pas imposé ses vues. Il s’était plutôt contenté d’avaliser le résultat des rapports de forces en présence.
C’est ainsi que tout logiquement, c’est le Premier ministre sortant et les proches de l’ex- junte militaire qui se sont taillé la part du lion dans la nouvelle équipe gouvernementale. Qu’elles se soient opposées ou aient soutenu les putschistes, les autres entités politiques et sociales se sont plutôt contenté de miettes. Pour le moment, chacun essaie de faire semblant d’être content, mais en réalité, il n’en est rien. Un autre gagnant dans le nouvel attelage gouvernemental, c’est le Haut conseil islamique (HCI). Les activités de ces derniers temps de l’Imam Mahmoud Dicko semblent avoir prouvé que la solution de la crise du pays nécessite la participation de cette instance religieuse. Cette nouvelle réalité est désormais officiellement attestée avec la création d’un département ministériel dédié aux Affaires religieuses et au Culte.
Par contre, le médiateur burkinabé pourrait avoir perdu la main dans la crise malienne, en tout cas si l’on s’en tient au sort qui a été réservé à Sadio Lamine Sow dont on disait qu’il est le représentant attitré du Président Blaise Compaoré dans le gouvernement malien. Et l’on se demande s’il ne faut pas voir là le fait que les négociations n’auront plus droit de cité dans les perspectives de solution de la crise qui se joue au Nord du pays. Mais au-delà, et avant même cette question d’approche à adopter vis-à-vis des occupants des régions septentrionales, il est fort à parier que des bisbilles ne vont pas manquer d’éclater très prochainement à propos de cette nouvelle formation gouvernementale parce que les antagonismes d’avant cette formation persistent encore. Or le fait que les différents camps politiques aient été inéquitablement pourvus ne permet pas de neutraliser les rivalités.
Du coup, ce sont les meneurs de jeu, notamment le Premier ministre Cheick Modibo Diarra et les proches du Capitaine Sanogo, qui vont mener la politique et la stratégie du gouvernement par rapport à la mission de reconquête du pays. Sauf qu’il est désormais démontré que ce tandem (Cheick Modibo Diarra et le Capitaine Sanogo) ne dispose pas toujours des ressources, initiatives et de la volonté nécessaires pour aller à l’assaut d’une telle mission.