Le projet financé par la FAO vise l’application efficace des normes sanitaires des aliments en formant tous les acteurs intervenant dans le secteur.
Bamako, comme la plupart des capitales africaines, est envahie par des gargotes qui assurent de façon informelle l’alimentation d’une grande partie de sa population. Ces gargotes s’adonnent à ce que les experts appellent la vente d’aliments sur la voie publique, vente qui est un créneau en expansion continue. Le concept « aliments vendus sur la voie publique » décrit une gamme variée d’aliments prêts à consommer et de boissons vendus et souvent préparés le long des rues. La vente informelle d’aliments ne représente pas seulement une source de revenus temporaire. Elle devient l’option principale à long terme pour les groupes les plus vulnérables dans les zones urbaines et périurbaines.
Après avoir fait ce constat, la FAO a mené une évaluation dans notre pays et en Côte d’ivoire. Elle a notamment multiplié les entretiens tant avec les restaurateurs qu’avec les consommateurs. Ces recherches ont montré qu’en raison de la mobilité accrue des populations des zones urbaines, la plupart des écoliers et des travailleurs des villes consomment les aliments offerts par les restaurants de rue plusieurs fois par semaine. Ces aliments sont principalement des mets locaux et représentent une part importante de l’apport calorique ou nutritif de la population. Les résultats préliminaires des recherches démontrent qu’il est urgent d’investir dans ce secteur dans la mesure où la majorité des problèmes de sécurité sanitaire persistent en dépit des formations organisées au cours d’années récentes pour tenter de les résoudre. D’où l’initiative d’un projet dénommé « Assurer l’approvisionnement en aliments vendus sur la voie publique sûrs et de bonne qualité pour une meilleur santé publique ».
Ce nouveau projet a été lancé mercredi à travers un atelier dans la salle de conférences de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA). Les travaux étaient présidés par le Dr. Ibrahima Coulibaly, conseiller technique au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. C’était en présence de la représentante de la FAO dans notre pays, Mme Fatouma Saïd, et du directeur général de l’ANSSA, le Pr. Akory Ag Iknane.
AUCUNE CONNAISSANCE PROFESSIONNELLE. Le présent projet qui possède une envergure régionale ambitionne d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans notre pays. Il s’efforcera d’assurer une meilleure qualité et sécurité sanitaire des aliments à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement. La démarche s’articule autour de trois volets : la sécurité sanitaire des aliments, les aspects nutritionnels des aliments de rue et la gestion des affaires de restauration de rue. Financée à hauteur de 137 millions de FCFA dans notre pays, l’initiative couvrira également la Côte d’ivoire et le Tchad.
Parmi les actions prévues, Mme Fatouma Saïd a annoncé un programme de formation qui concernera le personnel des ministères de tutelle technique et les agences au niveau central responsables du contrôle des aliments, des services de santé et de nutrition, de l’aménagement du territoire. Les formations concerneront également le personnel des agences techniques, les autorités locales, les personnels d’institutions comme les hôpitaux, les écoles, les universités et les institutions privées.
Les restaurateurs de rue seront bien entendu formés sur les concepts et les pratiques de sécurité sanitaire et de qualité des aliments, les principes de base de la nutrition et de la gestion d’entreprise. En effet, les faits montrent que la majorité des restaurateurs de rue se lancent dans cette activité sans connaissance préalable de la manipulation, de la préparation et de la conservation des aliments dans la mesure où ils n’ont aucune connaissance professionnelle du métier. Or, relève la représentante de la FAO dans notre pays, la méconnaissance des règles et normes les plus élémentaires d’hygiène sanitaire et de sécurité sanitaire des denrées alimentaires constituent un risque potentiel pour la santé des consommateurs et revêt un caractère urgent de santé publique.
Le représentant du ministère de la Santé et l’Hygiène publique, le Dr. Ibrahima Coulibaly, dira qu’il s’agit à travers ce projet de mettre en évidence certaines contraintes au développement harmonieux du secteur de l’alimentation de rue. C’est pourquoi il a invité à une réflexion de qualité sur les axes stratégiques à développer au niveau national pour qu’au terme du projet notre pays puisse disposer d’un plan d’action national qui permettra de sortir l’alimentation de rue du cadre informel. Et de faire d’elle une activité formelle au grand bénéfice des opérateurs du secteur et de tous les consommateurs.