Les acteurs nationaux et étrangers qui se seront battus pour que le Président Dioncounda Traoré mette sur pied un nouveau gouvernement d’union nationale ne voyaient, dans cette requête, qu’une étape dans la résolution de la crise malienne. Au bout de l’enjeu, il y a la reconquête du Nord, soit par des négociations, soit par la guerre. C’est ainsi que, malgré les réserves sournoises exprimées ici et là par rapport à la composition même du nouveau gouvernement, les uns et les autres préfèrent se focaliser sur le prochain objectif : la libération du Nord.
Les bandits rebelles, qui sont actuellement les véritables maîtres des trois plus grandes régions du Nord, ne veulent guère se laisser impressionner. C’est ainsi qu’au lendemain même de la formation de ce gouvernement, Ançardine et le MUJAO annoncent l’interdiction de la diffusion de la musique occidentale sur les radios privées de la zone qu’ils contrôlent. C’est l’accueil le plus audacieux que les intégristes du septentrion pouvaient réserver au dernier acte du pouvoir central de Bamako. C’est également la preuve qu’ils n’entendent pas se laisser intimider par la perspective d’une entreprise de reconquête du Nord. Aussi continuent-ils leur aventure obscurantiste. Mais le problème, c’est qu’ils entrainent dans leur sillage les malheureuses populations de cette partie du territoire malien. En soi, cette autre dérive intégriste d’Ançardine et du MUJAO doit être interprétée du côté de Bamako comme étant la preuve de la disponibilité des adversaires nordistes à faire face à toutes les options. Ançardine et le MUJAO se disent prêts à affronter toutes les adversités. Une telle détermination doit susciter une large et profonde réflexion quant aux options à envisager face à ces criminels qui se prétendent ardents défenseurs de la cause de Dieu. Il ne faut surtout pas y aller avec négligence ou légèreté. Le défi requiert que le Mali mette de côté son orgueil et sa fierté légendaire. Au regard des enjeux, l’armée malienne devrait surtout réaliser que la souveraineté nationale est en fait inexistant depuis que les rebelles du MNLA (d’abord) et les Moudjahidines d’Ançardine, du MUJAO et d’AQMI ont réussi à prendre le contrôle des deux tiers du territoire national.
Dans un tel contexte, le fait d’accepter l’aide proposée par certains pays africains (entre autres) vise au contraire à restaurer cette souveraineté bafouée et cette humiliation subie. Il ne faudrait pas alors que des acteurs politiques ou sociaux, défendant des intérêts bassement égoïstes qu’ils camouflent dans un nationalisme mal à propos, contribuent à pérenniser cette crise qui n’est pas préjudiciable qu’au seul Mali. Autrement, le regret sera immensément grand pour tout le monde.