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Gouvernement/Groupes armés : Vers un accord définitif de paix ?
Publié le jeudi 3 juillet 2014  |  Le Flambeau




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Le Mali a encore chaud. Il cherche à redresser la tête, à tourner la page, à remonter la pente creusée par la crise. Mais il reste que cet effort de ressaisissement se heurte, malheureusement, aux murs des problèmes sociaux, économiques et politiques à régler. Des sujets d’examens nationaux vendus aux élèves dont les parents sont peu soucieux de la qualité de leur formation, une vie on ne peut plus chère, une économie plombée, étalage insolent du chômage des jeunes, baisse du pouvoir d’achat. Et ce qui a rajouté une louche à l’inquiétude des uns et des autres, c’est a n’en point douter la décision du FMI et de la Banque Mondiale de bloquer l’aide qu’ils devaient accorder au Mali.

Une décision dont on se demande à quoi elle avancera les institutions de Breton Woods, qui semblent aveugles aux nombreuses souffrances qu’endurent ces peuples qui sont les seuls » loser » et non leurs dirigeants.


Mais le sujet qui cristallise toutes les attentions et vaut au Mali d’être sous les projecteurs de l’actualité est la question des négociations avec les groupes rebelles armés (MNLA, HCUA, MAA). Des négociations pour lesquelles le Mali se trouve sous des pressions internationales, en provenance surtout de l’ONU et de la France. C’est entendu, le gouvernement malien et les groupes rebelles armés iront en mi-juillet en Algérie pour des dialogues devant déboucher sur une paix définitive. C’est d’ailleurs dans cette optique que le président burkinabé, Blaise Compaoré, par ailleurs médiateur de la CEDEAO, est en visite au Mali. Un médiateur parmi tant d’autres, que les critiques dans la presse locale n’épargnent pas. Algérie, CEDEAO, Maroc…des médiateurs antinomiques pour négociations compliquées. On sait que l’Algérie, avec une frontière de 1400 kilomètres avec le Mali, a eu à abriter des dialogues entre le gouvernement malien et les groupes rebelles, cela en demeurant toujours dans le camp des partisans d’une solution politique.


En l’espèce, elle est restée fidele à la même ligne de conduite même si, par ailleurs, l’on craint que sa rivalité avec le Maroc au sujet du conflit du Sahara Occidental n’affecte ces négociations. On pourrait déduire que ces négociations seront tendues; elles le sont déjà à partir du moment où le gouvernement malien parle de décentralisation alors que la rébellion label MNLA n’exclut pas un fédéralisme avec » l’Azawad au nord et un Etat au sud, soutenu par une présidence tournante. » Ce projet, disons le tout de suite, est voué à l’échec. Cela dit, il faut regarder les choses du bon coté. Tous ceux qui ne refusent pas de voir se sont rendus compte qu’ « il n’y a pas de solution militaire dans le nord, et que le dialogue est la seule solution », comme l’a dit récemment le premier ministre Moussa Mara dans une interview accordée à Libération.

Une position qui aura du mal à recueillir adhésion de beaucoup dans l’opinion, qui sont hostiles à la négociation, et pour qui le statu quo à Kidal est une salissure sur le nom du Mali : des partisans à tous crins de la guerre.


Sauf qu’aujourd’hui, seul le dialogue permettra au Mali de fermer la fenêtre de la rébellion. Et ce qu’il faut dire, c’est qu’en acceptant de négocier le gouvernement malien relance le débat sur les accords passés, lesquels se sont avérés défectueux: 1990, pacte nationale (11avril 1993), accord d’Alger (4 juillet 2006)… Aucun de ces accords n’a pu signer la fin des rebellions au Nord du Mali, ce qui indique qu’il y a baleine sous le gravier. Le fait est que ces accords ont fait le black-out des vraies causes du manque de développement économique et social au Nord: manque d’éducation, féodalité, mauvaise gestion des ressources de l’Etat, absence de projet politique de développement, difficile accès aux soins de santé, manque de protections des populations. Ce sont là les véritables préoccupations des populations au nord qui n’ont rien à faire avec les revendications des groupes rebelles qui ne cherchent qu’à sauver la mise a eux-mêmes: les chefs bénéficient de promotion, les autres intégrés ou réintégrés. Il faut donc placer au centre des négociations les vraies aspirations des populations du nord, ces populations au nom desquelles ces groupes rebelles prétendent prendre les armes, mais qui ne les ont jamais mandatées.

Car le risque, avec les négociations qui se pointent à l’horizon, est que les groupes armés (notamment le MNLA et consorts) risquent d’obtenir par le dialogue ce qu’ils n’ont pas pu obtenir par les armes.


Boubacar SANGARE

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