Le président du Faso, l’inamovible Blaise Compaoré (du moins pour le moment), était au Mali du 30 juin au 1er juillet 2014. Pourquoi faire ?
Le président burkinabè et médiateur dans la crise malienne, Blaise Compaoré.
Les rapports diplomatiques entre le Burkina et le Mali sont teintés d’hypocrisie, on le sait, depuis que Ouaga loge et protège les déstabilisateurs du Mali qui ne sont autres que les rebelles du Mnla et autres groupes armés. Le Burkina Faso dans l’imaginaire malien est l’une des bases-arrière de ceux qui ont osé prendre des armes contre la République, contre leur patrie. Et Blaise ne s’en offusquait point. Loin s’en faut, il narguait même les autorités maliennes. Il était l’alpha et l’oméga des rebelles touareg à telle enseigne que ces derniers exigent toujours que toutes les négociations se fassent à Ouaga.
Impassibles tout de même et au risque de ne pas s’exposer à une brouille diplomatique ouverte avec ce pays, les autorités maliennes tentent vainement de dissimiler le jeu trouble de leur voisin qui s’est arrogé dans leur crise un rôle clé. En revanche, les Burkinabé de la rue et même certains journalistes de la presse privée burkinabé que votre serviteur a rencontrés à Ouaga et à Bobo Dioulasso en 2012 et 2013, au fort moment de la crise, s’accordent à dénoncer le comportement de leur président dans la gestion de la crise malienne. Un confrère burkinabé que nous avons coutume de taquiner, pendant notre séjour, en lui disant «le Burkina soutient les rebelles… », et il n’hésitait pas à rétorquer : « non, c’est Blaise et Bassolé qui soutiennent les rebelles maliens. Le Burkinabé lambda soutient le Mali… ». Très évocateur et caricaturale de ce que pensent les pauvres bouts de bois de Dieu de ces deux pays frères.
Un journal de la place titrait en Une, dans sa livraison d’avant hier lundi: « Blaise court derrière sa place de médiateur ». D’autres médias traduisent la visite de Blaise Compaoré par le fait que la Cedeao voulait retrouver sa place de médiateur dans la crise malienne. Possible.
De notre point de vue, le médiateur dans la crise malienne, Blaise Compaoré, doit être révoqué pour avoir pris de manière flagrante partie pour les rebelles indépendantistes. Au gouvernement malien de prendre l’initiative de demander à la Cedeao cette révocation qui fera sans doute avancer ce dossier brûlant.
Blaise Compaoré était-il venu au Mali pour narguer les Maliens et réaffirmer la justice des vainqueurs ? Rien n’est moins sûr. En tous les cas, puisque le Mali est vaincu et que le nord est retombé dans les mains des groupes armés indépendantistes qui ont bâti leur QG politique dans la capitale burkinabé au vu et au su de tout le monde, il y a lieu de se poser des questions sur les motivations réelles de cette visite du président burkinabé que le charbonnier, le commerçant, la vendeuse de pagnes et même certains intellectuels maliens n’ont pas tellement aimée.