Le Premier ministre, Moussa Mara, était à Sikasso, la semaine dernière. Prétexte de ce voyage ? Transmettre le message du chef de l’Etat aux populations de la 3ème région. Comme si le président IBK lui-même ne peut aller à la rencontre de ces braves populations du Mali profond. En réalité, Mara, expert-comptable de son état, excelle dans les calculs politiques. Et ce n’est guère surprenant que ses deux premiers voyages, en tant que Premier ministre, aient été respectivement réservés au nord (au mois de mai dernier) et à Sikasso où son déplacement avait des objectifs inavoués...
Ainsi, Sikasso est un immense réservoir électoral que toutes les formations politiques rêvent de conquérir. Or, le parti de Mara, Yelema, est un micro-parti qui ne dépasse pas le cadre de la commune IV du District de Bamako et qui n’a qu’un seul député à l’Assemblée nationale. Alors, le calcul de l’expert-comptable est simple : conquérir Sikasso, où à défaut, une partie de cette localité pendant qu’il est temps. Le moment est propice !
Il est à la Primature et il dispose des moyens de l’Etat pour réaliser des folies. Mara trouve un bon prétexte pour se rendre à Sikasso. Tout comme il l’avait fait pour Kidal. Mais dans cette localité, le calcul politique s’était vite transformé en cauchemar pour Moussa Mara. Il a provoqué l’ire des mouvements armés qui ont pris pour cible lui et sa délégation. Prompt à détaler au premier coup, Moussa Mara sacrifie de pauvres administrateurs dont six ont été froidement assassinés. Au lieu d’assumer le drame de Kidal, le populiste tente de justifier l’injustifiable en ce qui concerne son déplacement (désastre ?) kidalois. Au Mali, le ridicule ne tue plus…
Mais, l’opinion malienne n’est pas dupe. Elle sait parfaitement que Moussa Mara excelle dans les jeux et autres calculs politiques. C’est cette stratégie qui l’a poussé à être aux côtés d’Amadou Toumani Touré pendant dix ans. Après le coup d’Etat, il a couru chez Sanogo et sa bande… C’est cette même stratégie de positionnement calculé qui l’a amené chez IBK, au second tour de la présidentielle. Jusqu’à quand ? Et jusqu’où ira Mara ? Cependant, l’expert-comptable, devenu expert politique, doit avoir à l’esprit qu’on « peut tromper tout le peuple pendant un bon bout de temps, mais l’on ne peut tromper tout le peuple pendant tout le temps ».
CH Sylla