Lorsque, en 2012, Al-Qaïda au Maghreb islamique contrôle Tombouctou et détruit des mausolées, une poignée d’habitants s’organise et exfiltre clandestinement vers la capitale plus de 300 000 manuscrits dont les plus anciens datent du XIe siècle. Retour sur le secret le mieux gardé du Mali.
Le gardien, un homme frêle et visiblement usé, est au rendez-vous. Il attend avec ses clés au premier étage d’un immeuble moderne qui en compte trois. Sans un mot, il ouvre une première porte qui donne sur un couloir étroit. Puis une grille. Et une autre porte. Des dizaines de malles en fer plus ou moins grandes, plus ou moins cabossées, bleues, grises ou métallisées, s’entassent là, les unes sur les autres, dans cette petite pièce sans ventilation et sans autre lumière qu’un néon en bout de course.
Dans le voisinage de cet immeuble du quartier de Baco Djikoroni, à Bamako, personne ne sait que l’appartement dans lequel nous venons de pénétrer renferme un véritable trésor. Personne ne se doute que l’homme qui y vit, un Tombouctien, est un acteur de ce qui pourrait être le secret le mieux gardé du Mali d’aujourd’hui.