C’est désormais un secret de polichinelle qu’un complot ourdi depuis certaines capitales occidentales avec comme relais locaux les mouvements indépendantistes armés du septentrion malien vise à scinder le Mali en deux entités étatiques. Eu égard aux intérêts géostratégiques en jeu et du fait de l’impuissance du gouvernement à résister seul à ce plan machiavélique de partition du pays, il urge que tout le peuple malien, uni comme un seul homme, organise la riposte appropriée à ce hideux projet.
Plus un jour ne passe sans que la presse, mais aussi les leaders religieux et politiques ne révèlent, qu’un plan de partition du Mali est en préparation avancée et pourrait être mis en œuvre lors des prochaines négociations pour une paix définitive dans le Nord du pays. Des documents à peine confidentiels attestent ce projet monstrueux soutenu, selon certains experts, par certains pays occidentaux.
Or, certains de ces Etats font partie des plus importants partenaires au développement du Mali et jouent un rôle important dans le processus de sortie de la crise que le pays traverse depuis janvier 2012. Ce qui pousse à comprendre que les autorités maliennes se retrouvent dans l’embarras face à un éventuel diktat de cette communauté internationale pour cautionner la partition du territoire que réclament des groupes armés scélérats et apatrides.
Des gouvernants dépassés par les événements
Comment, en effet, les dirigeants d’un pays aussi assisté que le Mali pourront-ils s’opposer, avec la vigueur souhaitable, à cette conspiration visant à offrir une entité étatique indépendante aux mouvements armés qui, il est vrai, ont gagné du terrain après l’équipée tragique du 21 mai 2014 à Kidal, consécutive à la désastreuse visite du Premier ministre Moussa Mara ? Comment opposer une fin de non-recevoir à des groupes rebelles, c’est-à-dire hors-la-loi, qui bénéficient de complicités certaines dans les milieux mêmes des médiateurs ? Comment faire échec à un plan de partition savamment ourdi quand son outil de défense est constamment défaillant?
Ce sont là des interrogations qui taraudent les esprits et poussent les analystes à voir dans le peuple malien l’unique rempart contre ce que certains n’hésitent plus à qualifier de » complot international contre le Mali « . « Ce peuple ne recule devant rien quand ses intérêts existentiels sont menacés « , nous confiait, hier, un historien.
La question se pose à présent de savoir comment ce rejet populaire de la partition programmée du Mali doit s’exprimer afin de signifier à la communauté internationale que sa cabale est d’ores et déjà vouée à un échec inéluctable. Là-dessus, on évoque des articles de la Constitution du 25 février 1992 qui appellent le peuple à la résistance quand son existence est menacée.
Taire toutes les divergences
Le peuple malien doit, dans toutes ses composantes politique, culturelle, sociale, économique et religieuse, organiser son union sacrée pour défendre son existence. Il s’agit de taire toutes ses divergences, de se surpasser et de se mobiliser et constituer un front uni contre le péril sécessionniste. Comme le disait le grand Mao Zé Dong, face à la contradiction principale, les contradictions secondaires doivent s’effacer. La contradiction principale, aujourd’hui, c’est l’unité du Mali millénaire qui est en voie de démantèlement. Il faut l’éviter à tout prix.Il revient donc aux partis politiques de la majorité comme de l’opposition, aux syndicats de tous bords, aux associations, aux confessions religieuses et à toutes les autres composantes de la nation de se lever comme un seul homme pour dire non au projet sinistre et criminel de diviser le Mali.
Dans cette perspective, tous les moyens d’expression populaire autorisés par la loi doivent être utilisés : les meetings, les marches, les sit-in, les rencontres de protestations. Toutes les actions non violentes sont bénies pour faire échec au plan de dépeçage du Mali.
Les autorités et les leaders des forces vives du pays doivent faire appel à la CEDEAO, à l’UA, aux amis du Mali en Afrique, dans les pays arabes et partout dans le monde pour soutenir et accompagner le sursaut de tout un peuple contre un plan machiavélique visant à détruire son unité, l’intégrité de son territoire au mépris de toutes les lois et de toutes les conventions internationales.
Des concertations patriotiques
Le Gouvernement a l’obligation, avant de se transporter dans la capitale algérienne, d’organiser un débat ouvert, franc et sans discrimination avec les forces vives de la nation afin de mettre tout le monde d’accord autour d’une plateforme unique dans le but de sauver l’intégrité et la souveraineté du peuple malien. Il faut aussi explorer avec les acteurs politiques, les experts, les intellectuels, les religieux et toutes les personnes ressources les voies et moyens en vue de concevoir, d’élaborer et mettre en œuvre des mesures diplomatiques, économiques et sociales pouvant contrecarrer vigoureusement les velléités de partition du Mali. Dans la phase actuelle des préparatifs pour les futures négociations d’Alger, c’est un devoir pour tout Malien de considérer que l’existence de la nation malienne est en danger.
Des acteurs rappellent de bon droit les luttes héroïques du peuple » soudanais » dans le cadre de la décolonisation, sans oublier la résistance armée à la pénétration coloniale (elle a duré ici 18 ans, c’est-à-dire plus longtemps que dans n’importe quelle colonie française au monde) pour conclure que les Maliens ont les ressources morales nécessaires pour refuser toute tentative d’asservissement par des puissances étrangères coalisées derrière une poignée d’apatrides qui ont vendu leur âme à la Libye et/ou à l’Algérie. En réclamant un nouvel Etat de » l’Azawad « issu de la partition du Maliba (grand Mali), le MNLA, la CPA, le HCUA, le MAA et les autres groupuscules manipulés de l’extérieur se mettent au ban de l’histoire et de l’humanité et courent à un échec indubitable.
Se préparer avant d’aller à Alger
Cette analyse s’impose en cette veille des futures négociations entre le gouvernement et les mouvements armés à partir du 15 juillet prochain à Alger. Il faut rappeler que les indépendantistes claironnent qu’en matière de politique étrangère, l’Azawad, « pourra négocier … des accords avec les Etats étrangers et les organismes internationaux et conclure… des conventions avec les autorités locales étrangères… « . Dans le domaine des compétences dévolues par l’Etat, » l’Azawad participera aux négociations des traités et accords internationaux, à un espace de coopération judiciaire et douanière. Elle sera représentée au sein des organismes régionaux et des instances de l’Union Africaine « . S’y ajoute que dans le domaine du sport, elle » définira l’hymne et l’emblème pour les sportifs qui représenteront l’Azawad dans les compétitions interrégionales et internationales « . De même, l’Azawad « fixera les règles applicables dans les matières suivantes : impôts, droits et taxes, la politique étrangère, l’accès au travail des étrangers, les mines, le tourisme, etc.»
Convoitises sur les ressources du Mali
En outre, les mouvements sécessionnistes projettent de faire en sorte que la nouvelle entité » réglemente et exerce le droit d’exploitation des ressources naturelles biologiques et non-biologiques du plateau de Taoudéni et de toute autre zone. En somme, ce sont bien le pétrole, le gaz et l’uranium censés se trouver dans la zone qui sont ciblés».
En outre, les rebelles réclament que » l’Azawad s’autogouverne à travers un système politique régi par une Constitution qui permette une administration propre à l’Azawad, une assemblée régionale commune faisant office de parlement azawadien dont l’objectif est de faire des propositions de loi dans tous les domaines au parlement national « . Le document, qui servira de base aux discussions d’Alger, fait également état d’ « un système judiciaire de l’Azawad et de toutes autres institutions jugées nécessaires par le peuple de l’Azawad « .
A cela s’ajoutent d’autres exigences comme » les recettes fiscales, douanières et foncières collectées sur le territoire de l’Azawad qui seront versées intégralement au Trésor public de la région… Les douanes, les services des eaux et forêts seront assurés par des ressortissants de l’Azawad… « .
Comme on le voit, le fameux statut particulier que les indépendantistes armés veulent négocier très prochainement à Alger n’a rien à envier à celui d’un Etat indépendant. Et c’est cela que le peuple malien, seul souverain, doit rejeter.Catégoriquement. Avec l’énergie qui sied à ce peuple millénaire et héroïque !
Bruno Djito SEGBEDJI