Dans le cadre des activités de la Journée internationale de lutte contre l’usage et le trafic des drogues, le Pr Baba Koumaré, médecin psychiatre, a animé une conférence-débat dans l’amphithéâtre de la Faculté de Droit Privé. L’occasion pour lui de sensibiliser les étudiants, qui constituent une grande partie des jeunes, population à très hauts risques dans ce domaine.
drogueLe Pr Koumaré s’est appesanti sur les différents types de drogues consommées au Mali, au premier rang desquelles, il importe de le rappeler, le tabac et l’alcool. Il ressort de son exposé qu’au Mali, comme partout ailleurs en Afrique et dans le monde, les sociétés traditionnelles avaient une expérience de produits toxicomanogènes, dont l’abus se limitait au seul cercle des initiés des sociétés ésotériques.
Ainsi, dans le contexte spécifique des cérémonies populaires, on utilisait par exemple le célèbre almukaïkai (Datura métel de son nom scientifique), du cannabis et de l’alcool de fabrication locale. De nos jours, l’abus des substances psychoactives (qui agissent sur le cerveau, en modifiant l’activité mentale, les sensations et le comportement du sujet), créant des addictions, a pris une nouvelle allure.
Il s’exprime volontiers sous forme de polytoxicomanie, la toxicomanie étant l’usage abusif ou chronique des substances psychoactives naturelles ou synthétiques, appelées communément drogues et créant une dépendance psychique, une dépendance physique, de la tolérance et des effets nocifs sur l’homme et la société, associant différents produits disponibles, allant de l’alcool aux médicaments en passant par les plantes, les inhalants (colles et autres solvants industriels) et de nouveaux produits de synthèse.
Pour rappel, et toujours en citant le Pr Koumaré, quelques définitions sont nécessaires. Ainsi, selon la législation malienne, une drogue est «une plante, une substance ou une préparation placée sous le contrôle par la loi nationale ou une convention internationale ratifiée par le Mali».
La population désigne souvent par le terme «Drogue dure»: celle qui engendre un état de dépendance et par celui de «Drogue douce» celle qui est censée avoir des effets mineurs sur l’organisme.
Suivant la classification des spécialistes, on peut décomposer les drogues consommées dans notre pays en «Perturbateurs», comme l’herbe appelée aussi kiff, le chanvre indien, le haschich et l’almoukaikai; «Dépresseurs», parmi lesquels l’héroïne, la morphine et la codéine; «Stimulants», à l’instar de la cocaïne, du crack et des amphétamines ou «Solvants», tels les diverses colles, l’éther, l’essence et la dissolution.
C’est dire si l’éventail disponible dans notre pays, contrairement à beaucoup d’idées reçues, est large et n’a rien à envier à ce qui se trouve sur le marché de nombre de pays dits «développés»! Les provenances de ces produits sont d’ailleurs diverses, le Mali (Wassoulou, Kayes, Ségou, Sikasso, Koutiala), la Côte d’Ivoire et autres pays limitrophes, l’Amérique latine, l’Asie, etc…
En outre, le Pr Koumaré a tenu à lancer l’alerte, car il ressort des études que «de nouveaux produits de synthèse (Entre 2005 et 2011, 164 nouvelles substances psychoactives ont été formellement notifiées par le biais du système d’alerte précoce) pourraient inonder le marché si rien n’est fait en matière de prévention. Il s’agit des Phénéthylamines, Tryptamines, Pipérazines, Cathinones et des Cannabinoïdes de synthèse, ces derniers formant le groupe le plus important parmi les groupes de nouvelles substances surveillés.