Les conclusions du rapport sur la réconciliation et reconstruction post-conflit dans le Gourma malien ont été présentées à la presse hier à la Maison de la presse. Le document met la lumière sur les efforts à faire pour asseoir une vie normale dans une localité où cohabitent ceux qui avaient quitté et ceux qui étaient restés.
Le rapport est le fruit d’un long travail concocté par Nomba Ganame et Susan Canney de The Wild Fondation. Auparavant, un atelier, tenu du 21 au 23 mai 2013, a permis de discuter de nombreux aspects liés à la réconciliation et la reconstruction dans cette partie de notre pays.
En la matière, c’est à partir des données tirées des entrevues avec les populations locales sur leurs motivations individuelles pour quitter ou rester dans le Gourma pendant l’occupation armée. De ce fait, à en croire les auteurs du rapport, on retrouve plusieurs catégories de populations.
« Il y a des gens qui sont restés, malgré la violence et l’insécurité, ceux qui ont fui par crainte de représailles en raison de la couleur de leur peau ou des liens avec le pouvoir central ; ceux qui gèrent les risques par la recherche opportuniste de statut de réfugié ; les éleveurs de bétail qui aspirent trouver des terres et de ressources naturelles et ou infrastructures pour eux-mêmes après le conflit dans le contexte de la reconstruction (le retour des réfugiés et des personnes déplacées) ; ceux qui entreprennent le commerce avec les groupes armés et le trafic illicite ; ceux soumis à (les employés), et collaborant avec les armés (combattants, guides, cuisiniers) ; ceux offrant un hébergement pour les groupes armés et coopérant avec la création d’un nouvel ordre, en particulier grâce à l’application de la charia », fait remarquer le rapport.
Pour une réconciliation post-confit, il est recommandé que l’aide humanitaire et la reconstruction doivent impliquer les communautés locales dès le début. Aussi réparer le tissu social est un préalable pour assurer la durabilité sociale, économique et environnementale des initiatives d’aide et de reconstruction dans la région du Gourma au Mali.
Autre aspect non moins important, c’est la complexité de la société du Gourma qui porte les stigmates des rebellions passées. Non sans faire cas des procédures de réinstallation des réfugiés et d’autres opérations humanitaires qui n’ont pas toujours pris en compte la situation socio-économique de la région. Notamment, précise le rapport, le caractère multiethnique, les relations sociales tendues sur les ressources naturelles telles que l’emplacement des puits et forages, la circulation des personnes et du bétail.
Sur la place des éléphants dans le Gourma, le rapport fait remarquer qu’ils sont considérés comme facteur de cohésion. Avant de déplorer que 15 d’entre eux ont été tués pendant l’occupation armée.
Ce rapport a été rendu possible grâce au concours du projet pour les éléphants du Mali, le ministère de l’Administration territoriale et celui de l’Environnement et de l’Assainissement à travers la direction nationale des eaux et forêts.