La session de la Cour d’Assises a vite pris son rythme de croisière, comme en témoignent les quatre affaires inscrites à son rôle, qui ont vu un prévenu condamné à perpétuité, d’autres à des peines d’emprisonnement fermes ou avec sursis et d’autres relaxés. Une affaire a vu son jugement différé pour complément d’informations.
Issa Traoré né en 1987 à Dioékiré (Goundam), domicilié à N’Tominkorobougou (Bamako) a été inculpé d’assassinat et condamné par la Cour à la réclusion criminelle à perpétuité. L’accusé vivait avec une jeune fille du nom de Barro Denon depuis 2004. Un soir, la jeune fille a prévenu son concubin qu’elle était en état de grossesse. Stupéfait et inquiet, Issa lu demanda, aux environs de 00 heure, d’aller avec lui au pied de la colline. Barro portait un bébé au dos. Après avoir eu une relation sexuelle avec sa maitresse, Issa la terrassa et l’égorgea, en laissant le bébé par terre à ses côtés.
Les faits remontent à la nuit du 30 au 31 mars 2013 et Issa expliqua à la Cour que, selon sa coutume, il était interdit d’avoir un enfant hors mariage. Au moment de son arrestation par les gendarmes, Issa avait ouvertement reconnu son crime, tout comme il le fit à la barre.
Son avocat avait demandé qu’il bénéfice des circonstances atténuantes, ce que la Cour refusera.
Quant à Yoh Doumbia, né en 1993 à Sikoro (Koulikoro), gardien domicilié à Magnambougou, il a condamné pour pédophilie. En effet, courant mars 2013 de retour du marché, Mounia Fichi surprenait dans sa chambre Yoh, son boy, le pantalon baissé et sa fille Rania, âgée de 6 ans seulement, totalement nue. Elle prit à témoin Aicha Kansaye, son aide-ménagère et conduisit Yoh à la Brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfant. Yoh fut déféré pour pédophilie, qui selon les dispositions de l’article 228 du Code Pénal, s’entend par tout acte de pénétration ou attouchements sexuels commis sur une personne de moins de 13 ans.
Devant la Cour Yoh a nié avoir touché à la fille. Mais, selon les déclarations de celle-ci, qui n’était pas présente à l’audience, il y a bien eu une relation, fait d’ailleurs démontré par un médecin qui a relevé la présence de sperme dans le vagin de l’enfant.
Pour le Ministère Public, cette constatation et le fait d’avoir verrouillé tous les accès à la chambre constituent des preuves suffisantes. Malgré la plaidoirie de l’avocat de la défense, qui a fait état de deux versions différentes des faits fournies par la victime, la Cour a condamné Yoh à trois années d’emprisonnement dont une année avec sursis. Yoh étant détenu depuis une année et quatre mois, il ne lui reste plus que sept mois à purger.
Djénéba Arama, aide-ménagère, née en 1985, domiciliée à Lafiabougou-Koda et Makan Samaké, né en 1968 à Pièbougou (Ouéléssébougou), géomancien domicilié à Yirimadio, étaient inculpés d’enlèvement d’enfant. Les faits remontent au 24 janvier 2013, lorsque Djénébou Touré, la victime, en revenant du marché aux bananes, décidait de prendre une pause au domicile de son amie Naini Diarra, à Bagadadji, le temps de voir diminuer la foule autour des véhicules de transport en commun.
Elle défit le pagne qui tenait son enfant dans son dos et mit le bébé, âgé de 18 mois, à terre, pour se préparer à la prière crépusculaire. Voyant l’enfant se diriger vers l’étal de sa patronne, dont elle assurait la garde, Djénéba Arama le prit et le plaça sur ses jambes.
Une voisine, voulant s’y opposer, sera rassurée par une amie, qui désignera Djénéba comme étant l’aide-ménagère d’une autre voisine, Djata Traoré. Lorsque Djénébou finit de prier, Djénéba avait disparu avec son enfant. Les enquêtes menées immédiatement n’ont donné aucun résultat.
Deux mois plus tard, Djénébou entendit qu’une voleuse d’enfant aurait été poursuivie par la clameur publique à la gare routière et acheminée à la brigade des mœurs. Là, Naini et sa voisine ont reconnu Djénéba Arama, qui nia toute responsabilité lors de l’enquête préliminaire. Quant elle vint à avouer, ce fut pour dire que l’enfant avait été enlevé par Makan Samaké. Devant le juge d’instruction, Makan a reconnu l’avoir reçu des mains de Djénéba et remis ensuite à une autre dame, Dioucoura Traoré, domiciliée à Magnambougou.
Devant le Parquet, Djénéba Arama fournira une autre version: Makan l’aurait envoyé chercher cet enfant, moyennant de l’argent, et lui aurait dit l’avoir ensuite remis à un certain Madoublen, domicilié à Bagadadji. Mais, à la barre Makan nia connaître Djénéba.
La victime Djénébou aura un cri du cœur à l’endroit de la Cour: «aidez-moi à retrouver mon enfant. Je ne veux ni argent, ni autre chose». Quant à l’Avocat de Makan, il a demandé à ce que l’on reprendre son expertise mentale. Me Konaté, l’avocat de Djénéba, a pour sa part demandé de surseoir à l’audience pour plus d’informations, tout comme l’Avocat de la partie civile, qui estime qu’une opportunité est ainsi offerte à la Cour de démanteler un réseau de trafic d’enfants. Ce que la Cour a finalement a accepté de faire.
Dernière affaire, celle concernant Boubacar Konaté, Adama Koné, Aboubacar Traoré et Soungalo Diarra, inculpés par la Cour d’assises pour avoir volé en groupe un ordinateur et un téléphone portable au préjudice de Fanta Mariko, à Faladiè Sokoro.
A la barre, Boubacar Konaté et Adama Koné ont désengagé la responsabilité de Boubacar Traoré et de Soungalo Diarra, pour n’avoir pas participé aux faits et ont reconnu les faits qui leur étaient reprochés.
L’avocat de la défense, Yéyia Ould Zaraouana a demandé à la Cour le bénéfice des circonstances atténuantes, compte tenu de leur jeune âge et d’autant plus que la victime a été remboursée. En outre, les accusés n’ont pas d’antécédents judiciaires. La Cour, dans sa sagesse, a reconnu Boubacar Konaté et Adama Koné coupables, les a condamnés à 5 ans d’emprisonnement avec sursis, et a acquitté Aboubacar Traoré et Soungalo Diarra.