Des négociations entre le Gouvernement et les groupes armés touaregs et arabes s’ouvrent aujourd’hui mercredi 16 juillet à Alger pour trouver un accord de paix dans notre pays où, malgré une intervention armée internationale en cours depuis un an et demi, l’instabilité demeure.
Ces négociations sont les premières à rassembler l’ensemble des parties prenantes au conflit depuis celles qui avaient abouti à un accord intérimaire le 18 juin 2013 à Ouagadougou, au Burkina Faso, ayant ouvert la voie à la tenue d’élections présidentielle et législatives.
Mais depuis l’élection du président Ibrahim Boubacar Kéïta en août 2013, les pourparlers piétinent et les groupes armés continuent à mener régulièrement des actions meurtrières.
Au mois de mai dernier, les 17 et 21 mai, des hommes du Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla, rébellion touareg), du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (Hcua, au sein duquel sont recyclés d’ex-jihadistes) et du Mouvement Arabe de l’Azawad (Maa), ont lancé des attaques à Kidal contre les positions des Forces Armées Maliennes (Fama). Ces combats ont fait au moins 50 soldats maliens tués. Aussi plusieurs civils et administrateurs civils ont-ils été tués et blessés. Lesdits combats ont également fait perdre à l’État malien plusieurs véhicules ainsi que le contrôle du gouvernorat de Kidal et de plusieurs localités.
Le 23 mai 2014, un cessez-le-feu est intervenu entre le Gouvernement et les groupes armés sous l’égide du chef de l’État mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union Africaine (Ua). Ce cessez-le feu tient toujours, malgré les coups de canifs qu’il a reçus ces dernières semaines.
UN CONTEXTE DIFFICILE
En effet, ces dernières semaines, les groupes armés ont procédé à des concentrations de troupes à travers toutes les régions du nord. En violation du cessez-le feu. Cette situation a été dénoncée par le Président IBK et le Gouvernement malien, qui ont appelé la communauté internationale à venir constater cette violation du cessez-le feu. Aussi ont-ils interpellé la Mission de stabilsation de l’Onu au Mali (la Mnusma) à prendre ses responsabilités.
Deux jours après la dénonciation par l’État malien de cette situation créée par le Mnla, des accrochages éclataient le vendredi 11 juillet 2014 dans la matinée entre ce groupe armé et la branche dissidente du Mouvement Arabe de l’Azawad (Maa) dans les environs de la localité d’Anéfis, à une centaine de kilomètres de Kidal. Leurs affrontements ont fait près de 35 morts.
Le Mnla accusa le Maa de s’être associé avec des milices pro-Gouvernement malien et d’avoir fait appel aux soldats maliens placés sous l’autorité du général Alhadj Gamou. Cette accusation, le Maa l’a rejetée en niant tout “lien avec le Gouvernement du Mali”. L’état-major des Forces Armées Maliennes (Fama) a lui aussi démenti toute implication de ses troupes dans lesdits affrontements.
Mieux, M. Hervé Ladsous, chef du département maintien de la paix des Nations Unies, a lui aussi démenti l’implication des Forces Armées Maliennes (Fama) dans les affrontements du vendredi 11 juillet 2014. Il a affirmé que le constat est établi que l’armée malienne n’est pas présente dans la zone d’Anéfis depuis près de trois (3) mois. Aussi a-t-il confirmé que “certains groupes armés ne respectent pas les accords de cessez-le feu”.
C’est dans ce contexte de surrenchère, de violations du cessez-le feu, de violences meurtrières que le dialogue inclusif inter-maliens débutent aujourd’hui mercredi 16 juillet, dans l’après-midi.
LES PARTIES EN PRÉSENCE
Le Mnla, le Hcua, deux branches du Maa, la Cpa et les milices d’autodéfense regroupés au sein de la Cm-Fpr sont les groupes et mouvements armés du nord Mali qui seront autour de la table de négociations aujourd’hui à Alger. Ces six groupes ou mouvements ont tous signés avec les autorités algériennes un engagement à participer au dialogue inclusif inter-maliens. Le Mnla, le Hcua, le Maa ont signé la “Déclaration d’Alger”, la Cpa, le Maa (dissidence) et la Cm-fpr ont signé une “plateforme préliminaire”.
La délégation gouvernementale sera conduite par le Ministre des Affaires Étrangères, Abdoulaye Diop. En sus du facilitateur, l’Algérie, prendront part aux discussions un Groupe d’Experts et un Groupe de facilitateurs dont le rôle sera d’œuvrer au rapprochement permanent des parties jusqu’à la clôture des négociations et la signature d’un Accord définitif prévu au Mali. Aussi l’Ua et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) feront-elles partie des médiateurs, tandis que l’Union Européenne (Ue), la France, le Niger et le Nigeria seront parmi les facilitateurs.
Sont exclus de la rencontre d’Alger, les « groupes terroristes » liés à Al-Qaïda (Mujao et Ançardine d’Iyad Ag Ghali) qui ont occupé pendant plus de neuf mois le nord du Mali avant d’en être partiellement chassés par une intervention armée internationale lancée le 11 janvier 2013 par la France, toujours en cours via la mission de l’Onu au Mali, la Minusma.
Les négociations vont se dérouler en « trois phases », selon l’ancien Premier ministre Modibo Keïta, Haut représentant du chef de l’État pour le dialogue inclusif inter-malien:
- primo, « Valider une feuille de route des négociations »;
- secundo, « négociations proprement dites pour aller au fond des problèmes et obtenir un pré-accord »;
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tertio, la signature d’un accord de paix définitif.
Rassemblés par Baba SANGARÉ