Les évènements des 17 et 21 mai 2014 de Kidal ont-ils fléchi la position du Premier ministre Moussa Mara ? L’on est tenté de répondre par l’affirmative. Les actes et les discours du chef du gouvernement donnent une nette impression que Moussa Mara est redescendu sur terre après qu’il ait été « mis dans ses petits souliers » par ses échecs répétitifs.
Le chef du gouvernement a, en l’espace de quelques mois, fait un revirement spectaculaire dans ses propos concernant les groupes armés, plus particulièrement les rebelles du Mnla qu’il appelle dorénavant « les frères maliens ». En somme, une volte-face qui cache bien de choses.
En effet, le gouvernement a procédé, à la veille des pourparlers d’Alger, à la libération de plusieurs dizaines de rebelles en échange d’une quarantaine de soldats et d’agents de sécurité du Mali. Il disait à ce propos « qu’il ne doit pas y avoir de prisonniers entre Maliens ». C’est un message à peine voilé adressé aux groupes armés qui ont assurément des « dents » contre Mara. Craignant que ceux-ci ne fassent de son départ une condition de leur retour à la table de négociation, Mara fléchit son discours et prêche la bonne parole : «les rebelles seront réinsérés dans l’armée, dans la police, la gendarmerie et la garde nationale… ». N’est-ce pas là une contradiction flagrante de Mara qui, lors de sa Déclaration de politique générale, écartait cette éventualité. Il disait que les déserteurs n’avaient pas leur place dans l’armée malienne. Aujourd’hui, il leur offre cette place sur un plateau d’or. La honte. Est-ce les conséquences de la défaite de Kidal ou le résultat d’un plan machiavélique pour garder son poste qui semble lui échapper jour après jour ? Possible. Mais au lieu de se ridiculiser devant les rebelles, Moussa Mara ferait mieux de s’excuser auprès de l’opinion malienne pour l’humiliation infligée à ce peuple.
Autre revirement. C’est la position du gouvernement vis-à-vis de la médiation algérienne. Qui ne se souvient des reproches faits à l’accord d’Alger du 04 juillet 2006 ? Les pourfendeurs disaient, entre autres, que le « Mali a été vendu » à l’Algérie. Quid de ces diffamations. Ibrahim Boubacar Keïta en faisait partie, même s’il était signataire de cet accord en tant que président de l’Assemblée nationale.
En tout cas, l’histoire semble se répéter. Malgré les efforts de la communauté internationale et de la Cedeao dans la gestion de la crise malienne, nos autorités ont pris tout le monde à contre-pied en allant tenir les négociations à Alger. C’est un autre mensonge. On a toujours fait croire qu’Alger a été choisie pour des pourparlers exploratoires. C’est du vent.
Faut-il craindre le pire ? Rien n’est moins sûr. Car, contrairement à 2006, le Mali est parti très affaibli à Alger. Les groupes armés en sont conscients et tenteront d’en tirer profit au maximum. Ce revirement en dit long sur la crédibilité des représentants du gouvernement dont le chef, Moussa Mara, ne pense aujourd’hui qu’à une seule chose :
SAUVER SON FAUTEUIL.
Moussa Mara a revu sa copie pour également circonscrire les menaces qui planent sur son poste par les caciques du RPM. Au fait, le parti présidentiel semble décider à se débarrasser d’un chef de gouvernement qui ne dispose d’aucune légitimité. Des observateurs expliquent que ces menaces ont dû ramollir le président de Yelema, Moussa Joseph Mara.