Si les malheurs du Mali font le bonheur du Mnla qui brandit sa chimère l’Azawad pour éblouir la France de Hollande et d’autres suppôts complices qui ont plein d’idées derrière la tête, le retour d’Iyad Ag Ghaly à Kidal est entrain de donner des cauchemars aux leaders du mouvement qui savent qu’ils ne supportent pas la comparaison avec Ancardine en terme de popularité. Mais ce qui les inquiète encore plus, c’est le nouveau deal qu’il a signé avec la France qui lui permet, avec armes et bagages, ce retour en pays conquis. Il ne peut être qu’à leur détriment.
En effet, Iyad est de nouveau une alternative crédible et il apparaît aux yeux des jeunes Ifoghas comme un héros, un mythe vivant, contrairement au Mnla qui, n’ayant pas une assise populaire, règne par la terreur et le chantage sur les communautés touarègues et autres. On peut même affirmer que le Mnla est secrètement vomi par les foules qu’il rassemble de force pour manifester ou dont il se sert lâchement comme chair à canon. Oui, le Mouvement National de Libération de l’Azawad a fait et continue de faire le malheur des communautés du nord du Mali et de tous les Maliens dignes de ce nom qui ont a cœur le destin de leur patrie. Iyad Ag Aly qui a fait son retour dans la région, pour instaurer la charia pendant le mois de carême, comme un interlocuteur plus raisonnable et fiable, en ce sens qu’il n’a pas de prétention à balkaniser de force la mère-patrie.
Pourquoi la France et Hollande lui font-ils confiance à nouveau, si tant est que cette confiance ait jamais été démentie ? Pourtant « le chef terroriste », comme on aimait l’appeler il n’y a guère, avait vu sa tête mise à prix par l’Amérique d’Obama. C’est parce qu’Iyad est précieux aux yeux de Hollande, sachant quel rôle il a joué dans la libération de plusieurs otages français dans le septentrion. Ce n’est pas le cas du Mnla spécialisé dans la duplicité, le mensonge et les promesses sans lendemain qui a longtemps leurré François Hollande et à son ministre de la Défense Le Drian, en leur faisant croire qu’il avait toutes les cartes en main pour une solution définitive à la question des otages français et pour gagner la guerre contre le Mali. Autant de raisons qui font qu’ Iyad redevient incontournable dans le dénouement la crise du Nord-Mali.
Il nest pas étonnant qu’après le départ de l’armée malienne de Kidal suite à la déroute qui a suivi les événements du 17 au 21 mai 2014, qu’Iyad Ag Ghaly ait fait un retour remarqué dans la ville à la tête d’une colonne de véhicules 4×4 lourdement armés. 60 ans, Iyad, figure historique et emblématique de la rébellion touareg est celui qui a déclenché dans la nuit du 28 juin 1990 à Ménaka la rébellion à la tête du Mouvement Populaire pour la Libération de l’Azawad, le MPLA créé en 1988, le front historique de la rébellion touarègue au Mali. La France fait preuve non pas de faiblesse, mais de connivence avec ce chef islamiste dont les crimes furent assimilés par le ministre français Yves Le Drian à des « actes de bravoure » !
De retour à Kidal où est revenu riche de butins et auréolé de gloire, accompagné de ses bras droits et fidèles compagnons chargés de sa sécurité personnelle de Malick Ag Wanasnate et Moustapha Ag Warakoul, deux seigneurs de guerre, il a voulu faire un test en essayant d’instaurer la charia pendant le mois de carême. Mais il s’est heurté au refus, dit-on, des oulémas. Il ne renonce pas pour autant à imposer une charia plus adoucie. Ce retour triomphal sur la scène de ses exploits a donc été possible grâce à la France qui refuse de le traiter en terroriste. Iyad, allié naturel de François Hollande et des forces françaises dans l’imbroglio du Nord était depuis longtemps identifié, localisé à Tinzaouten, une commune algérienne proche de la frontière malienne par les français depuis la déroute des jihadistes à Konan en 2013. Son mouvement insurrectionnel, après son éclipse, s’était transformé en HCUA, Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad. C’était une stratégie pour donner à sa formation une nouvelle virginité, la rendre fréquentable et pour revenir plus fort, plus tôt que prévu dans les négociations inter maliennes. La bienveillance de la France a donc donné un répit salutaire à Iyad impliqué et jamais inquiété dans le massacre des soldats maliens faits prisonniers à Aguel Hoc, pour le remettre finalement en selle le dimanche dernier, date de son retour effectif à Kidal, une ville incontournable dans la crise du Nord, de laquelle tout part et tout revient . C’est une belle récompense pour lui, pour avoir fait libérer le 29 octobre 2013, par son cousin Abelkrim, chef touareg d’une katiba d’Aqmi les 4otages français enlevés par Abou Zeid à Arlit, au Niger. En la circonstance, Iyad AG Ghali avait décroché le jackpot : 20 millions d’euros de rançon. Plus que les ravisseurs d’Aqmi, il a été le grand gagnant de cette transaction, puisqu’il a obtenu des autorités françaises et du président François Hollande qu’on abandonne toutes les poursuites judiciaires contre lui et ses proches et qu’on le laisse tranquille pour agir à sa guise à Kidal et dans le septentrion.
Sans doute pour les autorités françaises, le MNLA n’est plus un allié fiable, car il a suffisamment dans la crise du Nord fait la preuve de sa versatilité et de son inconstance en de multiples occasions. Elles savent que le MNLA seul ne peut pas tenir Kidal qui lui échappera inéluctablement avec le retour de tout ce que le sahel et le Sahara comptent de groupes islamistes. Alors qu’Iyad tête de proue indiscutable et chef historique de la rébellion touarègue, d’une famille aristocratique, les Ifoghas, est une valeur solide, établie dans la région, un véritable héros aux yeux de la jeunesse touarègue qui s’identifie à lui. C’est quelqu’un sur qui la France sait désormais pouvoir compter les yeux fermés, pour des intérêts réciproques. Son deal avec la France lui permet de redistribuer les cartes.