Avec le verdict des responsables de la COPAM, le « pardon » de Dioncounda à ses tortionnaires, apparait comme un grand coup porté à la première des Institutions du Mali;
La retentissante affaire des troubles à l’ordre public ayant conduit à l’agression physique du président de la transition Dioncounda Traoré ne s’éteindra pas de sitôt. Au moment où la justice a fixé les « troubleurs » à l’ordre public sur leur sort (le mardi 28 septembre dernier), l’agression du président reste impunie. En effet, le Jugement du 28 Aout dernier vient ouvrir un autre tournant à l’affaire. Un verdict sans surprise pour beaucoup d’observateurs qui estiment qu’il répond à une logique d’apaisement du climat social dont le pays a tant besoin aujourd’hui. Mais, force est signaler, que bien au delà de la personne de Dioncounda c’est l’institution même qui est banalisée. La non prise en compte de cet aspect par la justice, tient sans doute au fait que la victime a publiquement pardonné. Bien que salutaire, le pardon de Dioncounda n’aura cependant pas calmé le jeu. Le revers de ce comportement, du reste profondément humain, est qu’il écorne la sûreté et l’autorité de l’Etat malien.
Pour les spécialistes du droit positif, là devrait en principe s’arrêter l’action civile. Mais toutefois l’action publique que représente l’atteinte à une Institution de la République se devrait d’être réprimée avec la dernière rigueur. « Il faut obliger les citoyens à respecter les Institutions. L’acte devrait être sévèrement réprimé afin que la toute puissance des Institutions soit sauvegardée ». Et ce haut responsable du parti Adema d’expliquer : « le président Dioncounda a préféré la paix et la stabilité du pays au respect de l’autorité de l’Etat ». Pour ce membre du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), « Dioncounda, quoiqu’ayant pardonné publiquement à ses bourreaux, encourage le laxisme au sommet de l’Etat ». Comme quoi, le Pardon exprimé au-delà n’effacera nullement la grave atteinte faite à l’Institution républicaine que représente la Présidence de la République.
Quid de la responsabilité des services de sécurité ?
Les services de sécurité sont mis en cause dans cette affaire. Destiné à profaner la sacralité des Institutions, cet acte ne devrait pas être exempt de répression. Certes l’atmosphère socio-politique ne s’y prête pas pour pousser le bouchon, va-t-on dire. Mais l’acte en soi parait historique, en ce sens que dans aucun Etat du monde, l’on n’a assisté à une telle agression d’un homme d’Etat, de surcroit, le Président de la République. Aussi, plusieurs observateurs estiment que la procédure judiciaire ne devrait pas exclure le Gouvernement malien de qui relèvent les services de sécurités. Reste à voir si le pardon de Dioncounda n’est pas le point de départ d’un laxisme qui culminera au sommet de l’Etat tout en exposant les autres Institutions.
Par David DEMBELE... suite de l'article sur Autre presse