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Le Républicain N° 4904 du 21/7/2014

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Moussa Boubacar Bah, Président de Sabati 2012 : « Le Président IBK ne consulte pas et n’écoute pas… tout le monde a été mis en quarantaine »
Publié le mardi 22 juillet 2014  |  Le Républicain




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Le mouvement « Sabati 2012 » est une organisation de jeunesse qui a soutenu le candidat Ibrahim Boubacar Kéïta, dès les premières heures de la campagne présidentielle. Resté muet sur les questions brûlantes du pays, le président de ce mouvement rompt le silence après dix mois de gestion du président IBK : « notre objectif est qu’il travaille, qu’il mette le Mali au-dessus de tout. Toute chose que nous doutons aujourd’hui ». Pour lui, le Président IBK ne consulte personne et n’écoute pas. Son comportement vis-à-vis de Sabati 2012 est le même à l’égard de tout le monde. Que ce soit les Ulémas, l’opposition, les partis alliés, le Haut conseil islamique, les Eglises catholiques et protestantes et même les membres de son parti, tout le monde a été mis en quarantaine. Et c’est extrêmement dangereux pour un pays en crise. Une interview à lire à tout prix !
Comment se porte Sabati 2012 ?
Dieu merci, Sabati 2012 se porte très bien aujourd’hui. C’est vrai que nous n’avons pas réagi ces derniers mois par rapport aux sujets brûlants de l’actualité du pays. Mais, le mouvement continue à travailler dans l’ombre pour aider les autorités maliennes dans la résolution de la crise du nord. Après les élections de 2013, nous ambitionnons de mettre Sabati 2012 dans une nouvelle dynamique en donnant une certaine visibilité à ses actions. Pour ce faire, nous voulons inscrire le mouvement dans un cadre institutionnel et structurel pour plus d’efficacité dans ses actions. Car, Sabati 2012 a participé aux élections présidentielles et législatives de 2013 de façon désordonnée.
Faut-il comprendre que vous allez vers la création d’un parti politique ?
Loin s’en faut. Nous l’avons dit et je le répète, Sabati n’a pas vocation de conquérir ou d’exercer le pouvoir. Nous n’encourageons pas la prolifération des partis politiques. Par contre, nous nous battons pour la formation de deux à quatre grandes formations politiques pour tout le Mali.
Un an après l’élection du Président IBK que vous avez largement soutenu, quelle appréciation faites-vous de la situation sociopolitique et sécuritaire du pays ?
Qu’on le veuille ou pas, aujourd’hui le pays est en difficulté. Personne ne peut nier cela. Il est clair que le gouvernement n’arrive plus à rassurer les partenaires techniques et financiers tels que le FMI, la Banque mondiale, l’Union européenne, qui ont fini par suspendre leurs dons. Donc sur ce plan il y a beaucoup de problèmes. Et les maliens jusqu’à présent, n’arrivent pas à comprendre certaines attitudes du gouvernement. Il y a beaucoup de personnes qui pensent aujourd’hui que l’achat de l’avion à 17 milliards de FCFA pouvait servir à acheter les armements pour l’armée malienne. Par rapport à la sécurité, je pense aussi qu’on a beaucoup de problème parce que quand Ibk venait au pouvoir, le Mali était dans une situation à peu près acceptable que par rapport à la situation actuelle. Car, à part la ville de Kidal, l’armée malienne, les autorités maliennes qu’elles soient administratives ou politiques étaient installées dans tout le Nord. Mais aujourd’hui force est de constater qu’on a perdu pratiquement toute la région de Kidal. Actuellement, les gens ont très peur même dans les régions de Gao et de Tombouctou. On peut dire sur ce plan, il y a un recul. Un recul dû peut être aux évènements du 17 et du 21 mai derniers. Pour beaucoup d’acteurs politiques, observateurs internationaux, cet évènement pouvait être évité. Finalement ç’a coûté au Mali une très grande perte.
Que pensez-vous des pourparlers inclusifs inter-maliens ?
Je pense que tout le monde de son côté a compris qu’on ne peut pas régler ce problème sans discuter avec les gens. Mais, pas avec n’importe lesquels. Car, le Mali a été victime d’un acte terroriste, d’un acte de barbarie de toute sorte…
Sabati 2012 en tant que jeunesse d’organisations islamiques du Mali ; quelle est l’implication des organisations islamiques du Mali dans les pourparlers qui se passent actuellement à Alger ?
Bon vous le savez, d’abord Sabati n’est pas l’organisation juvénile de la communauté musulmane. Sabati 2012 est une organisation qui défend les valeurs religieuses du Mali et les valeurs identitaires du Mali. On peut dire que toutes nos activités rentrent dans le cadre des activités que les Ulémas et tout ce qui est attaché aux valeurs ancestrales du Mali. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes une organisation liée à ces différentes organisations. Sabati est une organisation indépendante très bien autonome. C’est vrai, le président du Sabati 2012 est membre du bureau exécutif du Haut conseil islamique du Mali, beaucoup de membres de Sabati sont issus des organisations confessionnelles et des organisations de la société civile. Pour le moment, toutes les personnes qui ont droits de participer à ces négociations n’ont pas été appelées, y compris les organisations confessionnelles musulmanes.
Aujourd’hui il a une volonté délibérée d’écarter les organisations religieuses de toute négociation par rapport au retour d’une paix durable au nord du Mali. Et c’est une grosse erreur.
Les organisations religieuses ne sont pas du tout contentes de l’attitude non seulement du chef de l’Etat, du premier ministre, mais aussi de tous ceux qui suivent par rapport à la gestion de la crise du Nord.
IBK a été massivement élu par les Maliens et majoritairement par les musulmans. Quel type de collaboration avez-vous avec le pouvoir actuellement ?
On a dit et on ne cessera jamais de le dire qu’IBK a été élu pour tous les Maliens qu’ils soient musulmans, chrétiens ou sans religion. Mais il a été élu par une certaine catégorie de Maliens, d’abords les militants de son parti politique, la majorité des organisations islamiques et certaines associations de la société civile. Beaucoup d’autres Maliens n’ont pas voté pour lui, et cela ne veut pas dire qu’il n’est pas leur président. Donc une fois élu, IBK est aujourd’hui le Président de tous les Maliens et non d’un seul clan. Et naturellement depuis son investiture, la relation qu’il entretenait avec Sabati 2012 a cessé d’exister. Parce que tout simplement Sabati 2012 était avec lui afin qu’il soit Président de la République. Et partir du moment où il est devenu président de la République, il le devient pour tous les Maliens. Alors tout ce qu’il peut et devait faire, c’était de travailler à satisfaire l’ensemble des Maliens et non les membres du RPM ou d’une quelconque confession religieuse. Nous le jugeons à travers les actes qu’il pose pour le bien être de tous les Maliens. Qu’il ne compte pas sur nous pour le soutenir lorsqu’il s’écartera des raisons et des idéaux pour lesquels les Maliens l’ont élus. Parce que nous serons là pour le critiquer et le dénoncer. Par exemple, nous pensons qu’il allait vite trouver une solution définitive à la crise. Mais malheureusement il n’en a pas été. Et rapport aussi à sa promesse d’assainir les finances publiques, nous avons été peiné de voir que le nom d’IBK soit cité dans une affaire de marché gré à gré. Et si les enquêtes confirment cela, je pense que le Président n’est pas aujourd’hui entrain de satisfaire le peuple malien… Notre objectif est qu’il travaille, qu’il mette le Mali au-dessus de tout. Toute chose que nous doutons aujourd’hui. Car, le Président IBK ne consulte pas et n’écoute pas. Son comportement vis-à-vis de Sabati 2012 est le même à l’égard de tout le monde. Que soit les Ulémas, l’opposition, les partis alliés, le Haut conseil islamique, les Eglises catholiques et protestantes et même les membres de son parti, tout le monde a été mis en quarantaine. Et ça, cela est extrêmement dangereux pour un pays en crise.
Quel appel avez-vous à lancer ?
Le Mali n’est pas faible, mais manque d’utiliser les potentialités qu’il possède pour donner une réponse au MNLA. L’armée malienne ne peut plus récupérer ces zones-là, le gouvernement malien est en position de faiblesse par rapport aux bailleurs de fonds, par rapport à la communauté internationale. Donc la seule chose qui nous reste c’est de mobiliser les Maliens et les Maliennes sans distinction aucune. Et c’est ce travail que Sabati 2012 est en train de faire.

Propos recueillis par Youssouf Z Kéïta

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