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L’Essor N° 17725 du 21/7/2014

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Négociations d’Alger : Les femmes, grandes absentes
Publié le mardi 22 juillet 2014  |  L’Essor


© aBamako.com par mouhamar
Pré-forum de Bamako
Bamako (Hôtel Salam). Le pré-forum se tient du 11 au 12 février sur le rôle des femmes dans la consolidation de la paix dans l`espace sahélo saharien à Bamako.L`ouverture du pré-forum de Bamako sur le rôle des femmes dans la réconciliation nationale a eu lieu hier mardi.


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Sur la cinquantaine de personnes officiellement déléguées par notre pays aux discussions, la société civile féminine ne compte aucune représentante
Les négociations pour le retour définitif de la paix dans notre pays se tiennent depuis la semaine dernière à Alger sous la médiation algérienne.

La délégation malienne conduite par le ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération Internationale, est composée d’une cinquantaine de personnes dont seulement 2 femmes : le maire de Goundam, Mme Seck Oumou Sall, et la coordinatrice de l’ONG GREFFA, Mme Fatoumata Touré de Gao. Elles sont présentes à Alger en tant qu’expertes et membres de la Commission du haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif. La société civile féminine n’est donc nullement représentée.

Face à cette situation et à la faible représentation des femmes dans le processus de dialogue et de paix dans notre pays, la société civile féminine, par l’entremise de sa plate-forme de veille, donne de la voix pour manifester son mécontentement et réclamer des dispositions propres à assurer une forte implication des femmes dans le processus de la paix. Lors d’une conférence de presse tenue ce week-end, elle a entrepris d’informer l’opinion publique sur les positions des Maliennes face à la faible représentation des femmes aux pourparlers d’Alger.

Cette rencontre avec la presse fait suite à un atelier organisé par la société civile féminine avec le soutien de la Minusma. Cette session a réfléchi aux stratégies à élaborer pour l’implication effective des femmes dans le processus du dialogue national et des pourparlers inclusif enclenché dans notre pays.

Face à leur faible implication dans ce processus qui fait pourtant appel à tous les citoyens du pays, les femmes (représentant plus de 50% de la population et premières victimes de conflits armés) ont décidé de ne pas rester passives et de s’impliquer activement à tous les niveaux dans le dialogue et les pourparlers inclusifs.

A l’issue de la rencontre, des actions à mener à court, moyen et long termes ont été élaborés. A court terme, les femmes prévoient d’élaborer un document de plaidoyer décrivant les raisons pour lesquelles les femmes doivent être aujourd’hui actrices incontournables dans ce processus. Une rencontre avec les autorités du pays en vue de les informer et les sensibiliser sur l’impérieuse nécessité d’impliquer les femmes dans le processus de paix et de réconciliation est également prévue. Les femmes entendent également négocier et obtenir la participation d’une forte délégation de femmes à Alger en qualité d’observateurs.

A moyen terme, les Maliennes vont, entre autres, se battre pour obtenir une forte participation dans les commissions et collèges prévus par la feuille de route du gouvernement. Aussi, des foras seront organisés avec les femmes dans toutes les régions. Des missions d’information et de sensibilisation auprès des frères des mouvements et des femmes appartenant aux dits mouvements seront initiées.

A long terme, les femmes sont décidées à rester mobilisées jusqu’à la signature de l’accord définitif entre les parties. Les actions de sensibilisation auprès des femmes, des jeunes et des communautés à la base vont donc continuer. Plus que jamais les femmes assurent qu’elles demeureront vigilantes et s’érigeront en garde-fous pour une paix durable dans notre pays.

UNE PLATEFORME DE VEILLE.

Pour un meilleur suivi des pourparlers inclusifs de paix, les femmes leaders pour la paix et la réconciliation nationale ont aussi adopté une feuille de route. Ce plan de marche prévoit d’installer une plateforme des femmes leaders pour le dialogue national et les pourparlers inclusifs pour la paix. Une forte délégation de femmes leaders sera constituée pour faire du lobbying durant toute la session d’Alger. Des rencontres sont ainsi prévues avec les autorités nationales, les institutions régionales et internationales et les pays du champ.

Pour le suivi du dialogue national et des pourparlers, la plateforme de veille des femmes leaders veillera à faciliter leur participation à la mobilisation sociale pour les campagnes d’information et de sensibilisation. Elles entendent également dialoguer avec les femmes de la base, les refugiées et déplacées et aussi leurs sœurs des groupes armés dans toutes les régions du Mali et dans les pays voisins.

Des bonnes conditions seront créées pour le retour des réfugiées et déplacées. Les femmes leaders vont plaider pour la mise en place d’un fond de développement économique et socioculturel pour les femmes restées sur place, réfugiées et déplacées.

Pour le cadre formel des pourparlers inclusifs de paix, les Maliennes sollicitent du gouvernement d’intégrer au moins 30% de femmes dans les collège de médiation et de facilitation. Il est aussi demandé que 30% des Maliennes figurent parmi les observateurs désignés pour mener les négociations. Il est également souhaité de relire et harmoniser les textes juridiques pour les crimes commis pendant la crise, selon le statut de Rome. Les mécanismes de la justice transitionnelle et le fond d’indemnisation des victimes doivent être mis en place. L’accompagnement et le soutien des partenaires au développement jusqu’à l’instauration d’une paix définitive et durable dans notre pays, sont vivement sollicités.

Lors de la conférence de presse, la principale conférencière, Mme Sina Damba, ancien ministre de la Promotion de la Femme, a assuré que les femmes sont prêtes à jouer leur partition dans la quête de la paix et de la stabilité dans notre pays. Les Maliennes ont été formées, ça et là, aux techniques de la médiation (comme la récente formation des femmes leaders à l’Ecole de maintien de la paix) et sont donc capables d’une implication de qualité au processus de la paix.

Comment comprendre que le problème d’une participation accrue des femmes au processus de la paix et de la réconciliation se pose encore dans notre pays ? Les conférencières déplorent à ce propos, le profond fossé entre les discours politiques et la réalité.

Si la guerre est généralement l’affaire des hommes, la paix est plutôt celle des femmes. Cependant, tempère Mme Sina Damba, même si cet état de fait ne peut être systématisé, l’expérience prouve que la discussion et la médiation permettent parfois à des femmes appartenant à des groupes rivaux dans un conflit de trouver plus facilement un terrain d’entente. « Ce qui fait de la femme une force pour la paix et la réconciliation. Par conséquent, elle doit être mieux intégrée dans les processus de paix et sa consolidation », démontre-t-elle.

La prévention des conflits armés, souligne-t-elle, demeure le meilleur paramètre de la paix et de la sécurité. Construire la paix, c’est prévenir la guerre. Et cela ne se fera malheureusement pas sans les femmes qui ont un rôle décisif dans la promotion de la tolérance et de la non-violence. Car, dit-elle, les femmes sont la première école de vie.

Qui mieux qu’une épouse, mère, sœur pour sensibiliser dans ce domaine, s’interroge Mme Sina Damba ? La conclusion s’impose par elle même : les femmes veulent avoir voix au chapitre.
M. A. TRAORE

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