Le secteur, en plein redressement, a néanmoins besoin d’un nouveau souffle et de nouvelles orientations. Le Premier ministre, Moussa Mara a présidé hier dans la salle Wa Kamissoko du Centre international de conférences de Bamako (CICB), la cérémonie d’ouverture de l’atelier de « réflexion pour une nouvelle dynamisation de la filière coton au Mali ». C’était en présence des ministres de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fili Sissoko, du Développement rural, Dr Bocari Treta, du Président directeur général de la Holding Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), Kalfa Sanogo et du Directeur général de l’Office de la Haute vallée du Niger (OHVN), Issa Djiré.
Etaient également présents le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM) et président de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton (UNSCPC), Bakary Togola, le chef de la Mission de restructuration du secteur coton (MRSC), l’ancien ministre N’Fagnanama Koné entouré de ses collaborateurs et les opérateurs intervenant dans la filière coton.
Le coton demeure la colonne vertébrale de l’économie malienne et un domaine clé du développement rural. Sa part dans le PIB est estimée à 15% et son impact économique touche directement ou indirectement plus de 4 millions de personnes dans tous les secteurs de l’économie. Mais depuis le début des années 2000 le secteur a été confronté à une grave crise et un profond déficit structurel, suite notamment à la chute des cours du coton sur le marché international et la stagnation de la production. Cette dernière, qui avait fortement régressé lors de la crise, s’est redressée au cours des trois dernières campagnes grâce à une gestion efficace de l’entreprise et à un soutien de l’Etat à travers les prix incitatifs à la production et la subvention des intrants.
A la suite de la crise, le gouvernement a engagé des mesures de réforme du secteur. A cet effet, une Mission de restructuration du secteur coton (MRSC) a été créée en février 2001 pour la conduite de cette évolution. A terme, la restructuration de la CMDT devrait aboutir à la privatisation de l’entreprise. En prélude à cette privatisation, quatre filiales ont été créées et un appel d’offres international lancé en février 2010. Mais cet appel d’offres n’ayant pas abouti, le processus de privatisation a été déclaré infructueux en juillet 2012.
Il n’en demeure pas moins que le secteur coton a besoin d’être redynamisé. Il lui faut un nouveau souffle, de nouvelles directives et de nouvelles orientations. Les dénominateurs communs à tous les acteurs de la filière sont la sauvegarde de la filière coton et sa rentabilisation avec la participation de tous les acteurs de la chaîne de valeur du coton (producteurs, transformateurs, fournisseurs d’intrants, etc).
La rencontre d’hier se tenait après une série de concertations dirigées par le Premier ministre avec les différents départements concernés (Economie et Finances, Développement rural), les directions générales de la CMDT et de l’OHVN, le président de l’UNSCPC, les responsables respectifs de l’Organisation patronale des industriels (OPI), de la Fédération nationale des producteurs d’huiles et d’aliment bétail (FENAPHAB), de la Société d’équipements et d’intrants agricoles du Mali (SEIAM) et du groupe Eléphant vert (bio-fertilisants et bio-pesticides).
UN PARC DE 17 UNITÉS INDUSTRIELLES. Une note de synthèse de toute la problématique de la filière a été ébauchée et qui a fait l’objet d’échanges au cours de cet atelier d’une journée. Il ressort de ce document de synthèse que la MRSC a abouti dans l’exécution de son mandat à des résultats probants à savoir, entre autres, la création des quatre filiales avec la libération de leurs capitaux respectifs, la participation des producteurs à concurrence de 20% au capital des filiales pour un montant de plus de 10 milliards Fcfa. L’Autorité de régulation du secteur coton attend toujours d’être créée à la suite de l’adoption de la Lettre de politique de soutien au secteur coton (LPSSC) par le gouvernement.
La CMDT qui est au cœur de cette redynamisation présente aujourd’hui un tableau flatteur. Créée en 1974, la Compagnie est une société anonyme d’économie mixte avec un capital évalué à 7,982 milliards, réparti entre l’Etat malien (99,49%) et Géocoton français (0,51%). Quant aux filiales créées, elles sont détenues à 80% par l’Etat et à 20% par les producteurs. La CMDT reste une des plus grandes sociétés industrielles du pays avec un parc industriel de 17 unités pour une capacité d’égrenage installée de 575.000 tonnes de coton graine et une contribution à l’économie nationale assez conséquente.
En effet, le secteur est le plus grand pourvoyeur de frets, d’approvisionnement en matière première de trituration des huileries et des fabriques d’aliment bétail. La société a versé 9 milliards Fcfa en 2013 aux transits et assurances, les fournisseurs d’intrants et de matériels agricoles ont fait des affaires pour 78 milliards Fcfa en 2012/2013, les fournisseurs de pièces et de matériels industriels et produits pétroliers ont empoché 17,429 milliards Fcfa toujours en 2013.
Au cours de l’année 2013, la CMDT a versé 13,01 milliards Fcfa en taxes et impôts et environ 1 milliard Fcfa de dividendes au Trésor public. Elle contribue à la souveraineté alimentaire avec 25% de la production nationale céréalière sèche dans ses zones d’intervention, à l’atténuation de l’exode rural et à la relance de la consommation à travers les recettes coton réparties entre les 175.000 exploitations agricoles. La CMDT prend donc une envergure de plus en plus importante.
Toutefois, elle a besoin de l’appui de l’Etat pour jouer pleinement son rôle de locomotive de l’économie nationale. Tous les participants ont donc été invités à apporter leurs contributions à la réflexion sur la dynamisation du secteur coton afin que la filière soit davantage une source de croissance optimale, a souhaité le Premier ministre qui a clôturé hier les travaux dans l’après-midi.
M. COULIBALY