Il est peu probable que cette rencontre d’Alger aboutisse à des résultats concrets allant dans le sens d’un véritable espoir pour que règne la paix dans les régions nord du Mali. Et pour cause, la « bande des trois » (MNLA, MAA et HCUA) ont non seulement manifesté au cours de la rencontre peu d’intérêt pour une sortie urgente de crise, mais aussi, ces trois groupes armés semblent vouloir jouer aux prolongations parce que stimulés par leur position de force dans les localités qu’ils occupent actuellement.
Mercredi 16 juillet 2014. Plusieurs membres du gouvernement malien sont sur place. Egalement, des représentants de trois groupes armés de Kidal (MNLA, MAA et HCUA) ainsi que d’autres de la même localité. Cela se passe dans une luxueuse salle de réunion à Alger.
Le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, déclare :
« Nous ne souhaitons pas un Etat fédéral, nous ne souhaitons pas une autonomie, nous ne souhaitons pas une indépendance. Mais, dans le cadre d’un Etat unitaire, nous sommes disposés à explorer toutes les évolutions ou les options institutionnelle possibles. »
Mais en début d’après-midi, premier couac : certains des six groupes armés refusent de se réunir tous ensemble remettant en cause la légitimité des autres groupes, jugés trop proches de Bamako.
Histoire de fous, parce que, eux-mêmes n’ont aucune légitimité.
A moins que, eux, ne tirent leur seule légitimité que du fait de ne pas être « proche de Bamako ». Et tout cela s’est passé devant une communauté dite internationale qui semblait faire la différence entre les groupes armés « légitimes » et ceux « illégitimes », selon que ceux-ci soient « proches » ou pas de Bamako.
Ce qui permettra à ce groupuscule ethnique du MNLA de souligner que « les négociations vont très vite ».
C’est ainsi que dira ce certain Mohamed Djéri Maïga vice président du MNLA : « c’est un premier contact (NDLR : la rencontre d’Alger) avec le gouvernement du Mali, afin d’établir une feuille de route dans laquelle, nous allons discuter le quand, le comment, le où des négociations.
Manque de volonté politique
Lorsque les organisateurs de la rencontre annoncent que les groupes armés refusent de se réunir dans la salle, les diplomates sont surpris. Certains, comme Mohamed Bazoum, ministre des Affaires étrangères du Niger veulent faire passer un message : il y a urgence.
« Si nous nous souvenons que ce dialogue est prévu par l’accord intérimaire de Ouagadougou qui date de juin 2013, explique ce dernier, force est de constater que nous avons mis un temps précieux que vous avez par conséquent perdu. Et ce temps-là, perdu de cette façon-là, il n’aura été au détriment du Mali. »
A la fin de la journée, on parvient malgré tout à convaincre les six groupes de s’asseoir ensemble dans la salle des discussions. Les diplomates de la région, qui dénoncent un manque de volonté politique de toutes les parties, espèrent bien que les groupes armés arriveront à se mettre d’accord entre eux, jeudi 17 juillet. Mais beaucoup estimaient que d’autres difficultés allaient se présenter. De nombreux diplomates ont prévu de rester à Alger au moins jusqu’à la fin du mois de juillet.
Cependant, il est peu probable que cette rencontre d’Alger aboutisse à des résultats concrets allant dans le sens d’un véritable espoir pour que règne la paix dans les régions nord du Mali. Et pour cause, la « bande des trois » (MNLA, MAA et HCUA) a non seulement manifesté au cours de la rencontre peu d’intérêt pour une sortie urgente de crise, mais aussi, ces trois groupes armés semblent vouloir jouer aux prolongations parce que stimulés par leur position de force dans les localités qu’ils occupent actuellement.
Mieux, ou pire, ces groupes armés se sont retrouvés face à nos autorités (6 ministres) qui ont effectué le déplacement d’Alger, sans aucune feuille de route, aucune proposition concrète en dehors du fait de clamer dans un pitoyable discours : « le Mali est Un et Indivisible ». Or, contrairement à nos autorités, la « bande des trois » s’était présentée à Alger avec une feuille de route bien détaillée donnant l’impression qu’elle prend au sérieux la crise et qu’elle a une certaine volonté d’y mettre fin.
Que retenir donc de cette rencontre d’Alger ? Pas grand-chose, en dehors du fait qu’elle s’est tout de même tenue, et qu’à l’occasion, c’est bien la « bande des trois » MNLA, MAA et HCUA) qui y a imposé ses « lois ».
Boubacar Sankaré