Mois d’invocation, de pardon, de prière et de jeûne, le mois de ramadan est par excellence le mois lunaire où les vœux des fidèles musulmans sont exhaussés. La Rédaction du journal Le Progrès est allée à la rencontre d’un des descendants directs du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui).
Alias «Zoul Fakar», Chouala dépeint ici avec discernement, le comportement de certains vendeurs de médicaments qui se déguisent en prêcheurs pendant ce mois béni. Une honte pour l’Islam et pour la Nation malienne ! Malgré ses appels incessants à l’endroit des plus hautes autorités pour y mettre de l’ordre, le ministre des Affaires Religieuses et du Culte est resté sourd et muet. «Certains de ces prêcheurs qui ne sont même pas instruits, ont de la peine à lire la Fathoua», déplore-t-il.
Seid Mouhamadou Chouala Bayaya HAIDARA dénonce ces pratiques peu orthodoxes et appelle les autorités à prendre des mesures draconiennes pour contrôler le prêche en République du Mali.
Le Progrès: Bonjour «Zoul Fakar» ! Présentez-vous à nos lecteurs.
Chouala Bayaya HAIDARA : Je me nomme Seid Mouhamadou Chouala Bayaya HAIDARA, grand prêcheur à Dravéla en Commune III du District de Bamako. Sur le plan religieux, certains m’appellent «Zoul Fakar». «Zoul Fakar» est l’épée du Kalif Ali. C’est Dieu qui l’a donnée à Djibrila pour la remettre au Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) pour Ali. Ça faisait peur aux païens s’ils le voyaient. Je suis également le Guide spirituel des Hizibou Mahamane pour les adeptes. C’est une association forte de plusieurs milliers de fidèles musulmans.
Le Progrès: Votre histoire montre que vous êtes descendant du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui). Pouvons-nous en savoir d’avantage ?
MCBH : Bien sûr ! Je suis de la lignée de Housseyni, petit fils du Prophète Mohamed (PSL), fils de Fatoumata, la fille du premier et dernier des prophètes, le prophète des prophètes.
Le Progrès: La Religion musulmane est unique, mais compte plusieurs tendances en son sein (les Wahhabites, les Shiites, les Soufis…). Chouala Bayaya est de quelle tendance-et quelle nuance y a-t-il entre ces différentes tendances ?
MCBH: Je suis Shiite. Les Sunnites sont de ceux qui croient que la destruction des mausolées est permise. Pour eux, la Sainteté n’existe pas et si les Wahhabites ne font pas cela, ils ne seront pas visibles.
Cependant, ils défendent cette idéologie pour se faire remarquer, se distinguer des autres. Pour les Wahhabites, les médicaments, les gris- gris sont déconseillés dans la religion musulmane.
Certes les Shiites et les Soufis sont de même père mais de mères différentes. Il n’y a qu’une petite nuance entre les Shiites et les Soufis. Les deux tendances peuvent faire tout ensemble. Je travaille d’ailleurs souvent avec les Soufis, ( Tidianiya, Kadriya).
Nous n’avons rien de commun avec les Sunnites car les Shiites et les Sunnites ne sont ni de père ni de mère.
Le Progrès : Qui est votre guide spirituel ?
MCBH: Notre Guide Spirituel est l’Imam Mahady, un des imams nommés par le Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui).
Le Progrès: Nous sommes au mois de ramadan d’ailleurs c’est le troisième 10ème jour du mois béni. Quel sens donnez-vous au dernier dixième jour du carême ?
MCBH : Nous devons toujours redoubler d’efforts pour implorer Dieu. Pendant le premier 10 jours du mois de ramadan nous devons continuer à prier. Ainsi le 2ème 10 jours dudit mois les fidèles musulmans doivent redoubler d’efforts et le 3ème 10 jours du carême, les efforts doivent être triplés.
Les anges ont ouvert le paradis et ont fermé l’enfer pendant ce mois. Le Satan quant à lui reste constamment attaché. Autant dire que ce mois béni est exclusivement consacré à l’adoration de Dieu
Le Progrès: Durant ce mois béni les prêcheurs sont nombreux sur les antennes des radios privées de la place et ils vendent des médicaments. Quel commentaire faites-vous de cet autre aspect?
MCBH: Tout le monde sait que les prêcheurs sont nombreux mais beaucoup d’entre eux ne sont pas habilités à faire de prêche. Certes, il y a certains de ces prêcheurs qui ne savent pas lire la Fathoua parce qu’ils ne sont pas instruits. Comme nous sommes dans une République laïque on peut tolérer certaines choses; mais le caractère laïc ne nous empêche pas de contrôler sans quoi, cette pratique va créer des tensions sociales.
Il y a plusieurs vendeurs de médicaments qui mettent à profit ce mois de ramadan pour faire de ‘’daba ‘’ et vendre ça aux gens. C’est au mois de ramadan que beaucoup de fidèles musulmans écoutent les prêches sur les ondes des différentes radios locales. Certains prêcheurs ne font qu’assimiler ou retenir les propos des autres marabouts pour s’approprier. Donc les auditeurs vont dire que les prêcheurs sont venus aux stations des radios. Ils commencent par les prêches et finissent par la vente de leurs médicaments. Par ailleurs la vente des médicaments par essence n’est pas interdite mais elle doit se faire dans la règle de l’art.
Ce que vous dites aux gens il faut que cela soit vrai. S vous trahissez les gens au monde ici bas, il y aura le jugement dernier à l’au-delà.
Le Progrès: Il y a des prêcheurs qui ne connaissent rien des préceptes de l’Islam-qui pourtant animent des séances de prêche. Quels conseils donnez-vous à ceux-ci?
MCBH: Juste nous ne pouvons plus les conseiller car ils savent ce qu’ils font. C’est du faux. Ils sont entrain de tromper, de trahir les gens pour leurs fins. Ils n’écrivent même pas une sourate du Saint Coran. Nous demandons aux plus hautes autorités du pays de s’assumer pour prendre des mesures draconiennes pour que cela cesse. J’ai interpellé le ministre en charge des Affaires Religieuses et du Culte dans l’une de mes cassettes mais il n’a pas réagi. Moi je représente une association dénommée Hizibou Rahamane. Je suis leur Guide Spirituel. Cette association comprend plus de 10.000 adhérents. J’ai l’habitude de dire que le prêche est gâté au Mali. Il y a des gens qui sont là-dans qui ne sont pas instruites. Sur la question, j’ai invité le ministre en charge des Affaires Religieuses et du Culte afin qu’il s’implique personnellement pour rappeler à l’ordre il y a plus de 10 jours de cela. Il est resté indifférent à mes appels or la il est de son devoir de règlementer la prêche. Si le ministre Thierno Diallo lit le journal, il peut nous appeler-et nous allons lui proposer des solutions pour sortir de l’impasse.
Le Progrès: Si les autorités ne réagissent pas, en tant que descendant du Prophète Mohamed (PSL), avez-vous d’autres stratégies ?
MCBH: Oui ! Nous avons des stratégies qui vont les encourager à se retirer à travers nos communications et prêches sur les antennes. Ils n’ont pas le choix de rester. En plus de cela, les publications que nous avons faites vont détruire leurs stratégies.
Le Progrès: Vous êtes prêcheur, grand marabout peut-on savoir le nombre de livres que vous avez publiés depuis que vous avez commencé ce boulot et le prix de chaque livre?
MCBH: Dieu merci, j’ai publié sept (07) livres (Vœux Exhaussés, le Secret de la Fatiha, les 99 Noms du Dieu, Les 201 Noms du Prophète Paix Salut sur Lui, Djaoussane, La Lumière du Saint Coran et Djakarane). S’il plaît à Dieu nous sommes là-dessus. Le prix de chacun des livres est fixé à 5000 FCFA mais pour ce mois béni le prix unitaire est de 2000FCFA pour que nous puissions avoir des bénédictions. On les trouve à Dravéla à la devanture de notre maison.
Le Progrès : Votre mot de la fin !
MCBH : Actuellement, l’islam au Mali est dans une situation critique. Nous nous sommes retirés du renouvellement du bureau du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI). Nous l’avons boycotté, Dieu aussi l’a boycotté. Pour nous, il n’y a plus de bureau du Haut Conseil Islamique-donc son renouvellement s’impose à tout prix. Car la mise en place de ce bureau du HCIM a été faite dans la trahison le mensonge et le vote n’était pas transparent. Je demande aux plus hautes autorités, en l’occurrence le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta de revoir la mise en place d’un nouveau bureau au HCIM pour que tous les musulmans s’y retrouvent. Moi je ne fais pas cette lutte pour moi-même je n’ai aucun intérêt dans ça mais c’est dans l’intérêt des musulmans et du Groupement des Leaders religieux auquel j’appartiens.
Je remercie Le Journal Le Progrès de m’avoir donné cette opportunité. Votre journal force le respect et il est bien connu.
Interview réalisée par Samakoro KONE