Face à la tragédie que vivent présentement les populations du Septentrion malien, les élus des trois régions du Nord, regroupés dans un collectif, ont lancé un cri de cœur à la Cédéao qu’ils appellent de leurs vœux à intervenir urgemment au Nord-Mali, convaincus que l’armée malienne n’est pas à mesure de faire face au défi.
Ils sont députés, élus nationaux et communaux des trois régions du Nord à se retrouver dans un collectif. Cette instance, qui fait partie du Collectif des ressortissants du Nord (Coren), a organisé une réunion le 30 avril dernier au cours de laquelle elle a relevé un certain nombre de préoccupations. Celles-ci ont été partagées le vendredi 4 mai 2012 avec la presse à l’hôtel Nord-Sud.
Le leader du collectif, le député US-RDA de Tombouctou, Baba Haïdara dit Sandi, d’expliquer la première préoccupation par le fait que depuis le coup d’Etat du 22 mars, aucun acte n’a été posé sur le terrain en vue de la libération du Nord. Ce qui fait que les populations continuent leurs souffrances, alors que l’argument avancé pour justifier le coup de force était l’incompétence du régime défunt à résoudre cette crise. C’est pour cette raison que le collectif souhaite l’intervention urgente de la Cédéao.
« Nous sommes inquiets de voir des gens s’opposer à l’intervention de la Cédéao, sachant bien qu’on n’a pas les moyens de faire face à la situation. Aussi, notre pays a signé des traités de la Cédéao, qui autorisent l’organisation sous-régionale à intervenir dans un conflit intra-Etat. D’ailleurs, lors des assises de Ouagadougou, le président du Faso, Blaise Compaoré a bien dit que la Cédéao peut intervenir, même sans l’avis du Mali. Je ne vois pas pourquoi certains veulent s’opposer à la venue des troupes Cédéao. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que la Micéma (Mission de la Cédéao au Mali), qui est une force constituée de 5500 hommes, a été créée bien avant la rencontre d’Abidjan, pour aider le Mali dans la reconquête de son intégrité territoriale », a indiqué le président du collectif.
Baba Haïdara dit Sandi d’ajouter que c’est une obligation pour la Cédéao d’intervenir dans la crise malienne et que si elle ne le faisait pas, elle peut être poursuivie conformément à ses textes. Et le collectif entend saisir les autorités du pays pour qu’elles fassent appel aux troupes de la Cédéao.
Les élus du Nord-Mali se disent aussi préoccupés par les propos tenus par le chef du gouvernement lors de la réception des dons faits par le Maroc aux populations septentrionales. Cheick Modibo Diarra aurait dit à cette cérémonie que ce ne sont pas seulement les régions du Nord qui sont frappées par la famine, mais plusieurs localités du pays, dû à la mauvaise pluviométrie de l’hivernage passé. Des propos qui ont créé un ressentiment chez les membres du collectif, lesquelles craignent un dévoiement de cette charité.
Ce ressentiment a été rendu plus cuisant quand le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Sadio Lamine Sow, a dit, dans une interview accordée à l’ORTM, que la priorité du gouvernement reste la restauration de l’autorité de l’Etat, au moment où les élus du Nord croyaient que c’était la libération du pays des bandes terroristes.
« Il urge de libérer les trois régions sous occupation rebelle. Mais avant d’atteindre cet objectif, il faut créer des couloirs humanitaires pour venir en aide aux populations. L’assistance doit être diverse et variée. Nous avons des populations qui ne pourront même pas se payer des semis, des engrais pour l’hivernage à venir, ce qui compliquer davantage les choses. Déjà à Bamako, toutes nos maisons sont devenues des campements parce que les populations sont en train de quitter le Nord pour le Sud », a souligné Baba Haïdara.
Pour le député de Tombouctou, le gouvernement doit répertorier 5 catégories de populations victimes de cette situation afin que l’aide soit judicieusement repartie : les populations qui demeurent dans les zones occupées, celles qui sont venues à Bamako et ceux qui les accueillent et les refugiés extérieurs et intérieurs.