La promotion du potentiel et de la diversité économique de notre pays passe par des collectivités locales plus attractives au plan de leur environnement institutionnel et technique.
La crise qu’a connue le pays, avec ses incertitudes et ses multiples .
rebondissements, a totalement bouleversé notre équilibre socio-économique. Elle a porté un coup d’arrêt à l’activité économique, gravement désorganisé et sévèrement mis à mal le tissu social. Partout à travers le pays, les activités économiques et financières ont été frappées de plein fouet, à la fois par les pertes d’actifs et d’immobiliers et par la baisse du niveau des activités mais aussi et surtout par la perte de projets et programmes de développement régional.
Aujourd’hui, notre pays est fortement engagé sur le chemin d’une relance économique forte et durable. Autorités et experts sont mobilisés pour mettre en place des stratégies et outils appropriés pour une mise en œuvre adéquate des politiques et programmes de relance. Le Forum multi-acteurs pour la gouvernance au Mali qui regroupe une diversité d’acteurs au développement de notre pays (agents de l’Etat, secteur privé, élus, universitaires, partenaires au développement, etc.), s’est réuni la semaine dernière pour apporter son diagnostic de la situation et faire des propositions appropriées susceptibles de stimuler cette relance économique. Il faut dire qu’avant cette crise, notre vitalité économique était ralentie par des difficultés récurrentes notamment le problème énergétique, le taux élevé de la fiscalité, l’assainissement des climats des affaires, la promotion du secteur industriel et l’accès au financement des PME. La crise, en détruisant le tissu économique, a aggravé ses difficultés en affaiblissant les structures de financements (les banques et autres institutions financières), en rétrécissant le marché intérieur à travers la diminution des revenus aussi bien des acteurs commerciaux que des consommateurs. au ralenti.
De l’analyse les experts et économistes présentes à la rencontre, il ressort que la situation économique globale de notre pays apparaît toujours critique et constitue une source éventuelle de tensions sociales et le pays reste encore fragile sur ses bases institutionnelles et politiques, cela en dépit de la mise en place d’un gouvernement et d’un parlement légitimes. Le chômage massif, en particulier dans la couche des populations jeunes (environ 300.000 arrivées annuelles sur le marché du travail), n’est pas compatible avec l’exigence de sérénité sociale dont le pays a besoin pour engager le difficile dialogue entre ses communautés et ses territoires. Face à ces défis, constatent les experts, la communauté internationale a exprimé sa volonté d’appuyer la sortie de crise économique du pays. Ainsi, la relance de l’économie nationale mais sur des bases inclusives capables à la fois de créer la richesse et de toucher les secteurs les plus pourvoyeurs d’emplois, est devenue une exigence pour les autorités et leurs partenaires.
Dans cette perspective, estiment les analystes, le secteur privé, compris dans son sens le plus large (opérateurs privés formels et informels), doit servir de support stratégique pour amorcer des politiques de relance par la promotion de l’agro-industrie et des potentiels d’investissements. A cet effet, ils préconisent deux niveaux d’intervention intrinsèquement liés et qui apparaissent particulièrement adaptés aux enjeux de relance économique dans un contexte de sortie de crise : le secteur informel et l’échelon régional. En effet, les économistes présents ont été unanimes à dire que quels que soient les efforts qui seront entrepris par les autorités pour construire un Etat de droit et pour installer une paix durable, si les modes de régulation ne produisent pas du développement, particulièrement un développement économique équitable, tout le système de gouvernance finira par s’écrouler, d’où le rôle fondamental du secteur privé.
Un secteur pourvoyeur d’emplois qui renferme aussi et surtout une multitude d’acteurs économiques très créatifs, entreprenants et qui, de leurs modes de fonctionnement, sont engagés dans des systèmes complexes de redistribution des revenus, de mutualisation des solidarités, de satisfaction des besoins du groupe familial ou de la communauté, bref d’amortisseurs des crises socio-économiques. Cependant, pour les experts en développement, le processus de décentralisation approfondie engagé par les nouvelles autorités, devra être très audacieux dans l’approche territoriale de sa stratégie de développement économique et sociale.
De ce fait, la relance des économies locales, régionales et nationales apparaît comme un élément majeur de la stratégie de rééquilibrage des territoires du Mali. Selon les experts, les questions essentielles qui se posent à notre pays demeurent : comment favoriser un rééquilibrage des investissements privés en faveur des économies régionales ? Comment rendre les territoires régionaux plus attractifs au plan de leur environnement institutionnel (réaménagement organisationnel et législatif) et technique (investissements dans les infrastructures de développement) ?
Quel est le niveau d’efficacité des politiques et stratégies mise en œuvre actuellement pour la relance économique ? Comment lever les contraintes de la relance des investissements et des activités des opérateurs économiques ? Quel partenariat entre l’Etat, le secteur privé et les partenaires au développement pour stimuler une relance dynamique et durable ? Autant de questions sur lesquelles les experts ont apporté des analyses très pointues. La promotion du potentiel des collectivités. En effet, pays vaste de plus 1,2 millions de km2, enclavé et partageant 7000 km de frontières avec 7 autres Etats, notre pays regorge de potentialités économiques inestimables. Sa première richesse réside dans son admirable diversité ethnique et culturelle qui se matérialise à travers les différentes régions d’administratives.
Ainsi, son histoire, sa culture, sa musique et ses sites touristiques internationalement connues font du secteur touristique un vaste potentiel économique de notre pays. Cette diversité se traduit aussi et surtout dans l’architecture géographique, économique, sociale et culturelle de chaque région. De Kayes à Koulikoro, de Sikasso à Ségou en passant par Mopti, Tombouctou, Gao jusqu’à Kidal, nos régions sont toutes reliées les unes aux autres par une chaîne commerciale et économique. De façon pratique, la vitalité économique de chaque région dépend de ses potentialités naturelle, économique, culturelle et sociale. Pour les experts, le défi majeur de la relance économique au Mali est la promotion du potentiel et de la diversité des collectivités.
« Il faut promouvoir les promoteurs d’entreprises privés au niveau local, en leur permettant d’accéder aux crédits, d’être compétitifs et d’accéder aux marchés. (Par exemple : les marchés de sous-traitance avec les sociétés minières). Ce défi pose également la question du rôle de l’Etat, des collectivités locales et des partenaires au développement d’où la nécessité de mettre en place un dispositif institutionnelle en faveur des investissements au niveau local », analyse un expert. « Soutenir une économie locale durable, capable de créer de la richesse et des emplois et orientant les jeunes vers l’agriculture plutôt que vers l’orpaillage traditionnel.
Cette économie locale devra s’appuyer sur la valorisation des potentialités locales et mettre en place un dispositif d’accompagnement des promoteurs de projets économiques local, a diagnostiqué notre interlocuteur pour qui les filières locales porteuses de développement demeurent essentiellement des secteurs de l’agriculture, de l’élevage (la transformation des produits pastoraux), la pêche (transformation et conservations des produits de pêches), le développement de l’artisanat locale ainsi que la promotion des petites et moyennes industries dans la transformation des produits agricoles. »
Bref, la réussite et la viabilité de toute politique de relance et de financement d’une économie post crise demeure subordonnée à l’existence d’un cadre macro-économique stable et favorable à la promotion des entreprises, d’un cadre règlementaire et d’un système judiciaire fiable. Car, la structuration des marchés intérieurs et sous-régionaux permettant une meilleure domiciliation des recettes, la bonne gouvernance et la solidité des entreprises. Ainsi, le processus de sortie de crise en cours dans notre pays fait nourrir de gros espoirs sur une reprise durable de la place jadis occupée par les entreprises au sein de notre économie. Or cette reprise ne saurait se matérialiser sans mettre l’accent sur les petites et moyennes entreprises, véritable poumon du dynamisme l’économie.
D. DJIRE
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Vice-président de la BID depuis 2009, il ambitionne de donner une nouvelle dynamique à l’institution financière continentale.
La course à la succession de Donald Kaberuka à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) est ouverte. Le deuxième et dernier mandat Rwandais à la tête de l’institution financière panafricaine, prendra fin en 2015. Les prétendants au poste se sont fait connaître. Notre compatriote, Birama Sidibé fait partie des six candidats en lice. Ses concurrents sont : Dr Samura Kamara, ministre sierra léonais des Affaires étrangères, Dr Akinwumi Adesina, ministre nigérian de l’Agriculture et du Développement rural, Jalloul Ayed, ancien ministre tunisien des Finances, Kordje Bedoumra, ministre tchadien des Finances et Ato Sufian Ahmed, ministre éthiopien des Finances. Il faut dire que notre compatriote se démarque bien de ses challengers par son expérience très atypique dans le système économique et financière international. En effet, technocrate policé, vice-président de la Banque islamique de développement (BID), Birama Sidibé engrange plus de 30 ans d’expérience dans les rouages des finances africaine et internationale. Nanti d’une expérience économique et financière certaine, il incarne la nouvelle génération des économistes et des managers en développement du continent.
Diplômé de l’Ecole nationale du génie rural et des Eaux et Forêts (Paris) et titulaire d’un master en « Eaux et Assainissements » de l’Université de Montpellier, notre compatriote n’avait pas postulé à la BID. Sa désignation s’est faite sur l’étude de plusieurs dossiers par un comité de recherche qui voulait doter la BID d’une stature africaine forte. Après 24 ans à la Banque africaine de développement et Shelter Africa dont il fut directeur général, Birama Boubacar Sidibé est nommé vice-président de la Banque islamique de développement (BID) en janvier 2009. Son professionnalisme et son sens élevé du devoir sont reconnus et respectés du monde des finances et de l’économie mondiale. Fort de ces expériences, Birama Sidibé entend insuffler une nouvelle dynamique à l’institution financière africaine qui, après un premier cinquantenaire bien rempli, amorce un tournant décisif de son histoire avec pour objectif fondamental de « contribuer au développement économique et au progrès social de ses États membres, individuellement et collectivement ». Si, pour l’instant, nul ne sait qui sera le nouveau patron de la BAD, plusieurs sources diplomatiques indiquent que le poste doit revenir à un pays membre de l’institution. Notre compatriote a donc toute sa chance.
D. D.