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Dialogue intergénérationnel : Sans concession sur les maux de la société malienne
Publié le lundi 4 aout 2014  |  L’Essor
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© aBamako.com par Momo
Dialogue intergénérationnel
Bamako, le 02 Août 2014. Musée national. une rencontre intergénérationnelle parrainée par le Premier ministre Moussa Mara a eu lieu dans le but était de jeter un regard rétrospectif sur nos us et coutumes, afin que la nouvelle génération puisse en tirer profit.




La sauvegarde de l’unité nationale dans la diversité religieuse et culturelle était au centre d’une conférence-débat organisée samedi par le Mouvement « Sauvons le Mali ». Il s’agissait d’une rencontre intergénérationnelle parrainée par le Premier ministre Moussa Mara. Le but était de jeter un regard rétrospectif sur nos us et coutumes, afin que la nouvelle génération puisse en tirer profit. Mais très vite, les maux qui minent notre société ont cristallisé les débats.

Le ton a été donné par Seydou Badian, l’auteur de l’hymne national. Celui-ci a dénoncé le relâchement général constaté dans l’éducation des enfants. Aujourd’hui, personne n’accepte que l’enseignant corrige son enfant, a-t-il dit. Certains sont même prêts à poursuivre en justice l’instituteur pour avoir touché l’élève. « A notre époque, les enseignants nous corrigeaient très bien ».

Le professeur Issa N’Diaye, a lui, fait part de son désaccord quant à la création du Parlement des enfants au Mali. « Je ne vois pas l’utilité de ce truc», a-t-il tranché. Pour lui, la société africaine n’a jamais refusé ce que les Occidentaux considèrent comme les droits de l’enfant. Et le professeur de déplorer le fait que nos artistes qui sont censés véhiculer nos valeurs travers les accoutrements, préfèrent plutôt « s’habiller à l’occidentale ».

En réponse à la position de Issa N’Diaye concernant le Parlement des enfants, Mlle Lala Wangara présidente dudit parlement a dit qu’elle « donne raison à Tonton N’Diaye » quant au terme « droits de l’enfant » qui pourrait être remplacé par « besoins de l’enfant ».

Les doyens Mohamed Ould El Oumrani, (ancien ambassadeur), Mamadou Fanta Simaga (docteur en pharmacie et écrivain) ont tous les deux exhorté les jeunes à chercher à connaître l’histoire de leur pays, une histoire gorgée de connaissances inépuisables, au lieu de prendre pour modèle d’autres « concepts tordus » venus d’ailleurs.

Dans la même veine, une dame a avoué qu’en tant que mères, ce sont les femmes qui ont un peu failli dans l’éducation des enfants, et qu’il est temps que chacun se ressaisisse. « L’éducation ce n’est pas l’école seulement. Elle commence dans la famille », a-t-elle relevé.

Mme Doumbia Mama Koité du réseau Musonet estime que les gouvernants réussiront difficilement à faire sortir le pays de la crise s’ils ne prennent pas en compte l’équité genre dans la résolution de cette crise. « Le gouvernement qui ne comprend que 5 femmes doit prendre en compte le poids démographique des femmes. Le pays ne se développera pas sans les femmes! », a-t-elle lancé.
La présidente de la Fédération nationale des collectifs d’organisations féminines du Mali (Fenacof), Mme Dembélé Oulématou Sow a évoqué un autre problème qui mine l’administration malienne : le social: « Même quand un agent commet une faute, on ne peut pas le sanctionner. Il y a toujours des interventions. Il faut qu’on extirpe le social de l’administration. Le fautif doit être sanctionné quelles que soient ses relations», s’est-elle insurgé.

Pour Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), « la religion a cimenté le Mali ». « Le problème du Mali n’est pas religieux. Il est politique. Ce sont les politiques qui ont failli », a-t-il soutenu, avant de dénoncer certain comportement de la jeunesse. « La jeunesse est en train de pervertir même les fêtes religieuses à travers les concerts de raps financés par les opérateurs de téléphonie mobile ». « Le rap pour ses fondateurs, était une philosophie, une manière de s’exprimer. Ses fondateurs n’étaient pas des drogués, des soulards. Ici on pense que la culture, c’est la danse. Mais non ! Il est temps que les jeunes se ressaisissent », a-t-il exhorté.

D’autres intervenants ont estimé que dans ce pays, on parle beaucoup pour peu d’actions. Pour le doctorant Hafizou Touré, la télévision nationale doit savoir filtrer ses programmes pour ne pas déverser sur les enfants des programmes venus d’ailleurs et qui ne correspondent pas à notre culture. Il a aussi dénoncé l’attitude de certains parents qui laissent la télévision « éduquer » leurs enfants.
Le doyen Youssouf Traoré a demandé aux jeunes « de refuser l’incompétence en cultivant l’excellence ».

S’adressant également aux jeunes, le modérateur Moulaye Chérif Haïdara a souligné que seuls le professionnalisme et la droiture pourront faire du Mali est un pays émergeant et respecté.

Le Premier ministre Moussa Mara s’est réjoui de l’organisation de cette conférence-débat qui a été à son avis une grande réussite. Il a aussi exhorté les jeunes à mettre en pratique les conseils donnés par les anciens au cours de cette rencontre intergénérationnelle. À la génération actuelle de faire en sorte que celle de demain soit fière d’elle.
A. DIARRA
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