Le gouvernement malien continue, de façon brouillonne, à empiler les annonces. En effet, le ministre de l’Economie numérique, de l’information et de la communication, Mahamadou Camara a publié, le vendredi 1 août 2014, un message controversé sur son compte Twitter, dans lequel il apporte des « précisions » sur l’avion présidentiel, qui alimente les débats au Mali.
Ainsi, après avoir assuré que le contrôle technique du Boeing 737, acheté à des milliards par l’Etat, est OK, le ministre ajoute : dommage pour les aigris. Ce commentaire du ministre a déclenché une ardente polémique sur les réseaux sociaux. Propos inappropriés, immaturité et opération de communication non maitrisée? Beaucoup d’internautes le pensent.
Cette sortie hasardeuse du ministre, qui est pourtant censé être un expert en la matière, prouve à suffisance les carences de la communication gouvernementale. « Je ne crois pas que ce langage soit approprié pour un ministre de la République. De surcroît, vous êtes censé être un expert en communication. Je trouve ça dommage », a répondu une internaute, visiblement courroucée par les propos du ministre. Un autre renchérit : « Très dommage. Le Mali a besoin d’apaisement et pas de propos bas. Décidément le mal est plus profond qu’on ne le croit. Ainsi on voit le niveau et la stature de nos gouvernants actuels ». Ne jamais oublier que vous êtes au service de ces aigris, ajoute un tweet, et que nos impôts paient votre salaire.
Des commentaires qui ont obligé le ministre Camara à se « justifier », ou plutôt à designer les destinataires de son message. « Mon tweet a suscité beaucoup d’émoi. Précision : aigri désigne les petits calomniateurs à l’origine des rumeurs sur la saisie de l’avion », s’est expliqué le ministre, à travers un autre tweet. Avec ce nouveau message, Mahamadou Camara, espérait sûrement limiter les dégâts. Mais c’était sans compter sur ses followers (suiveurs) sur tweeter. « Ses petits calomniateurs représentent plus de 90% des maliens en ce qui concerne votre Boeing. Peu importe cette rumeur de saisie. Le fond et la forme de vos propos sont déplacés.
Des excuses sont nécessaires. Vous parlez en tant que ministre pas en tant que citoyen lambda. Votre poste implique des réserves ! », sont entre autres réponses des internautes. Rappelons que le ministre de la communication, comme beaucoup d’autres ministres, est un utilisateur assidu des réseaux sociaux. Il a été l’un des premiers responsables maliens à annoncer sur tweeter l’attaque de Kidal, le 21 mai, par l’armée malienne. Et pourtant, la défaite de l’armée après ces affrontements avec les groupes armés est restée orpheline. Et depuis l’accession du président IBK à la magistrature suprême du pays, il y a une pagaille à tous les étages dans la communication gouvernementale. Nos soi-disant experts en communication gouvernementale allument des feux dans tous les coins, annoncent tous les jours des trucs confus soit disant stratégiques, empilent des mesures à tous les étages dans un désordre indescriptible… Bref c’est la confusion généralisée.
La communication gouvernementale a, en effet, atteint des niveaux rarement explorés de cacophonie au Mali. Et elle reste l’un de ces grands moments de totale improvisation contre-productive, torrent de contradictions déchainé dans une vallée d’incohérences pentue.
Madiassa Kaba Diakité