Dans le but de réaliser l’unité africaine, le Mali et le Cameroun avaient signé en 1964 une Convention d’établissement et de circulation des personnes. Elle permettait aux citoyens des deux pays d’entrer librement sur le territoire de l’autre Etat, de voyager, d’établir sa résidence dans le lieu de son choix et en sortir sans être astreint à un visa ou à une autre autorisation quelconque de séjour. Cette convention, qui a fait le bonheur des uns et des autres, est en passe d’être révisée. Uniquement, par la faute du gouvernement malien qui n’arrive pas encore à moraliser la délivrance du passeport et de la carte nationale d’identité qui se trouvent avec d’autres nationalités. Une énième séance de révision s’est déroulée le jeudi dernier au Ministère des Affaires étrangères, des Maliens de l’Extérieur et de la Coopération internationale.
Avant que la CEMAC (Communauté économique monétaire de l’Afrique centrale) ne mette la pression sur le gouvernement camerounais pour la révision de la Convention de 1964, les autorités camerounaises n’ont ménagé aucun effort auprès du Mali pour sauver l’œuvre panafricaine des présidents Modibo Keïta et Ahmadou Ahidjo. On le sait, les Camerounais tiennent à cette Convention comme à la prunelle de leurs yeux. Pour la simple raison que leur premier président, Ahmadou Ahidjo, a posé un acte de portée historique à un moment où la majorité des Africains n’étaient pas encore imprégnés de la nécessité de la création des grands ensembles régionaux.
Mais du côté des responsables politiques maliens, l’ancrage de l’unité africaine et la préservation des acquis obtenus par leur premier président Modibo Keïta dans ce domaine ont été relégués au second plan, faisant du Mali le dindon de la farce. Et s’il y a un mérite qu’on peut les attribuer jusqu’à présent, c’est le fait de maintenir dans notre Constitution que le Mali est prêt à renoncer partiellement ou totalement une partie de son territoire pour la réalisation de l’intégration africaine.
Les dirigeants maliens, enclins à l’enrichissement personnel, ont détruit sur leur passage tout ce que l’ancien président et ses camarades ont posé comme jalon dans le cadre du raffermissement des liens entre les Africains et de la réalisation de l’intégration africaine. Le dernier en date, le plus choquant et le plus révoltant, est la révision de la Convention signée le 6 mai 1964entre le Mali et la République fédérale du Cameroun. Si elle a permis aux ressortissants des deux pays d’être à l’abri des tracasseries et de vivre en paix avec leurs hôtes, sa révision va entraîner des conséquences incalculables pour les communautés déjà installées il y a plus de vingt (20) ou quarante (40) ans.
Selon des sources diplomatiques, ce n’est as de gaité de cœur que les autorités camerounaises ont demandé aux Maliens la révision de la Convention d’établissement et de circulation. Elles ont, dans le souci de préserver la mémoire des présidents Keïta et Ahidjo, entrepris plusieurs démarches auprès du gouvernement malien. Mais en vain. Les autorités maliennes, qui n’ont cure du sort de leurs compatriotes à l’étranger, n’ont pas voulu répondre à l’invitation de celles du Cameroun pour défendre ce précieux document face aux ennemis de l’Afrique, cachés derrière les organisations sous régionales pour déstabiliser le continent.
Ce qui devait arriver arriva.
La CEMAC, dont le Cameroun est membre, oblige le pays de Paul Biya à réviser la Convention entre son pays et le Mali. Raison invoquée : Les détenteurs du passeport et de la carte nationale d’identité maliens s’adonnent à des activités illicites sur leur sol. Or il se trouve que tous ces gens qui possèdent les documents maliens se sont pas des Maliens.
Voilà encore, par la faute d’une poignée d’individus qui ne jurent que par l’argent facile que le peuple malien va dire adieu à cet acquis de portée historique. Notre pays est le seul au monde où nos documents officiels sont délivrés à n’importe qui. Il est temps qu’on prenne conscience du danger que peut courir l’acquisition de nos documents par d’autres nationales.
Ainsi, un pas de la vision du premier président du Mali, Modibo Keïta, vole en éclats sous la présidence d’IBK qui se dit défenseur de l’intégration africaine.
Nous vous proposons l’intégralité de la Convention.
Yoro SOW