Le président américain s’emploie depuis le début de la semaine à faire comprendre aux dirigeants africains que l’intérêt de l’Amérique pour notre continent n’est pas feint. Il a donné la preuve par des actions qui renforceront les relations américano-africaines
La session présidentielle du sommet Etats-Unis/Afrique de Washington s’est tenue mercredi au département d’Etat sous la présidence du président américain Barack Obama et en présence de ses homologues africains dont le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita.
Le président mauritanien Mohamed Abdoul Aziz, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, a pris la parole au nom de ses pairs, pour remercier Barack Obama de l’initiative de cette rencontre dont l’objectif est d’accroître et renforcer les relations entre l’Afrique et les Etats-Unis. Les thèmes de l’investissement dans les générations futures, de la sécurité et de la bonne gouvernance sont, notera-t-il, des préoccupations de l’organisation panafricaine. Il a plaidé ensuite pour l’élargissement de l’AGOA à davantage de pays et de produits pour contribuer au développement industriel de l’Afrique.
RESPECT DES REGLES. Le président en exercice de l’Union africaine a souligné combien l’Afrique était un continent potentiellement riche avec une population à majorité jeune. Cet important capital humain est un atout mais aussi un défi en termes d’infrastructures, d’emplois, de santé. Dans ce dernier domaine, Mohamed Abdoul Aziz a salué la contribution des Etats-Unis dans la lutte contre le Sida et le paludisme. Il a appelé aussi l’Amérique à renforcer sa présence aux côtés des Africains dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, d’êtres humains.
Le président américain a saisi l’occasion pour insister à nouveau devant ses homologues africains sur les valeurs démocratiques, la bonne gouvernance, le renforcement de la coopération dans le domaine de la sécurité. L’administration Obama ne cache pas son aversion pour la manipulation des constitutions, les élections truquées, la corruption. C’est pourquoi le locataire de la Maison Blanche a vivement exhorté ses pairs africains au respect des règles établies en matière d’élections et au renforcement de la lutte contre la corruption. Il a promis un renforcement de la présence des Etats-Unis dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes qui menacent l’Afrique en maints endroits. Les Etats-Unis apporteront aussi leur contribution à la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia pour vaincre l’épidémie d’Ebola, a assuré le président américain.
Barack Obama a souligné sa volonté d’établir des relations plus étroites avec les chefs d’Etat du continent. Il en a administré la preuve mardi soir en recevant à un dîner d’Etat à la Maison Blanche l’ensemble des dirigeants africains invités au sommet Etats-Unis/Afrique de Washington. Tous les invités ont été reçus dans le saint des saints de l’Amérique avec tous les honneurs et la solennité requis.
Déjà, lors du Forum des affaires, le président américain avait réitéré ses convictions fortes sur la nécessité du renforcement les liens de coopération économique entre l’Amérique et l’Afrique. Il a, à cette occasion, fait des annonces importantes sur les efforts des Etats-Unis pour établir la connexion entre les deux rives de l’Atlantique. Concernant sa volonté politique de promouvoir le business, le président Obama a indiqué que ce sommet, « le plus grand rassemblement de chefs d’Etat et de gouvernement africains jamais accueilli par un président américain, reflète une perspective qui a guidé mon approche de l’Afrique en tant que président ». Pour Obama, même si l’Afrique continue de faire face à d’énormes défis, « nous ne pouvons pas perdre de vue la nouvelle Afrique qui est en émergence, une telle opportunité extraordinaire ».
BEAUCOUP DE TRAVAIL A FAIRE.
L’Afrique, énumèrera-t-il, renferme certaines des économies les plus dynamiques dans le monde, une classe moyenne en pleine expansion, les secteurs en expansion comme la fabrication et la vente au détail, l’un des marchés de télécommunications les plus dynamiques dans le monde. L’Afrique est aussi à ses yeux « le continent le plus jeune et la plus forte croissance, avec des jeunes qui sont pleins de rêves et d’ambition ».
Le président américain a précisé à ce propos qu’il ne voyait pas notre continent seulement pour ses ressources, mais aussi pour « sa plus grande ressource, qui est son peuple et ses talents et son potentiel ».
Mais les relations commerciales entre l’Amérique et l’Afrique, quoiqu’ayant augmenté ces dernières années, ne sont pas à hauteur de souhait, a relevé le président Obama en précisant que l’ensemble du commerce de l’Amérique avec toute l’Afrique est encore à peu près égal aux échanges avec le Brésil. « De tous les biens que nous exportons dans le monde, seulement environ un pour cent va à l’Afrique sub-saharienne. Donc, nous avons beaucoup de travail à faire. Nous devons faire mieux – beaucoup mieux », a-t-il plaidé.
Il s’est réjoui du fait que des entreprises américaines ont déjà amorcé le mouvement vers l’Afrique. Blackstone investira dans des projets énergétiques de l’Afrique. Coca-Cola est partenaire avec l’Afrique pour l’eau potable. General Electric aidera à construire les infrastructures en Afrique. Marriott va construire plus d’hôtels. Au total, les entreprises américaines – beaucoup avec l’aide au commerce – annoncent de nouvelles offres dans les énergies propres, l’aviation, la banque et la construction pour un total de plus de 14 milliards de dollars (7000 milliards de Fcfa). « De quoi stimuler le développement à travers l’Afrique et la vente de plus de marchandises estampillées « Made en Amérique », a souligné le président Obama.
Dans la perspective de la promotion des exportations américaines vers l’Afrique, il a annoncé 7 milliards de dollars (3500 milliards de Fcfa) de nouveaux financements pour promouvoir les exportations américaines vers le continent. Il a, dans cette perspective, signé un décret créant un conseil consultatif des chefs d’entreprise chargé de s’assurer que tout le possible est fait pour aider à faire des affaires en Afrique.
Pour Barack Obama, l’épanouissement économique du continent commence par un accès plus facile à l’énergie. C’est pourquoi il a lancé lors de son dernier voyage en Afrique, son initiative Power Africa afin de doubler l’accès à l’électricité en Afrique sub-saharienne et aider à apporter l’électricité à plus de 20 millions de foyers et entreprises. Obama a mis la barre encore plus haut en annonçant mardi que cet objectif sera porté à 60 millions de foyers et entreprises africaines. Il a par ailleurs souligné que le développement agricole est essentiel car c’est le meilleur moyen d’accroître les revenus de la majorité des Africains qui sont agriculteurs et sont confrontés aux impacts du changement climatique.
Le président américain a insisté sur la nécessité des réformes de la réglementation et de la bonne gouvernance, expliquant que « les gens devraient être en mesure de démarrer une entreprise et expédier leurs marchandises sans avoir à payer un pot-de-vin ou de louer le cousin de quelqu’un ».
Les engagements annoncés par le président Obama se chiffrent au total à 33 milliards de dollars (16 500 milliards de Fcfa) pour booster les investissements et développer l’accès à l’électricité en Afrique.
Envoyé spécial
B. TOURE