Les dirigeants américains et africains ont multiplié les annonces pour relier les deux rives de l’Atlantique par un partenariat solide dans les domaines des affaires et de la sécurité
Les rideaux sont tombés sur le premier sommet Etats-Unis/Afrique mercredi soir à Washington. Le président américain Barack Obama s’est entretenu à huis clos avec une quarantaine de ses pairs africains ayant répondu à son invitation au département d’Etat durant une bonne partie de la journée de mercredi.
A l’issue de leurs entretiens, le chef de la Maison Blanche a souligné à la presse sa satisfaction d’avoir lancé cette initiative visant à jeter un pont de business sur les deux rives de l’Atlantique. Il a indiqué avoir convenu avec ses interlocuteurs africains que la croissance de l’Afrique dépend, en premier lieu, de la poursuite des réformes en Afrique, par des Africains. « Les dirigeants ici se sont engagés à redoubler d’efforts pour poursuivre les réformes qui attirent les investissements, réduire les obstacles qui entravent le commerce – en particulier entre les pays africains – et à promouvoir l’intégration régionale », a révélé le président Obama en confirmant que les États-Unis vont accroître leur soutien pour aider à renforcer les capacités commerciales de l’Afrique avec elle-même et avec le monde.
« J’ai été très encouragé par le désir des dirigeants ici de collaborer avec nous pour appuyer les jeunes entrepreneurs, notamment par le biais de l’initiative concernant les jeunes leaders africains », s’est enthousiasmé Barack Obama qui pense être en phase avec les dirigeants africains sur le fait que pour atteindre le plein potentiel économique, les pays du continent doivent investir dans les femmes et les protéger contre la violence sexuelle. A ce sujet, il a annoncé une série d’initiatives pour aider à l’autonomisation des femmes à travers l’Afrique. « Notre nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition continue de croître, visant à sortir 50 millions d’Africains de la pauvreté. Dans notre lutte contre le VIH/sida, nous travaillons avec 10 pays africains pour les aider à doubler le nombre d’enfants ayant accès aux médicaments anti-rétroviraux », a-t-il souligné.
Le président Obama a annoncé aussi que l’InterAction – la principale alliance d’ONG américaines – prévoit qu’au cours des trois prochaines années, ses membres vont investir 4 milliards de dollars (2000 milliards de Fcfa) pour promouvoir la santé maternelle, la santé des enfants, et la fourniture de vaccins et de médicaments. « Combiné avec les investissements que nous avons déjà annoncés, cela signifie que ce sommet a permis de mobiliser environ 37 milliards de dollars (18 500 milliards de Fcfa) pour le progrès de l’Afrique », s’est réjoui Barack Obama.
Le président des Etats-Unis a confirmé avoir abordé avec ses pairs la bonne gouvernance, « un fondement de la croissance économique et des sociétés libres ». Il a relevé que « certains pays africains font des progrès impressionnants ». En revanche, il y a « des restrictions inquiétantes sur des droits universels » dans d’autres pays. « Donc aujourd’hui c’était l’occasion de souligner l’importance de la règle de droit, des institutions transparentes et responsables, des sociétés civiles fortes, et la protection des droits de l’homme pour tous les citoyens et toutes les communautés. »
Le président Obama a ajouté que ses pairs africains sont d’accord avec lui pour « intensifier les efforts collectifs contre la corruption qui coûte aux économies africaines des dizaines de milliards de dollars chaque année ». Les experts africains et américains vont élaborer un plan d’action visant à promouvoir la transparence qui est indispensable à la croissance économique.
En réponse à la demande d’aide des Africains dans le cadre de la réponse aux crises, l’Amérique va appuyer l’Union Africaine pour renforcer ses institutions de maintien de la paix. Les Etats-Unis fourniront ainsi l’équipement supplémentaire nécessaire au maintien de la paix en Somalie et en République centrafricaine. « Et surtout, nous lançons un nouveau partenariat d’intervention rapide de la paix en Afrique dans le but de déployer rapidement des casques bleus africains à l’appui de missions de l’ONU ou de l’UA », a annoncé Barack Obama.
Toujours dans le cadre de la sécurité, le gouvernement américain a annoncé à l’issue du sommet, une « Initiative pour la gouvernance de la sécurité » présentée comme une réponse aux menaces à la sécurité transnationale et nationale qui entravent les progrès en Afrique. Cette initiative cible « les groupes terroristes tels que Boko Haram, al-Shabaab, al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et d’autres, qui demeurent actives sur le continent ». L’initiative luttera aussi contre les activités illicites telles que le trafic de drogue, d’êtres humains, d’armes et de la faune et le piratage. La « nouvelle initiative présidentielle offre une approche améliorée de l’aide au secteur de la sécurité en commençant par six pays : le Ghana, le Kenya, le Mali, le Niger, le Nigeria et la Tunisie », précise un communiqué du département d’Etat. Les Etats-Unis s’engagent à mobiliser 65 millions de dollars (32,5 milliards de Fcfa) pour cette initiative dans la première année.
Le Sommet des leaders des Etats-Unis et d’Afrique sera un événement récurrent et chaque partie devra respecter ses engagements, a conclu le locataire de la Maison Blanche.
Envoyé spécial
B. TOURE