«L'heure du changement a sonné. C'est ce message que le président de la République, IBK, a instruit de traduire en actes concrets. Car, les pauvres ont longtemps été victimes des brimades et des abus des plus riches avec la complicité de certains représentants de l'État. Et il est temps que cela cesse». Ces propos sont du ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Mohamed Aly Bathily qui était le mardi, 5 août 2014 à Kalabanbougou, dans le cadre d’un litige foncier.
Dans un arrêt confirmatif en date du 8 juin 2014, dans le cadre d’une affaire portant «Expulsion et Démolition» ayant opposé le Centre National de Lutte contre la Maladie (CENAM) aux appelants Lassine Camara et Chakaba Keïta demeurant à Kalabanbougou, la Cour d’Appel de Bamako avait ordonné la démolition des constructions des intimés à la faveur du CENAM.
C’est à la suite de cela que le CENAM, à travers le Secrétaire général de son Syndicat, Sidiki Djiré, a engagé un huissier du nom de Maitre Alou Keïta. Ce dernier, dans le cadre de ladite démolition instruite par la cour d’appel, a mobilisé du 18 au 21 juin 2014 plus de 200 militaires pour démolir plus de 300 concessions au lieu de deux initialement prévues.
C’est ainsi que sur instruction du Premier ministre, Moussa Mara, le ministre de la Justice, des Droits de l'homme, Me Mohamed Aly Bathily, a rencontré, le mardi 5 août 2014, les victimes de la démolition des 309 Logements. D'entrée de jeu, le ministre Bathily a reconnu, sur la base de la décision de justice à lui présentée, que les populations ont été victimes d'un abus de justice.
Et d’ajouter que leurs auteurs répondront de leur acte. Pour ce faire, il a conseillé aux victimes de recenser tous les biens endommagés lors de la démolition de leurs logements ; de saisir le tribunal par le biais d'un avocat pour réparation des préjudices subis. «Ceux qui ont posé ces actes ne poseront plus d'actes similaires, car leurs sanctions serviront de leçons pour eux-mêmes et pour les autres», a prévenu le ministre.
Aussi, a-t-il prévu, tous ceux qui seront impliqués dans ce dossier verront leurs biens saisis et confisqués et même vendus pour réparer le préjudice subi par les victimes. Avant de donner l'assurance qu'elles seront remises dans leurs droits. En outre, il a invité les Maliennes et les Maliens à dénoncer les mauvaises pratiques des prédateurs fonciers. Par ailleurs, il a réaffirmé l'engagement du gouvernement à mettre fin à ces cas d'abus de pouvoir et d'usurpation de terrain et de spoliation des pauvres de leurs terres.
Et c’est au moment où la rencontre tendait vers sa fin, que l'huissier exécuteur, Me Aliou Kéïta qui avait été informé de la visite du ministre de la Justice et des Droits de l’homme par le Procureur de la Commune IV du District de Bamako, débarqua sur les lieux. Après la poignée de main avec le ministre, une place lui a été réservée à côté.
Aussitôt, le Ministre Bathily lui a montré une copie de la décision de justice sur la base de laquelle, il a ordonné la démolition de tout un village, alors que seules 2 concessions sont concernées. Sans autre forme de procès, Me Bathily a immédiatement ordonné au Procureur, sa mise à la disposition à la justice. Un geste fort du ministre Bathily qui a été salué à sa juste valeur par les victimes, car en réalité, il constitue un puissant signal à l’endroit de tous les prédateurs fonciers de la République qui croyait que, dans ce pays, «la loi du plus fort, doit toujours être la meilleure».
Bruno LOMA