Allons-nous vers un bras de fer entre la centrale syndicale UNTM et le Gouvernement ? Il est permis de ne plus en douter depuis le dépôt, le 31 juillet dernier, du préavis de grève par la centrale syndicale auprès du gouvernement. Selon un haut dirigeant de l’UNTM, depuis l’arrivée aux affaires des nouvelles autorités, il y a » une absence totale de dialogue social de leur part ».
Pour cette raison et » compte tenu du manque de volonté du gouvernement et du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) », la centrale syndicale a menacé d’aller en grève générale de 48 heures, les 21 et 22 août 2014, si les 17 points de revendications soumis à l’Exécutif ne sont pas satisfaits d’ici cette date.
Depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, l’on n’avait que rarement entendu parler de la centrale UNTM dont les bureaux avaient, d’ailleurs, été vandalisés et brûlés par des éléments proches de l’ex-junte au motif qu’elle faisait partie du Front (anti-putsch) de sauvegarde de la démocratie (FDR). En dépit de l’agression dont elle avait été l’objet, ses dirigeants n’ont jamais rompu le fil du dialogue avec les autorités de la transition pour l’aboutissement de ses revendications. Depuis l’arrivée aux affaires d’IBK, en septembre 2013 et le renouvellement du bureau exécutif de l’UNTM, en mars denier, c’est la première fois que la centrale syndicale bande ses muscles pour exiger l’exécution des accords signés principalement avec les différents gouvernements de l’ère ATT.
C’est ainsi que le 31 juillet dernier, l’UNTM, dans une correspondance adressée notamment au gouvernement et au Conseil national du patronat du Mali (CNPM), a décidé « d’observer une grève générale de 48 heures si les revendications suivantes ne sont pas satisfaites », à savoir : 1. La mise en œuvre du protocole d’accord du 02 octobre 2011 en vue de son extinction définitive ; 2. Le relèvement significatif du taux de la valeur du point d’indice; 3. La diminution du taux de l’impôt sur les traitements et salaires ; 4. Le relèvement du salaire minimum inter-entreprise garanti (SMIC) ; 5. L’augmentation du taux des allocations familiales ; 6. La modernisation et la sécurisation de l’Administration générale (moyens logistiques, techniques, humains et financiers) ; 7. La relecture de la convention des chauffeurs routiers ; 8. La révision à la hausse des salaires au niveau des EPA et EPIC ; 9. La baisse des loyers des maisons à usage
d’habitation ; 10. La baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007 ; 11. Le maintien et le renforcement de l’Usine malienne des produits pharmaceutiques (UMPP) ; 12. La maîtrise des prix des produits de premières nécessités ; 13. La restitution et la protection des parcelles d’expérimentation de l’IER ; 14. La régulation du fonctionnement des bureaux de placement en les mettant en conformité avec les textes en vigueur ; 15. La relecture de tous les codes miniers ; 16. La ratification des conventions 102, 122, 88, 142, 181 et 155 ; 17. La participation des travailleurs du secteur privé dans les conseils d’administration.
Voilà, en effet, les points soumis pour être mis en œuvre par le gouvernement et par le CNPM, chacun en ce qui le concerne.
C’est dire que les futures négociations avec le gouvernement, en vue de la satisfaction de ces revendications vont s’avérer délicates. Quand on sait, d’ailleurs, que pour la centrale syndicale, il n’y a pas d’autres négociations à ouvrir dans la mesure où, selon elle, il ne s’agit que de l’application d’accords déjà signés entre l’UNTM, le gouvernement et le CNPM.
Selon un haut responsable de la centrale syndicale « pendant trois ans, l’UNTM a mis un bémol à ses revendications. Et depuis qu’ils sont là les nouveaux dirigeants ne nous ont pas appelé. Il y a une absence totale de dialogue social de leur part ». Ce qui est est loin de faciliter les futures négociations.
Après le dépôt de ce préavis de grève générale qui débutera le 20 août à 00heure pour s’achever le 22 août 2014 à 00heure, l’UNTM prévoie un point de presse demain et l’organisation d’un grand meeting de mobilisation de tous les syndicats nationaux le mercredi prochain à son siège. Cela, a soutenu un dirigeant de la centrale syndicale, afin que » la grève générale soit un grand ».
Rappelons que ces revendications de l’UNTM remontent au protocole CNPM-UNTM-Gouvernement en date du 2 octobre 2011 et des nouvelles revendications issues de son 12ème congrès ordinaire de mars 2014. Celles-ci portent, entre autres, sur la correction de la grille salariale, la résolution des problèmes consécutifs à la fermeture de l’usine HUICOMA de Koulikoro, le respect des libertés syndicales dans certaines structures telles que les Aéroports du Mali, la mise en application de la convention avec les sociétés de gardiennage.
Mamadou FOFANA