Le chef islamiste Touarègue Iyad Ag Ghali déclare la guerre à la France et au reste de l’Occident dans un contexte de confusion au Nord du Mali. La radicalisation de l’homme a été déjà confirmée par l’insurrection des mouvements djihadistes en 2012, mais il vient de franchir un pas inquiétant dans sa volonté de se sacrifier pour la « cause de Dieu ».
Iyad Ag Ghaly, ex-leader de la rébellion touareg versé depuis son retour d’Arabie saoudite dans l’islamisme, est passé à un stade supérieur de radicalisation. Dans sa dernière vidéo, il apparait avec une kalachnikov posée à sa gauche, le drapeau d’Ansar Dine à sa droite, la barbe longue et la moustache rasée. Cette sortie arrive après plus de deux ans de silence.
Selon des observateurs, la diffusion de la vidéo par al-Andalus, réseau officiel d’Al-Qaïda, et sa scénographie, caractéristique de l’organisation terroriste, laissent penser qu’Iyad Ag Ghaly et son groupe ont scellé une nouvelle alliance avec Aqmi. Dans son message, le contrebandier emblématique de la région des Iforas et intermédiaire de toutes les négociations, appelle, tout le peuple musulman dont «l’honneur a été bafoué par les Français et leurs alliés» à faire face ensemble à l’agression des croisés malien.
Iyad justifie sa sortie comme une réponse à la «campagne de désinformation» menée par les médias occidentaux pour décrédibiliser son groupe et affirme n’avoir pas abandonné son but suprême qui est l’instauration de la loi de Dieu sur tout le territoire malien. Cette vidéo survient à un moment important des négociations entre les groupes séparatistes et le gouvernement
Après un premier round en juillet, à l’issue duquel les parties se sont engagées à cesser les hostilités, de nouveaux pourparlers doivent se tenir du 17 août au 11 septembre, puis en octobre à Bamako. Ces négociations seront arbitrées par l’Algérie qui entend bien garder la main sur cette médiation.
Mais Iyad Ag Ghaly, recherché par Interpol depuis 2013 et inscrit sur la liste noire des organisations terroristes, n’est pas associé à cette négociation.
En janvier 2013, ce sont ses hommes qui avaient déclenché l’offensive djihadiste. La France avait réagi en entrant en guerre et en prenant le contrôle du Mali du Nord. «Alors qu’il était très proche des Algériens, qu’il n’a revendiqué aucune attaque contre la France et ses alliés pendant l’opération “Serval”, se démarquant ainsi des autres djihadistes. Mohammed Ag Aharib, ex-bras droit d’Iyad Ag Ghali aujourd’hui porte-parole du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad, estime pour sa part que quelle que soit l’issue des négociations, il faudra compter avec lui car sa légitimité aux yeux de la population de l’Azawad est intacte.
Le chef de la rébellion de 1990, déclenchée à Kidal, Iyad Ag Ghaly fut au centre de toutes les insurrections qui ont secoué le nord du Mali, pendant ces 20 dernières années.
Il était l’instigateur de l’attaque de Konan, en janvier 2013. Il projetait ainsi de marcher sur Bamako pour y proclamer la République Islamique du Mali. Mais l’intervention de l’armée française a contrarié ce projet (rêve ?) du chef d’Ansar Dine. Dès lors, Iyad avait miraculeusement disparu. Mais il s’est fait parler de lui lors de la libération des otages français de la société Areva. Il aurait joué un rôle dans les tractations ayant conduit à cette libération. Ensuite, des informations faisaient état du retour d’Iyad à Kidal.
Soumaïla T. Diarra